Henri Troyat, Le vivier

Plateau du Lévézou, chemin des éoliennes - Henri Troyat, Le vivier

Plateau du Lévézou, chemin des éoliennes

Henri Troyat frise le grotesque et la caricature sans jamais y céder vraiment. C’est habile. Cette légère exagération des caractères donne du corps aux personnages tout en en préservant le réalisme.

Étant donné mon expérience dans l’aide à domicile, j’ai particulièrement goûté les rapports entre Mme Chasseglin et Mlle Pastif. La crise de nerfs de cette dernière m’a été délicieuse.

J’ai beaucoup aimé l’aspect psychologique du roman. Henri Troyat excelle à décrire les relations humaines malsaines. La servilité, la lâcheté, l’appropriation, la jalousie… Finalement, aucun de ces personnages n’a réellement conscience des autres en-dehors d’un intérêt personnel immédiat. Situations mainte fois rencontrées dans la vie et parfaitement mises en scène ici  dans une histoire qui ne manque pas de suspens.

Je me demande si Henri Troyat a inventé le nom de toutes ces patiences ou si elles existent vraiment.

Philippe écoutait, regardait une Mlle Pastif que la seule présence de Mme Chasseglin avait transformée en petite vieille bavarde, obséquieuse, follette jusqu’à l’écœurement, et ne savait que répondre. Et plus Mlle Pastif multipliait ses mines et ses exclamations, plus il s’enfonçait dans une immobilité et un mutisme stupides. Il se sentait séparé de sa tante et de Mme Chasseglin par l’exhaussement et la lumière qui séparent les acteurs du spectateur enfermé dans l’ombre, en contre bas. (18)

 

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