Sur les neuf nouvelles de ce recueil, cinq ont vieilli dans leur style, leur contexte et leurs dialogues. Quatre cependant valent le détour. Hervé Bazin brosse des portraits bien campés de personnages pleins de caractère dans leur insignifiance. Ils sont effacés, discrets ou fondus dans le décor mais occupent l’espace dès qu’on leur porte attention.
Monsieur Champignon – dans La poison – est touchant dans sa douleur, de même que la femme-rideau de la nouvelle Il n’arrive jamais rien, qui devient pathétique à force de justifications qui ne trompent personne.
Campée derrière son rideau, elle avait vécu une vie de rideau. (105)
Le misanthrope aux chats donne lieu à une nouvelle – Mère-Michel – gratinée, acide. jouissive de duplicité. Je me suis régalée de cette vision toute particulière mais terriblement lucide des relations de bon voisinage.
L’histoire du crapaud qui clôt le recueil – La Raine et le crapaud – est tout simple. Poétique et vaseuse, la mise en scène déploie sa poésie et son fourmillement de plantes sur quelques pages.
Cette incursion d’Hervé Bazin dans la nouvelle pathétique, jouant d’humour noir ou carrément sanglante ne manque pas de piquant. Les chutes et retournements de situations sont de la meilleurs qualité.