Guylaine Goulfier – Révolution au potager

Guylaine Goulfier – Révolution au potager

Où l’on considère la plante comme autonome, sachant stimuler la vie du sol pour prélever sa nourriture, exactement comme elle veut et quand elle veut. Et surtout, où l’on envisage qu’elle n’épuise pas le sol mais qu’elle l’améliore. (14)

Les deux premiers chapitres sont passionnants. L’approche est inhabituelle, la démonstration vivante, en harmonie avec les intuitions nées par déduction en mon observation. C’est la première fois que je suis face à l’exposition limpide des interactions qui fourmillent dans le sol et qui justifient des gestes comme le paillage ou le fait de ne pas bêcher. Un sens souterrain qui va grandement enrichir mon approche du potager. J’ai commencé à pratiquer le compostage de surface à l’automne et les résultats m’ont bluffée. D’un sol lourd, difficile à travailler, boueux d’un bout de l’hiver à l’autre et croûteux en surface dès qu’il fait soleil nous sommes rapidement passés à une matière grumeleuse, qui sent merveilleusement bon l’humus et dans laquelle la serfouette trace son sillon comme dans de la purée maison. Déjà convaincue par la pratique, cet apport de théorie va compléter l’amendement de ma germination mentale.

Les mots magiques viennent de manière très naturelle et sans que l’on se questionne sur leur sens tant le contexte les explique : rhizobium, mycorhizes, floricole, élicteurs, cécidomyie… Guylaine Goulfier transmet son expérience avec simplicité, s’interroge, émet des hypothèse, met en balance les pour et les contre. Elle n’avance jamais rien qui ne soit étayé et reste prête à se remettre en question. C’est très reposant, fraternel. Tout le contraire du Manuel de permaculture de Ulrike Windsperger que je feuillette en parallèle, où tout n’est qu’affirmations, injonctions, instructions. D’ailleurs, Guylaine Goulfier n’utilise jamais le mot de permaculture. Elle ne se réclame de rien. C’est une histoire entre ses mains et la terre. Si j’ai ressenti un manque c’est au niveau de l’association entre les fleurs et les légumes. Elle nous montre de belles photos où les fleurs sont intimement collées aux plantes potagères, prenant racine là où habituellement on laisse une bande de terre. Ce qui pose la question suivante : quid des distances nécessaires entre plantes ? Je suppose que c’est une question d’enracinement. Me manque alors un tableau, un chapitre, sur la profondeur et l’étendue de l’enracinement des fleurs et légumes.

Plus les plantes se développent, plus leurs racines explorent le sol, plus elles stimulent les micro-organismes du sol. Et plus ceux-ci captent des éléments minéraux. Lorsque la salade, la betterave ou un autre légume est récolté, restent dans le sol toutes les substances de sa rhizodéposition, les spores des champignons ou les nodosités des bactéries que ses racines ont accueillis. Demeure également dans la terre l’immense biomasse des colonies bactériennes sollicitées par la plante, qui conservent stockées dans leur corps les éléments minéraux nécessaires à la croissance du légume prélevé. (21)

Les pucerons ont une sexualité très originale. Au printemps, les œufs hivernant éclosent, fournissant des fondatrices, sans ailes. Elles se reproduisent par parthogenèse, c’est-à-dire sans fécondation, et donnent naissance à des femelles qui se multiplieront sans nécessiter l’intervention de pucerons mâles. Six à douze générations se succèdent ainsi. Des individus sexués apparaissent en automne. Des œufs seront alors pondus qui permettront à l’insecte d’hiberner. (134)

 

Ce contenu a été publié dans Exploration documentaire. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *