Éric Chevillard, L’autofictif au petit pois

Causse Noir, Roquesaltes - Éric Chevillard, L'autofictif au petit pois

Causse Noir, Roquesaltes

Ayant appris la vie dans les livres, je n’ai pu que constater ensuite combien la réalité était bourrée d’erreurs grossières. (231)

Je m’étonne qu’Eric Chevillard ne soit pas plus en vogue auprès des babéliotes tant son engagement littéraire, sa verve critique s’avèrent souvent être savoureux, fins, exigeants. Il serait dans la logique des choses qu’on le portât au pinacle, modèle de bravoure cinglante face à nos frileuses petites plumes tremblotantes.

L’oie a survécu à l’invention du stylo-plume, du stylo-bille, de la machine à écrire, de l’ordinateur et du traitement de texte, et cela sans doute parce que – s’ils ont délaissé en effet ses rémiges – sa cervelle trouve encore à s’employer chez les littérateurs. (47)

Comment ne pas rêver d’avoir soi-même la fougue et l’art des mots nécessaires pour composer de telles réparties ?

Il a certes consacré deux ans à l’écriture de ce livre. Mais la bouse aussi est le produit d’une longue et lente rumination. (148)

Pour ma part je me régale, et ne crois pas m’être autant régalée auparavant qu’avec ce volume. Le temps passant, concision et densité du propos bonifient l’aphorisme. Qu’il déshabille les filles ou réinvente les mythes amérindiens, qu’il lance l’amorce de romans qui ne seront jamais écrits (et c’est tant mieux !) ou qu’il revienne sur le bâillement du lion, Eric Chevillard, écrivain aptère mais virevoltant, persiste à œuvrer en-dehors des clous pour notre plus grand rafraîchissement.

Pouah ! … Je me suis surpris en train de vivre au lieu d’écrire ! (139)

Roquesaltes - Corneille

Roquesaltes – Corneille

Roquesaltes - Corneille

Roquesaltes – Corneille

 

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