Dror Mishani, Une disparition inquiétante

Cirque de Navacelles - Dror Mishani, Une disparition inquiétante

Cirque de Navacelles, la Baume Auriol

À l’image des dynamiques antagonistes du commandant  Avi Avraham et de l’inspecteur Eyal Sharpstein, ce polar se distingue franchement des auteurs à esbroufe et à surenchère. Sur un mode flâneur, à la Gorges Simenon, il déroule ses ramifications dans les rues aux noms exotiques (et fortement identitaires !) de Tel-Aviv et de ses banlieues.

Dror Mishani a simplement envie de raconter une histoire et s’y emploie en toute fraternité, à hauteur d’homme. Il fait preuve d’une sensibilité fine dosée avec justesse, tant littéraire (ses pas de côté sur le sujet sont sympathiques) que psychologique. Les êtres vont et viennent vers on ne sait quelle combinaison finale. En leur milieu, solitaire et rêveur, empêtré de doutes, s’agite Avi Avraham. Ni intuitions fulgurantes, ni intelligence hors du commun ne le guident. Il serait même plutôt dans le flou. Un flou encore plus artistique que celui d’Adamsberg. Flottements, situations embarrassantes, les dernières phalanges tâchées d’encre bleue, il n’est pas à son avantage. Et pourtant l’enquête avance, par un mouvement interne, les initiatives balourdes des uns et des autres et des réactions en boule de billard.

Je me suis prise d’une grande sympathie pour cet homme inquiet, ballotté par un monde chaotique qui ne fonctionne jamais comme on veut. Il est en passe d’entrer dans mon équipe personnelle d’enquêteurs à suivre…

[Lu dans le cadre du Prix du Meilleur Polar des Lecteurs de Points 2015]

 

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