Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, lu par l’auteur

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, lu par l’auteur

Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure.

C’est par cette entrée en matière que Sylvain Tesson débute son expérience d’ermite sibérien. Il endosse la robe de bure d’une identité nouvelle et disserte à n’en plus finir sur la vision des uns et des autres de la solitude. Dans un flou intellectualisant de phrases sentencieuses qui finissent par nous convaincre de ne surtout jamais lire tous les auteurs qui défilent, Sylvain Tesson semble s’entourer d’un brouillard de mots qui lui masquent toute réalité immédiate. Il y a une telle dichotomie entre ses conditions de vie supposées – en prise directe avec la précarité et la survie – et le fumeux théorique de ce qui l’habite que j’ai eu tout le temps du livre une sensation de fausseté dont je n’ai pu me défaire.

Me supporterai-je ? ajoute-t-il plus loin. Question pertinente s’il en est et que le lecteur est en droit de se poser également…

Une pincée d’oubli de soi et une pichenette de silence auraient sans doute laissé un peu plus de place à la nature dans son intégrité alors qu’elle est ici rabaissée à une vision anthropomorphique affligeante.

Une lecture à voix haute qui se prend au sérieux et met trop d’intention dans des phrases qui ne le méritent pas au lieu de jouer de nuances n’arrange rien à l’affaire.

Seule notre tendresse commune pour les petites mésanges qui viennent frapper à la fenêtre à heure fixe nous aura rapprochés.

 

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