Leah McLaren, Un mari idéal

Leah McLaren, Un mari idéal

D’ordinaire, en ancienne étudiante de lettres qui se respecte, elle évite soigneusement les livres commerciaux, les guides de dévcloppement personnel et, plus généralement, tout ce qui porte une couverture gaufrée […] (23)

A l’instar d’autres consœurs babeliophages, sans la proposition alléchante qui a pointé son museau dans ma boîte mail, je n’aurai pas inclus ce roman dans mes projets de lecture. Robes à froufrous blanches et fleurs exagérément roses ne font pas partie de ma panoplie. Mais comme on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, je me suis laissée convaincre par la quatrième de couverture. Je ne dédaigne ni l’humour ravageur , ni l’ironie quand il s’agit d’épingler nos contemporains sur un tableau d’entomologiste.

On est loin d’American Psycho même si les enfants, petits marsupiaux angoissés, ont un petit quelque chose d’épouvantable qui met du piquant. Un délice de bave, de morve, d’agressivité, de morsures au sein, qui couplé à l’amour inconditionnel de leur mère donne un ton irrévérencieux. Dommage que la méchanceté nécessaire à la réussite d’un livre vraiment drôle ne soit qu’embryonnaire. Leah McLaren aurait pu aller vers un ton grinçant. Elle a le sens de l’absurde, de la distance, du décorticage amusé. Elle fait parfois mouche avec sa mise en scène de l’hypocrisie et son écriture ne manque pas d’allant. Mais elle s’est cantonnée à ne pas trop choquer.

Felicity Blunt et Emma Herdman, deux femmes uniques en leur genre chez Curtis Brown UK m’ont permis de continuer à rire tout en travaillant dur pour rendre le roman accessible à un public plus large. (364)

Las, le dernier tiers s’enfonce dans une comédie à l’américaine, du happy end à la guimauve, des mièvreries amoureuses mâtinées d’épanouissement personnel qui sapent et gâchent toute la portée des premières descriptions, ironiques et moqueuses. Le livre en devient très quelconque. Décevant. J’aurai préféré faire partie d’un public plus restreint.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

 

Ce contenu a été publié dans Explorations littéraires. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *