Patricia Reznikov, La transcendante

Parc naturel du Haut-Languedoc, lac de Vésoles

Dites franchement que ce je raconte n’a aucune originalité ! (71)

Et bien si vous me tendez la perche, si vous m’incitez à vous répondre,… vous m’ôtez les mots du stylo…

Transcender est un verbe que j’affectionne et que j’utilise avec respect et gourmandise spirituelle. D’où un coup au cœur immédiat devant le titre de ce livre. Je m’en suis fait tout une imagination, le nom à consonance russe de l’auteur m’ayant transportée dans l’attente d’un récit puissant et dur, porté par un questionnement existentiel venant des tripes…

Je compris alors que la vie était courte. Tragique. Précieuse. (199)

Et voilà tout ce que j’ai reçu en échange. Dès le deuxième paragraphe de la page 9, j’ai senti que quelque chose clochait. Le style était plat, le propos banal, nourri de lieux communs. Tout se déroulait trop vite, comme s’il fallait absolument aller de l’avant dans le récit, ne pas laisser de temps morts s’installer. C’est pourtant un bon ingrédient, la mort, quand on prétend s’intéresser à l’existence. Patricia Reznikov, ceci dit, ne lésine pas sur les ingrédients fictifs – ceux qu’on affiche sur les pots de yaourts mais qui en fait ne sont que des arômes chimiques. A croire qu’un ordinateur lui a sorti une liste de mots à placer de manière à créer un état de réceptivité dans le cerveau du lecteur : Montparnasse, pancakes, muffins, chat. Sans compter le coup du schizophrène. Puis celui de l’amérindien. Pour ce qui concerne la littérature, sujet principal de la recherche à temps perdu de l’héroïne, on assiste à un étalage permanent de culture prémâchée, prédigérée par la salive de l’auteur, puis déglutie dans le bec des oisillons-lecteurs. Un pourcentage très conséquent de dialogues assurant le rendement et le remplissage des pages. C’est le cas typique d’un roman qui utilise un vrai sujet pour masquer son indigence et sa paresse : un bon gros déballage de transcendalistes, rien de tel pour aveugler un lecteur pas trop regardant.

– Vous savez, me dit-il, que chez certains peuples, les corbeaux sont les gardiens des âmes. (…)
– Ça ne m’étonne pas. Ils ont l’air tout pénétrés de leur mission. Et ils n’ont pas le sens de l’humour. Mais il ne faut pas trop se moquer d’eux, car nous aurons un jour à rendre des comptes ! (271)

M’étonnerait pas que les petites farces et autres crasses en douce aient déjà commencé… Savez-vous seulement ce qu’est un trickster dans les cultures amérindiennes ? Il aurait mieux valu se renseigner avant de véhiculer ce genre de bêtises désobligeantes sur le compte de Corbeau…

Lac de Vesoles – Sympetrum rouge sang

Lac de Vesoles – Agrion

Lac de Vesoles – Agrion

 

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