Noëlle Châtelet, La dernière leçon, lu par l’auteur

Noëlle Châtelet, La dernière leçon, lu par l’auteur

La voix de Noëlle Châtelet est d’une grande douceur. Elle enrobe le propos douloureux, désemparé, la violence de la situation, d’une intimité parfois gênante.

Le thème est riche et puissant par son originalité et sa profondeur de vérité. Il devient cependant lourd et pesant au fil du récit car il y a peu d’ouvertures. Un sentiment d’impudeur naît du repliement sur soi. Hormis la narratrice et sa mère, le reste du monde, la transcendance sont plus ou moins écartés. L’auteure, au-delà de l’élan qui la porte à l’écriture, au récit lucide et au partage avec le lecteur, semble rester sur un immense point d’interrogation.

Quelques jolies anecdotes : les pleurs d’enfants, la peine de mort.

 

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Madeleine Chapsal, La maison de jade, lu par l’auteur

Madeleine Chapsal, La maison de jade, lu par l’auteur

Une belle voix, décidée, dynamique, au fond râpeux. Une musique jazz sympathique.

Bernard est très antipathique. La narratrice inexistante, morne, sans passion. Je n’ai pas participé  à cet amour, je ne l’ai pas compris, et je suis donc restée insensible à sa lente déréliction.

 

 

 

 

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Marie-France Pisier, Le bal du gouverneur, lu par l’auteur

Marie-France Pisier, Le bal du gouverneur, lu par l’auteure

J’ai été décontenancée par ce CD.

Marie-France Pisier semble lire pour elle-même, survolant, dévalant son travail, comme pour entendre s’il sonne bien. L’auditeur se faufile tant bien que mal dans l’intimité de son bureau pour saisir le flux.

Ce qui est plus gênant, c’est qu’il ne s’agit pas d’une version intégrale du livre, mais seulement d’extraits. Ce n’est spécifié nulle part sur la pochette. On se retrouve avec des personnages qui apparaissent comme par magie, il n’y a pas de continuité entre les pistes. Cela donne envie de lire le livre papier, certes, mais est-ce bien la vocation d’un livre audio ?

J’en garderai le sujet d’une rédaction donnée par l’instituteur : Décrivez un centimètre carré, n’importe lequel.

 

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Henry Bauchau, Déluge, lu par Michael Lonsdale

Henry Bauchau, Déluge, lu par Michael Lonsdale

La voix de Michael Lonsdale est un fleuve tranquille qui garde le même débit quel que soit le roman qu’elle effeuille. Si Pourquoi j’ai mangé mon père et Le très-bas ne m’avaient pas emballée, nous avons ici un texte pour lequel elle sied à merveille (comme quoi, point n’est besoin de se braquer).

Flamboyant, fascinant, Henry Bauchau brosse un portrait plein de feu et de cris sur la violence de la création. Ce livre est un ouragan où les pinceaux volent et la peinture éclabousse dans une transe hypnotique. La catharsis est au rendez-vous :

Je comprends. Je comprends enfin la vérité de ce qu’il vient de faire, la nécessité de ses paroles. Il embrasse ses mains. Je me sens soulagée d’un poids immense que j’ignorais. Il était là, invisible, prêt à me sauter à la gorge et à nous briser, Simon et moi, par les illusions de la seule lumière et l’oubli de la nuit et de la mort. (X 28:43)

Michael Lonsdale, calme, pondéré, éponge les dégâts et la fureur du texte, et par contraste le met en valeur .

Décoiffant.

 

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Bernard Giraudeau, Cher amour, lu par Jean-Pierre Marielle

Bernard Giraudeau, Cher amour, lu par Jean-Pierre Marielle

Jean-Pierre Marielle est un merveilleux conteur. Passé quelques minutes, on se retrouve dans le même abandon que le petit enfant auquel on lit une histoire. Le texte lui va comme un gant. La fluidité de son interprétation donne l’impression qu’il l’a écrit lui-même. Et les mots de Bernard Giraudeau l’accompagnent dans son appropriation :

Quand le public vient voir une pièce, il verra et entendra d’abord les acteurs. Ben oui, tout passe par l’acteur. Ah ! C’est une sacrée responsabilité ! Pardonne-moi, monsieur l’auteur, je vous vous rendrai vos mots tout à l’heure. Je vous redonnerai le manuscrit avec tout ce qu’il y a à l’intérieur. Oubliez ce que vous avez pondu. Le spectateur doit croire que c’est l’acteur qui invente. En revanche, votre récompense est que le manuscrit soit bien réinventé. (VIII 14:52)

L’épopée de grandes amoureuses, des réflexions sur l’art théâtral, la navigation à voile, le manuscrit est foisonnant et l’on s’égare parfois dans la forêt tropicale, avant de trouver un nouveau point d’eau.

Cette quête de la grâce par-delà le grand théâtre de la vie est portée par une danse de l’esprit dans les bras d’une femme. On ne sait pas s’il embrasse et serre ainsi la vie entraînante ou la mort apaisante. L’étreinte, en fin de compte, le trouvera nu et fragile dans un lit d’hôpital, animal écorché, mouillé par l’orage, frissonnant et tremblant, lové dans son terrier pour tenter de se réchauffer. Poignant.

