Linda Lê, Lame de fond

Linda Lê, Lame de fond

Je n’ avais jamais osé ouvrir un livre de Linda Lê jusqu’à aujourd’hui, sans doute intimidée par ces couvertures aux motifs abstraits qui semblaient présager un effort d’attention nécessaire.

Une fois franchie la couverture, le récit ne nous précipite finalement pas dans l’abstraction. Le milieu est cultivé, certes. Il y a beaucoup de références obscures à mes yeux. Le vocabulaire est original mais intégré, il ne tombe pas comme une paillette sur une motte de beurre.

Nous entrons plutôt dans un mille-feuille. Chacun des quatre protagonistes y donne de la voix tour à tour. Récits de l’incompréhension, des abîmes qui sous-tendent les apparences, de la transmission entre générations qui se fait malgré tout, mais pas forcément de la façon qu’on pense. Chacun défend sa petite part d’individualité, son confort précaire, se débat avec l’identité que ses proches dessinent pour lui et renforcent pour se rassurer.

Un débroussaillage psychologique organisé avec maestria et sans piapiater. Une lecture enrichissante.

J’ai cultivé assidûment les lettres dans l’espoir d’y trouver, sinon du bonheur, du moins un vif goût pour les surprenantes inventions. (12)

J’avais conservé la faculté de sortir des sentiers battus, ma science livresque m’avait permis de ne pas avoir de vision simplificatrice de mes prochains. (188)

 

Ce contenu a été publié dans Explorations littéraires. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *