Alix de Saint André, En avant route !, lu par l’auteur

The Metropolitan Museum of Art, New York X.701.1 - Alix de Saint André, En avant route !, lu par l'auteur

The Metropolitan Museum of Art, New York X.701.1

Du chemin de Compostelle j’ai souvent croisé des panneaux – c’est à croire que les communes s’empressent de s’estampiller pourvu qu’un trajet possible passe à proximité – et n’ai eu qu’une seule expérience directe. Par un beau matin nous partions pique-niquer dans une forêt quand un drille élancé au pas joyeux s’est attaché à nous comme l’aurait fait un chien qu’une envie de balade démange. D’où venez-vous ? Moi je viens de… cette nuit j’ai dormi à… je suis parti il y a…, son babillage et ses questions nous ont laissés dans une certaine perplexité. Il nous a bientôt distanciés de sa foulée élastique. J’ai compris bien plus tard que c’était un pèlerin, qui dans son aveuglement enthousiaste et consenti, considérait que toute personne marchant sur le même chemin que lui avec un sac-à-dos allait nécessairement à Compostelle…

Pour en revenir au livre, la fraîcheur et la fantaisie de la première partie, qui sautille de courts paragraphes en pirouettes comico-philosophiques, finissent par s’essoufler. Cuistots, maris de passage et ronfleurs prennent le relais. Que de gens sur ces chemins ! Mais peu d’évocations inspirantes des paysages, des oiseaux, des limaces, des zones de vie qu’ils traversent. Ces pèlerins sont décidément de piètres écrivains voyageurs. A chaque fois ils me déçoivent, ne comblent pas l’attente. Trop personnel, ce récit de colo manque d’une ouverture sur l’expérience humaine au sens large. On reste au ras des chaussettes. J’en garderai juste l’évocation de la nature du sol sous le pied qui m’est incidemment revenue pendant une randonnée.

 

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