Basho, Seigneur ermite

Basho Matsuo, Seigneur ermite

L’automne s’en va –
L’envie de se cacher
dans une semence de pavot
(315)

Moi qui depuis longtemps n’en avait plus ressenti le désir, je me prends à rêver d’une collection de livres à domicile qui seraient comme des lacs où plonger pour se rafraîchir. Les recueils de haïkus, dans leur intemporalité, se prêtent mal à la pratique des bibliothèques publiques. Empruntés pour un laps de temps donné puis rendus, on aimerait les retenir. Voir leur atmosphère s’effilocher entre les étagères, se diluer sur les vêtements des visiteurs, nous quitter au fur et à mesure de l’avancée dans les travées du bibliothécaire chargé de les ranger, pince le coeur.

J’ai aimé, chez Basho, l’invention du carnet de voyage. Instants sauvés, impressions de lieux au moment de leur découverte, parti pris volontaire d’une certaine précarité qui affine la sensibilité. Pris isolément, ses haïkus ne sont pas toujours parlants. C’est l’ensemble de leurs lueurs qui fait la flamme et le périple. Plus conventionnel qu’Issa – il s’appuie beaucoup sur des images poétiques récurentes et codifiées – il n’en introduit pas moins des touches d’humour ou d’ironie personnelle qui font à mon goût la saveur de ses meilleures créations.

Les nuages défilent –
un chien qui pisse partout
cette averse d’hiver !
(68)

 

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