Un curieux jeune homme, ce Chee. Intelligent, apparemment. Vif. Mais un peu… Un peu quoi ? Fêlé ? Pas exactement. Il n’y avait pas que le fait d’essayer de devenir medicine man, une discipline totalement incompatible avec le métier de policier. C’était un romantique, conclut Leaphorn. Voilà, c’était ça. Un homme qui pourchassait ses rêves. (236)
Pourquoi faisait-il ça pendant son jour de repos ? Mais pourquoi, il le savait. Leaphorn avait beau l’agacer, il voulait qu’il le complimente. Il voulait qu’il lui mette la main sur la tête en lui disant joli travail petit. (282)
La collaboration professionnelle entre Joe Leaphorn et Jim Chee n’aura pas duré bien longtemps. Dans ce huitième tome de la série, le deuxième les réunissant, Leaphorn est en instance de départ. La mort d’Emma marque un tournant dans sa vie. Il a posé sa demande de départ en retraite. Il lui offre cette dernière enquête officielle comme un hommage. Pour Jim Chee, c’est l’histoire de la chatte apprivoisée du tome précédent qui marque symboliquement sa séparation d’avec Mary Landon. Deux chemins de vie qui convergent, deux angles d’approche vers un même problème.
Ce bon vieux Kokopelli, esprit familier des anasazis, mène la danse au fil des pages. Nous nous retrouvons dans l’univers des universitaires, anthropologues et archéologues cher à Tony Hillerman et riche en possibilités d’intrigues. Dense, finement construite, s’étoilant en de multiples pistes, celle de ce roman est d’une grande qualité. La fin, touchante, me conforte dans l’intérêt de suivre la série dans l’ordre.