Jean Giono, Que ma joie demeure

Cirque de Navacelle, la Vis - Jean Giono, Que ma joie demeure

Cirque de Navacelle, la Vis

Les hommes, au fond, ça n’a pas été fait pour s’engraisser à l’auge, mais ça a été fait pour maigrir dans les chemins, traverser des arbres et des arbres, sans jamais revoir les mêmes; s’en aller dans sa curiosité, connaître. (13)

Au fond, dit Jourdan, si on s’emmerde c’est bien notre faute. (240)

Jean Giono se fait porteur de sagesse à travers Bobi, poète philosophe, guérisseur d’ennui, qui interroge comme un qui a la réponse prête. Entre éloge des haies d’aubépine et passion pour l’inutile nous sommes au pays des hommes doux. Lu en voyage, les racines posées et patientes qui s’insinuent entre les mots ont étayé mon errance d’un plancher solide. C’est un livre qui rend fort. Retournée au bercail, je l’ai abandonné plusieurs jours, puis l’ai fini en survol. La fable s’alourdit peu à peu de sens sous la pluie continue des paraboles, elle pèse sur les personnages et les histoires. Bien sûr il y a de loin en loin de ces formules magnifiques dont l’auteur a le secret…

Il y avait des joies de renard dans les jambes qui marchaient sur les chemins gelés et qui, malgré le froid, roulaient dans une bonne huile. (…) Ça ne faisait plus partie de l’homme, mais ça faisait partie du monde, comme la montagne, le torrent, le nuage ou le grand vent. (345)

mais le fil s’use. Je soupçonne Fred Vargas d’avoir pioché les dialogues elliptiques d’Adamsberg chez Jean Giono. Je retrouve ici tout ce qui m’agace chez elle en la matière. Marcher dans la beauté comme les Navajos, et en écho encore un poème de Gilles Vigneault, c’est le fondement de ce qu’il y a de plus lumineux en moi, le livre en parle, mais trop ostensiblement.

Je me mettrai un jour
A travailler vraiment
Et mon premier souci
Sera de surveiller la forme des nuages

Gilles Vigneault, Balises

Cirque de Navacelle - La Vis

Cirque de Navacelle – La Vis

 

 

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