Les personnes, au fond, ont un rôle secondaire. Ce sont les éléments qui nous dictent nos conduites. Le soleil ou la pluie, le vent, le sable, les marées. (116)
Je finis mon parcours estival influencé par Le masque et la plume sur ces pages de tendresse, cette onde de flots calmes. On a rarement mêlé avec autant de finesse et de profondeur ces deux notes homophones, mer et mère. Échos, harmonies, thèmes qui se répondent au fil de l’eau, une grâce apaisante se dégage de l’écriture, fluide et naturelle, mais derrière laquelle on devine un grand travail et un esprit en éveil.
Enfants bleus de froid, nous voulons la morsure cruelle du présent. (84)
Le corps vivant, le pacte des histoires partagées en secret, le sérieux des activités, l’amie nouvelle et soudain demain existe – le vécu d’enfance est exprimé avec une justesse qui étreint de vieilles sensations enfouies. Chantal Thomas réveille un univers de sensations et de pensées oubliées, rend sa force à une conscience déjà pleinement existante par elle-même. Le courant des métamorphoses qui nous entraîne jette un voile sur les épisodes précédents. Mais il permet aussi une distanciation et une réconciliation avec nos attentes déçues, un partenariat entre ces mutuelles étrangetés que nous sommes parfois entre proches, et ce malgré tous nos efforts. Je retrouve cette même idée de fraternité humaine entre parent et enfant que dans la conclusion de Le cri de la chouette d’Hervé Bazin.