Elena Ferrante, L’enfant perdue, lu par Marina Moncade

The Rijksmuseum, Amsterdam RP-T-1965-191-64

Cette écoute a été tout du long colorée par le point de vue de Nelly Kaprièlian, qui, au Masque et la plume, a insinué que se cachait un mystère, un jeu de personnalité double, dans la relation entre Lina et Elena. Il est vrai qu’on marche en permanence en équilibre sur le fil de la mise en abîme. Le travail d’écriture – car l’écriture est clairement définie comme un travail dans cette saga, une activité sociale et politique – des personnages recoupe celui de l’auteur. Un jeu d’imbrication des esprits. Et quand l’oeuvre est achevée, Lina disparaît. A-t-elle jamais réellement existé ? Seule demeure Elena. Elena qui tout au long de ce dernier récit nage dans le désarroi, vit dans la conscience de sa médiocrité et de ses insuffisances, semble chroniquement dépassée par les événements. Il faut dire que le chaos ne s’éteint jamais. On hurle, on cogne, on insulte, on trahit, on malmène, le plus souvent par impuissance et maladresse. Les personnages ne tirent aucune leçon de leurs errements, ne se bonifient pas, n’évoluent pas, ne donnent aucune direction à leur existence. Ils pourrissent parfois, c’est tout. Cette persistance des caractères, ce vide derrière l’agitation, finissent par créer l’impression artificielle d’un théâtre. Lina est le trickster, l’esprit créateur sauvage qui ne se réalise pas. On reste sur l’attente de son incarnation dans l’écriture d’Elena Ferrante…

 

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