Joseph Kessel, Belle de jour

Joseph Kessel, Belle de jour

Elle avait le droit que chaque animal possède de connaître le spasme sacré qui, au printemps, fait tressaillir la terre d’un humide tremblement. (100)

C’est un livre étonnant. Non pas par son histoire, qui a pris beaucoup de rides en 86 ans. Non pas par son style, fidèle à la puissance tellurique de Joseph Kessel. Mais par la façon dont le viril académicien incarne le désir sexuel féminin. Une justesse, brute et animale, s’en dégage.

Pour le reste, le roman est engoncé dans une psychologie bardée de scrupules, reflet d’un temps où la femme-enfant n’avait d’existence sociale que par l’homme. De  l’emphase, des grands mots – pitié, effroi, châtiment, fardeau d’un horrible secret – qui alourdiraient le texte chez tout autre écrivain annoncent un final mélodramatique à souhait.

Le secret de son corps vivait seul alors comme ces fleurs singulières qui s’ouvrent pour quelques instants et reviennent ensuite à leur repos virginal. (101)

Il n’y a que Joseph Kessel pour écrire une phrase aussi mièvre et rester crédible…

Ces êtres conscients de leur perversité, malmenés par une agitation satanique, paraissent bien tendres et bien touchants en regard de ceux que l’on rencontre de nos jours en littérature…

 

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