C’est une lecture sensible et délicate, ténue comme un souffle de vent, tellement qu’on en perd le goût dès qu’on s’en éloigne un peu. On ne peut l’écouter qu’à la maison, au calme, sur une après-midi, ou en tout cas d’un coup.
C’est une écoute qui a été difficile car le texte est nourri de douleur et d’émotion à vif. Il nous dit la trahison, la perte de l’intégrité, le gâchis des élans de la jeunesse. Il nous parle de ce que la guerre fait de nous. De ce que la guerre va faire de nous ? On ne peux pas le prendre à la légère dans le contexte qui se dessine aujourd’hui. Nous sommes tous susceptibles, nous aussi, de trahir un jour, de choisir entre notre survie et l’abandon de l’un de nos proches voué à un sort destructeur. Nous le faisons déjà parfois dans une moindre mesure par intérêt économique, confort psychologique, sans même parfois nous en rendre compte.
Que serons-nous dans dix ans, dans un environnement qui va encore se durcir, si nous ne travaillons pas dès aujourd’hui notre humanité et notre fidélité intérieure ?