Jean Rolin, Ormuz

Causse Noir, Roquesaltes - Jean Rolin, Ormuz

Causse Noir, Roquesaltes

Mue par un souvenir béat de Britney Spears, des avis favorables du Masque et la Plume et un mouvement général d’élagage d’une vieille liste de lives à lire, je me suis décidée pour cet Ormuz. Mais les vieilles listes d’intentions sont traîtresses. Ce sens de l’absurde froid qui sous-tend le narrateur m’a vite rappelé l’écriture d’un Jean Echenoz ou d’un Patrick Deville, ces écrivains qui pratiquent un décalage mental désincarné, voix du purgatoire.

Jean Rolin s’ingénie à maintenir son lecteur en état de doute et dans un sentiment général d’imprécision. Lieux flous, identités floues, apartés incongrues, angles d’attaque des chapitres décousus, phrases aussi longues qu’un scolopendre. La visibilité est invariablement médiocre, limitée par l’habituel mélange de poussière et d’humidité.

Parfois c’est drôle, le surréalisme de cet endroit prend de la densité, les pétunias font des tâches colorées. Mais j’ai peiné à ressentir une impression d’ensemble. Le demi Candide, qui joue les benêts sans qu’on y croit, a un ton qui sonne faux. Je ne comprends pas l’engouement que ce type de vision littéraire suscite chez mes contemporains. Négation des liens, émotions étouffées, la tentation de ne plus souffrir du monde ? La perception d’un humain sans intégrité et vide de sens, jouet d’un monde sans destin ni karma, relégué au même rang existentiel que les machines et les bombardiers qu’il a créés ?

 

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