Je travaille comme une taupe.
Chez François Busnel, je l’avais trouvée intensément présente, habitée, retenue et généreuse à la fois. Son roman contient tout cela. La concentration. La précision. La maîtrise du moindre détail. Mais voilà, la maison qu’elle décrit est de celles dans lesquelles j’entre avec réticence en temps normal. Minutieusement décrite en littérature, le sentiment et le recul sont les mêmes. Autant j’ai intellectuellement conscience du travail, de la recherche de cet écrivain, autant je m’ennuie à la lire. Quelques phrases habiles suffisent à l’évocation, la suite m’apparaît superflue. J’ai reconnu, tout de suite, l’atmosphère, un univers dont cet écrit ciselé préservera un témoignage entre peinture, photographie et texture. Marie-Christine Barrault a de la tendresse pour Joseph. Elle comprend sa passivité, sa vie intérieure intense, son intrication avec un environnement dont on ne peut le distinguer. Sa lecture est âpre et enveloppante à la fois.
Je travaille avec le verbe pour incarner.
L’interview qui clôture le livre audio est particulièrement bien menée. Les questions sont pertinentes, fines, se mêlent au texte avec réel intérêt et patience, amènent des réponses qui fouillent loin. Marie-Hélène Lafon défini son travail avec passion, en a une idée très précise, consciente, elle sait ce qu’elle fait et comment elle le fait. C’est peut-être cette maîtrise assumée et déterminée qui n’a pas d’accroche avec ma sensibilité de lectrice… la grande tristesse que m’inspire l’existence maussade et effacée de Joseph… le fait est que c’est un bel objet, complet, mais qui ne m’a pas parlé.