Michelle Tourneur, Cristal noir

Michelle Tourneur, Cristal noir

Écrire, c’est ça, jouer avec des assemblages, rien d’autre. (110)

Les mots qui tourbillonnent dans ce livre ne me plaisent pas. Ce sont des mots trop gros, trop définitifs, tellement pleins de sens qu’accolés les uns aux autres, ils ne veulent plus rien dire. Désir, dévotion, rêve, féérie, destin, secret, amour sacré. Ce genre de mots qui évitent de faire des efforts, que tout le monde comprend d’emblée, dans une superficialité paresseuse.

Puis il y a des mots pour dire la lumière. Cristal taillé, miroir, clarté, miroitements. La lumière qui brille quasiment sur toutes les pages. Une cuillerée de vocabulaire épaississant, de matières. Or, verre, galuchat, bois exotiques, taffetas, alpaga. Sans oublier la nourriture… Et enfin tous ces adjectifs dont on use à l’envie quand on cherche à vendre quelque chose. Intense, prodige, stupéfiant, magnifique, exceptionnel.

Une fois écartés ces nuages artificiels, ces lexiques en sachets de satin, ne reste plus qu’un fil de soie ténu, une carte postale évanescente, une évocation floue et distinguée. Il y a un certain charme dans cette fantasmagorie, mais je goûte peu ce genre de littérature aérienne qui s’évanouit dans l’air comme la rosée du matin.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

 

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