Pascal Marmet, Tiré à quatre épingles

The Rijksmuseum, Amsterdam RP-T-00-2184

Gare de Lyon, TGV, voies ferrées, hall, consignes… kiosque à journaux, roman de gare ! Le temps d’un trajet en train, ce polar peut honorablement faire office de trompe-l’ennui, de base de loisirs neuronal. Mais il ne faudra pas lui en demander plus. Il est charmant dans sa maladresse. Pascal Marmet décrit méticuleusement son personnage principal dès l’entrée, inquiet de faire tenir l’intrigue sur les larges épaules de son enquêteur, comme dans tout polar qui se respecte. Mais ce longiligne à la carrure de déménageur (?!) peine à prendre vie. Par manque de flou, sans doute. D’un espace laissé à la créativité du lecteur. Mon imagination ne rentre pas dans les boîtes prémâchées. Il lui faut de la suggestion, des brumes, des caves. De la littérature, en somme. Ici l’écriture est franche, directe, toute en lumière de néon. Du coup, les fausses pistes sont posées à plat sur la table dès le départ.

À chaque fois qu’elle s’exprimait, il se retenait de jouer le professeur de français en lui rappelant les règles de base de la forme interrogative ou négative. (142)

Qu’est-ce que son passé africain apporterait-il à son enquête ? (110)

Ceci dit, en-dehors d’un sentiment général d’incohérence et d’une fin qui part dans le grotesque orthographique et médical, je dois avouer que je ne me suis pas ennuyée. On sent bien l’envie de l’auteur de donner corps à un commandant de police qui pourrait poursuivre ses aventures dans de prochains opus, l’amour des dialogues soignés et la recherche du bon mot (ce qui les rend souvent raides et peu naturels), mais il a le bon goût de ne pas faire comme (Modestie, pastiche assumé ? Décalage dans la dérision ?) et arrive à nous faire partager son plaisir de raconter une histoire alors que dans l’ensemble, intrigue, personnages, écriture sont mal fichus et tout de travers.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

 

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