Craig Johnson, Tous les démons sont ici

Causse du Larzac, dolmen de la Prunarède - Tous les démons sont ici de Craig Johnson

Causse du Larzac, dolmen de la Prunarède

L’œil gauche de Raynaud était un faux, et celui qui l’avait fabriqué n’avait pas réussi à reproduire la couleur exacte. La nuance était insaisissable, reflétait une altitude à laquelle l’humanité ne pouvait survivre. (18)

Craig Johnson est toujours sponsorisé par Maglite, et par quelques autres marques de vêtements, voire de nourriture pour animaux… Il faut oser insérer au creux d’un roman : Je descendis sans bruit de la motoneige et marchai sur la surface enneigée qui crissa comme des corn-flakes sous les semelles Vibram de mes Sorel ! Malgré cela il m’a bluffée. Totalement. Au sortir d’un sixième épisode potache, loufoque et décevant, je ne m’attendais pas du tout à ce que j’allais lire ici. Le début semble anodin, suit son cours sans révéler ses cartes. Puis, de décisions idiotes en poursuite improbable, Walt Longmire s’enfonce dans la montagne et nous entraîne insensiblement dans une quête hypnotique. Le froid, l’épuisement, le dépouillement physique et mental, le poussent dans ses retranchements jusqu’à un stade de désintégration chamanique tourbillonnant dans une folie de flocons de neige. C’est un polar singulier, audacieusement mystique, qui offre une relecture inattendue de L’enfer de Dante en même temps qu’une maîtrise vivante et vécue des mythes amérindiens. L’humour enlace la mort au cœur du souffle de la conscience.

J’eus envie de rire. Si j’avais pu articuler les mots, si mes lèvres avaient pu bouger et si ma langue y avait consenti, j’aurais ri et je leur aurais dit que, parfois, ça aide d’être mort pour combattre ses démons, et que j’étais mort depuis longtemps. (300)

 

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