Vikas Swarup, Pour quelques milliards et une roupie

Vikas Swarup, Pour quelques milliards et une roupie

Je m’étais fait une idée complètement fausse de l’écriture de Vikas Swarup. Je pensais qu’elle était piquante, atypique, vaguement dérangeante. Quelle déception ! Ses phrases sont au contraire lisses, passe-partout, sans originalité. Encore un roman prédigéré, facile à avaler, qu’il suffit de sortir de  son emballage pour le consommer sur place. De la nourriture de fastfood avec un aspect sirupeux, melliflu, voire gluant, qui colle aux doigts. Le récit est dégoulinant de bons sentiments et de petites phrases sur la vie toutes prêtes, toutes chaudes, à servir comme citations sur un plateau. On est proche du roman de gare, du mélo le plus indigeste.

La suite ressemble au dénouement d’un scénario de Bollywood. (112)

Le récit est construit sur une liste de causes à défendre – fort louables sans doutes mais peu littéraires dans leur énumération volontaire. Le travail des enfants, le mariage forcé, la corruption, le trafic d’organe sont tour à tour mis en scènes dans un crescendo de détails glauques et scabreux, d’autant plus frappants que la globalité du texte est toute de barbapapa. Vikas Swarup se positionne en éducateur, en révélateur des tares de la société indienne sous couvert de comédie.

C’est finalement une lecture qui me rappelle mes années bibliothèque rose. Sapna a tout d’une Fantômette au grand cœur. Sauf que Georges Chaulet ne se targuait pas de distiller des sentences pontifiantes sur le sens de la vie. La conclusion est d’une bêtise confondante :

La vie ne nous donne pas toujours ce que nous désirons, mais elle finit par nous donner ce que nous méritons. (404)

Vous m’en direz tant ! Je préfère rouvrir un petit volume cartonné  de l’aventurière en tunique jaune et pompon noir que de me laisser pipeauter par un marchand de bonheur qui expose sur son étal du karma bas de gamme à deux balles.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

 

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