Je commence à apprécier Dostoïevski. Jusque-là, les élucubrations obsessionnelles qui remplissent ses pages me tapaient sur les nerfs. Mais la maturité – littéraire, sociale et humaine – venant sans doute, je goûte cette exagération des sentiments qui met en valeur les courants glauques qui nous agitent sous le vernis social craquelé.
J’ai quand même réécouté trois fois le début pour me familiariser avec la situation et les personnages. Fédor Dostoïevski n’offre pas beaucoup de prises à son lecteur et démarre sur les chapeaux de roues.
Jacques Bonaffé a la voix trouble et incertaine. Dans ses tentatives pour exister, Alexis s’égare, se laisse manipuler, mais a également quelque chose du Coyote des mythes amérindiens. Le décepteur est incontrôlable, bouscule ceux qui redoutent la transparence, brise les conventions sociales et joue sur le même terrain que les arnaqueurs (qui ne veulent pas passer pour tel). Un trublion au milieu des vautours…
Au sortir de cette histoire, je me dis que pour véritablement apprécier la littérature, il faut savoir renoncer à ses certitudes.