Les Incroyables Histoires naturelles de Jean-Henri Fabre

Causse du Larzac - Cirque de Tournemire - J.H. Fabre

Causse du Larzac, cirque du Brias

Quel spectacle, au printemps, sous une taupe morte ! L’horreur de ce laboratoire est une belle chose pour qui sait voir et méditer. (54)

Qui habite autour de Millau ne peut ignorer le nom de Jean-Henri Fabre, naturaliste du XIXe siècle originaire de Saint-Léons. Habité d’un amour inné pour les insectes, observateur passionné, son attention s’est portée toute sa vie vers le minuscule. Regardant, récoltant, élevant, goûtant même, c’était un expérimentateur pourvu de peu de moyens mais animé d’une curiosité énergique et inaltérable.

C’est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh ! pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères. (21)

Son écriture à l’élégance délicieusement ancienne, concentrée, attentive au moindre détail et soucieuse de clarté raconte des histoires autant qu’elle instruit. Un vocabulaire fourni et précis. Une plume vive et sûre d’elle qui n’hésite pas à interpeller Charles Darwin. En plus d’être un scientifique méticuleux, il était doté d’un vrai talent littéraire. Ce florilège de ses textes les plus marquants, généreusement illustré, est une belle entrée en matière pour approcher cet érudit des champs, ce naturaliste heureux de partager son savoir et ses questionnements.

Le plus célèbre des expurgateurs du sol, c’est le nécrophore, si différent de la plèbe cadavérique par sa taille, son costume, ses mœurs. En l’honneur de ses hautes fonctions, il fleure le muse : il porte rouge pompon au bout des antennes, flanelle nankin sur la poitrine, et, en travers des élytres, double écharpe cinabre, à festons. Costume élégant, presque riche, bien supérieur à celui des autres, toujours lugubre ainsi qu’il convient à des employés des pompes funèbres. Ce n’est pas un prospecteur d’anatomie, ouvrant son sujet en lui taillant les chairs avec le scalpel des mandibules; c’est, à la lettre, un fossoyeur, un ensevelisseur. Tandis que les autres, silphes, dermestes, escarbots, se gorgent de la pièce exploitée, sans oublier, bien entendu, les intérêts de la famille, lui, sustenté de peu, touche à peine à sa trouvaille pour son propre compte. Il l’inhume entière sur place, dans un caveau où la chose mûrie à point sera la victuaille de ses larves. Il l’enterre pour y établir sa descendance. (55)

 

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