Karine Lebert, Ce que Fanny veut…

Karine Lebert, Ce que Fanny veut…

Je suis loin d’être réfractaire au romantisme – j’adore les romans d’Elizabeth Goudge – ou au roman historique – Nicolas Le Floch, mon bel amant littéraire… – mais là ce n’est vraiment pas possible !

Je suis partie bon public, j’ai fini agacée. Le personnage de départ avait du caractère, le décor de ce Maquis sauvage aussi. Las, nous sombrons vite dans du convenu fangeux et sans dimension. L’angoisse étreint, l’appréhension poignarde le cœur, les sens sont des tyrans, les ressentiments sont ravalés, les sentiments sont longtemps refoulés, l’amour-propre est bafoué. Que c’est bête !

Honte et culpabilité, jalousie et colère, humiliation. L’orgueil de ces êtres égarés les mène par le bout du nez. Les émotions exacerbées et incontrôlées mènent la danse, on assiste à un ballet où les pulsions animales prennent le pas sur la cervelle. Où l’aliénation de l’amour et l’attraction fatale justifient tous les comportements de ces pauvres créatures que nous sommes (!).

Eugénie reposait paresseusement en travers du lit défait, un drap recouvrant sa nudité car elle restait pudique, presque prude, même dans l’abandon. Geoffrey bâilla, s’étira et se leva, exhibant un corps parfait. (68)

Mais la morale n’est pas oubliée. Le personnage noble de Nathan Destel maintient le fil des hautes aspirations, préserve la vertu de l’avilissement par sa seule influence, tel un sauveur christique qui n’hésite pas à se salir les mains.

Elle était tombée sous le charme bourgeois qui l’éclaboussait de sa splendeur, elle devenait extatique, oublieuse de ses devoirs d’épouse et de mère. (54)

Moraliste, pompeux, vieillot, réactionnaire, comment peut-on encore écrire des livres pareils en 2015 ?

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

 

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