John Vaillant, L’Arbre d’or

Massif de l'Aigoual, la Dourbie - John Vaillant, L’Arbre d’or

Massif de l’Aigoual, la Dourbie

Avant toute chose, il faut que les arbres disparaissent. A cet égard, le bûcheron fut l’éclaireur de la civilisation occidentale (et de toutes les civilisations). (118)

Je m’attendais à entrer dans le cercle haïda des saumons, des sculptures sur bois, d’une spiritualité vivante. John Vaillant m’a précipitée dans la grande tradition des récits de trappeurs américains, survie en milieu hostile, ingéniosité, force mentale et physique. De là nous sommes passés à la rencontre avec les populations autochtones, récit insistant sur la férocité des haïdas – pratique de l’esclavage, des rapines, conservation de la tête des ennemis, avidité matérielle – qui déstabilise l’image paisible qu’on a habituellement de ce peuple.

La rapide faillite des relations commerciales sur la côte Nord-Ouest peut être attribuée à la conjonction de deux facteurs funestes : les cultures d’extrême violence que les deux parties apportaient à la table des négociations et le fait que chacune déniait à l’autre la pleine qualité d’humain. (111)

S’ensuivent des chapitres détaillés sur l’exploitation du bois et ses liens avec l’émergence des États-Unis. Puis la biographie assez longuette de Grant Hadwin, écologiste égaré, habité par ce que certains psychiatres appellent l’urgence spirituelle.

Il semble que pour réussir, voire simplement survivre dans ce monde, une certaine dose de dissonance morale et cognitive soit nécessaire. (289)

J’ai donc parcouru, survolé, sauté des pages, me suis exclamée, agitée, interrogée, ennuyée. J’avais envie de voir des photos de cet arbre qui sortait de l’ordinaire mais à part celle figurant sur la couverture, le cahier central n’en offre pas. Frustrée aussi, donc. Ce que j’attendais du livre n’arrive qu’à la toute fin, comme un bonus qui finaliserait la globalité. Et de fait, malgré une expérience de lecture mitigée, l’impression est forte en le refermant. La construction en rayons de soleil, déstabilisante quand on est à l’intérieur, provoque une sorte de révélation quand tout a été dit. Par une magie imprévue, le geste même fait surgir à la fois une compréhension globale et la conscience de la complexité de l’histoire. J’en suis restée assez bluffée.

Massif de l'Aigoual, la Dourbie

Massif de l’Aigoual, la Dourbie

Massif de l'Aigoual, la Dourbie - Vipérine

La Dourbie – Vipérine

 

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