Lent, léger, doux et mélancolique. La poésie de Gilles Vigneault est parole d’un monde intérieur qui se mêle au firmament. Ciel et sentiments se mêlent, nuages et émotions passent et se dissolvent. Les saisons se télescopent à l’image du temps intérieur où passé et futur ne vivent qu’au présent. La fragilité de l’existence tremblotte comme ces lumières d’hiver, pâles et lumineuses de neige. C’est parfois lourd à parcourir, tant le chagrin et le regret du passé imprègnent certaines sections. C’est souvent mystérieux et insondable, moins facile d’accès que Balises. On garde le plaisir d’une parole ancrée à bon port, d’un auteur qui parle de chez lui, quand tant d’écrivains aujourd’hui ne parlent plus que d’une virtualité sortie de l’écran de leur ordinateur.
L’arbre qui bouge et fait
semblant que c’est le ventL’homme qui parle et fait
semblant que c’est lui-même. (135)Et nos corps en dérive
Iront de par la ville
Iront de par la vie
En quête de la grève
Ou vivre la sagesse
Et la paix des épaves. (167)