 

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Nathalie Sarraute, Ici, lu par l’auteur

Nathalie Sarraute, Ici, lu par l’auteur

J’ai trouvé les trois premiers textes sur la perte de mémoire pleins de sensibilité et de sincérité. Une douce verve de dame qui est allée loin dans la vie.

La suite m’a un peu échappée… Il m’a semblé que le quatrième parlait d’une personne placée en maison de retraite,… mais seulement semblé… J’ai cru détecter ensuite des piques discrètes sur les gens trop pleins d’eux-mêmes et de leurs prérogatives…

C’est obscur, très travaillé au niveau du style et des mots, d’un indicible poétique intriguant, riche de promesses et de fleurs épanouies, on le sent, mais l’accroche ne s’offre pas d’elle-même. Nul caresse dans le sens du poil de l’auditeur par ici. On s’intéresse, on s’interroge, on fait des efforts ou on passe son chemin. J’aime cette exigence de qualité et d’intégrité.

 

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Jacques Chessex, Le vampire de Ropraz, lu par Lionel Epaillard

Jacques Chessex, Le vampire de Ropraz, lu par Lionel Epaillard

La lecture est un peu rapide au début, puis trouve son rythme. J’ai remarqué que c’était assez courant avec les livres audio. Les torrents ont tendance à épouser le lit de la rivière, à la longue.

Style simple, ton journalistique, images frappantes. On a l’impression d’écouter un reportage ou un feuilleton radiophonique sur les fins fonds des campagnes obscures. Une boutade assez amusante en guise de chute.

 

 

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Hiraide Takashi, Le chat qui venait du ciel

Hiraide Takashi, Le chat qui venait du ciel

Le livre et moi, nous avons démarré sur une incompréhension. J’ai eu beau me creuser les méninges, je n’ai pas compris le phénomène de la fenêtre pareille à un vitrage dormant. Dans le même ordre d’esprit architectural, je me suis embrouillée dans les descriptions récurrentes de l’agencement des maisons, des jardins, de la sente… ouest, est, sud, nord, quel imbroglio !

Passée cette perplexité géométrique, la salle pour contempler la lune, les grives, verdiers, jeux de lumière, libellule apprivoisée et mante religieuse honnie m’ont gentiment dépaysée le temps d’un morne après-midi. Je ne dédaignerai pas une telle maison à louer.

Ce couple, qui se défend de toute sentimentalité à l’égard des animaux, finit par organiser toute sa vie, horaires, attentes et jusqu’à son déménagement autour d’un chat.

Si je pouvais me rendre acquéreur de cette partie, il serait possible de continuer la vie avec Chibi. (49)

Je n’ai pas réussi à déterminer si le texte était émaillé d’auto-dérision ou s’il se prenait totalement au sérieux. L’atmosphère étant si douce et ces gens tellement inoffensifs et naïfs, j’ai sourit gentiment à l’évocation de leurs dérives émotionnelles excessives. Mais je n’en pensais pas moins… quelle obsession !

Le conflit avec les voisins m’a beaucoup amusée. D’où viennent les haines, parfois…! Heureusement que les nôtres sont plus larges d’esprit, vu tous les félins qui profitent de nos restes de poissons…

 

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Jorn Riel, Une épopée littéraire, lu par Denis Wetterwald

Jorn Riel, Une épopée littéraire, lu par Denis Wetterwald

D’une voix parfaitement adaptée aux paysages du Grand Nord et à leurs habitants au cœur bon enfant sous des dehors épais, Denis Wetterwald met ces histoires en valeur en excellent conteur.

Lovés au coin du feu, nous aurons ainsi un aperçu des méthodes thérapeutiques en cours en Arctique. En sirotant un chocolat chaud, une jolie digression sur la communication animale nous émouvra. L’évocation du seul crayon disponible sur toute la côté nous fera frissonner, nous qui sommes accros aux stylos et à l’écriture. Le dernier racontar nous laissera finalement sur une vague impression d’indigestion. L’empathie développée en confiance avec les trois premiers textes peut être fatale pour l’estomac lorsque arrive le quatrième.  Mieux vaut avoir fini son chocolat chaud avant de l’aborder.

Un délicieux moment qui fait pétiller les yeux des auditeurs avides de fables.

 

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Raymond Carver, Parlez-moi d’amour, lu par Pierre Tissot

Raymond Carver, Parlez-moi d’amour, lu par Pierre Tissot

Le Cercle Points et les éditions Thélème m’ont envoyé cet audiolivre suite à un concours. J’y ai plongé mes oreilles en toute innocence car je n’avais aucun a priori sur cet auteur.

J’ai trouvé la forme élégante, travaillée, porteuse d’atmosphère. Les chutes en forme de sous-entendus m’ont totalement échappées. L’homme qui brode, le père qui, ayant raconté à son fils une ancienne histoire d’amour, renonce à lui faire comprendre… quoi ? Je suis restée dans la même position d’incompréhension que son fils.

J’ai eu le même ressenti que devant les nouvelles de Nabokov : je reconnais la qualité mais je reste étrangère au monde qu’il décrit. Et puis quelle tristesse, quel désœuvrement, quelle superficialité de l’existence…

 

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