En un mot, j’ai voulu faire oeuvre libre, à partir de travaux éprouvés. (9)
Si le recueil fourmille de poèmes classiques au charme indéniable, je n’adhère cependant pas complètement à la démarche de Roger Munier qui fait ici plus oeuvre littéraire que travail de traduction authentique. La présentation éditoriale est trompeuse. Les haïkus ne sont pas retranscrits à partir du texte original japonais mais se basent sur des traductions en anglais. Le travail de recherche qui a été fait par l’auteur déjoue certainement le contresens, il n’empêche que cela enlève de la saveur à la lecture.
Car de quoi s’agit-il en fait dans le haïku, sinon de susciter par le truchement des mots un mouvement de l’esprit vers la chose comme elle est, dans l’instant de sa révélation soudaine et là ? (9)
Cette fadeur est renforcée par la volonté orientée de l’auteur de mettre en avant sa conception personnelle du haïku. Il y a une espèce d’homogénéité dans les textes. Les différents auteurs se fondent dans une même intention. Ce biais de lecture incite à faire l’expérience de la certitude de la conscience immédiate et du dépassement de notre essence limitée, ce qui peut étayer de futures excursions en terres japonaises, mais réduit, je pense, le champ de compréhension.
L’arracheur de navets
montre le chemin
avec un navet
Issa
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