Litt Woon Long, La femme et les champignons

Causse Noir, roc de la spirale

Causse Noir, roc de la spirale

L’aspect prometteur de la chatoyante couverture, du papier aguicheur et des photos se dévoilant çà et là au fil des pages d’écriture n’est qu’une parure. Je n’ai pas découvert, une fois ouvert ce beau coffret, le trésor escompté. Le style est pauvre, façon magazine féminin, trop familier à mon goût. Je n’aime pas qu’on m’embrasse d’emblée dans une étreinte musclée comme si on était des copines de toujours alors qu’on vient à peine de se rencontrer. Le vocabulaire glisse volontiers vers un monde intérieur enchanté, les sensations positives [qui] explosent dans l’esprit et l’âme, une ivresse de plaisir. Bof. Mes relations personnelles avec les champignons, bien que soutenues et constitutives de mon existence, n’ont jamais atteint de tels sommets d’euphorie mystique. J’ai donc survolé assez rapidement l’ouvrage à la recherche d’informations, de réussites en une phrase.

Les amateurs de tous les pays ont beau s’accorder sur les champignons véritablement mortels, beaucoup d’espèces sont apparemment dans une zone grise. Contrairement à ma conviction de novice, il n’est pas si simple de décider si un champignon est vénéneux ou non. (140)

Quelques passages ne manquent pas d’intérêt, comme celui qui concerne la classification des champignons selon les pays – jetés par les experts ici ou vendus en libre service dans les supermarchés un peu plus loin. Le milieu des mycologues éclairés, tout de frime et de jeu avec les limites du toxique est amusant un instant. Le voyage au pays du psilo démythifie quelques idées reçues.

J’ai perdu mon mari, dis-je. La plupart des gens comprennent qu’il est mort. Mais pour moi, le mot « perdu » signifie aussi que je le cherche, je cherche des signes qu’il est toujours une part de la vie sur terre, de ma vie. (295)

À la mort d’Eiolf, j’ai aussi perdu l’accès à ce qu’il savait. (198)

Ça a été une idée étrange pour moi qui avais eu Eiolf comme témoin pendant toute ma vie adulte. En tant que tel, il était celui à qui je n’avais pas besoin d’expliquer les choses, des choses qui n’avaient de sens que pour nous, sans valeur pour les les autres. Quand on perd le témoin de sa vie, on perd aussi une partie de soi-même. (102)

Le voyage au cœur du deuil fait luire quelques flammes d’une grande justesse, qui ont ému ma conscience aiguë d’une possible disparition du compagnon intime de ma vie.

Causse Noir

Causse Noir

Causse Noir

Causse Noir

Causse Noir - Chanterelle en tube

Causse Noir – Chanterelle en tube

 

Le système immunitaire est affaibli durant le deuil, c’est un fait acquis. Nous souffrions toutes de singes intérieurs qui bondissaient à droite, à gauche, en semant des idées dérangeantes dans nos têtes (ce qu’on appelle monkey mind). (99)

La « connaissance silencieuse » est un savoir que son détenteur utilise sans y penser. Le langage en est un bon exemple. Ceux qui parlent couramment une langue peuvent se prévaloir de détenir une connaissance silencieuse de cette langue. (…) La connaissance silencieuse est un savoir qui a été « intégré », qu’on porte en soi. (197)

 

Ce contenu a été publié dans Explorations littéraires. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *