Mais je voulais que mes étudiants fassent quelque chose de plus difficile : apprendre à rester eux-mêmes alors qu’ils devaient sortir d’eux pour trouver un équilibre entre subjectivité et objectivité. En s’entraînant à trouver cet équilibre, celui-ci deviendrait plus stable à chaque approche de la compréhension d’une œuvre d’art. (181)
Ce que j’aime, chez Claire Keegan transparaît aussi dans l’écriture de Nuala O’Faolain. Un éclairage franc, une lucidité remarquable, mise en lumière sans concession et sans émotions encombrantes, qui met les événements et les êtres à leur juste place. Clairement la réalité. La réalité de leurs perceptions.
Ainsi j’ai la vision unique d’une certaine Nuala O’Faolain à l’âge de vingt et un ans. Elle donne l’impression d’être pleine de vie, cette jeune femme, et curieuse de tout ce qui l’entoure. (143)
J’ai beaucoup d’admiration pour la profonde honnêteté dont elle fait preuve. L’état d’esprit avec lequel elle revient sur sa vie me donne une énergie nouvelle pour reconsidérer la mienne. Elle rend compte de ses gamelles avec beaucoup de liberté. Va sur les lieux porteurs de souvenirs persistants pour [s’] en moquer, […] les forcer à s’écarter à la distance floue qui [convient]. L’évocation des personnes qui lui ont été proche est peu colorée d’attachement affectif. C’est reposant. Elle ne s’empêtre pas dans l’image qu’elle va donner d’elle-même.
Être simplement moi-même, comme le chat qui est si parfaitement et inconsciemment un chat, ne sachant pas qu’il mourra un jour. (384)
Cette façon de fonctionner en kaléidoscope, qui lui permet d’accepter qu’il n’y ait pas de fil continu dans sa vie m’a tellement touchée positivement que la postface, pleine de désarroi, m’a déstabilisée.
Dans Hamlet, quand l’esprit de son père revient pour le harceler, Hamlet saute d’un endroit à un autre, l’oreille tendue vers le sol. Êtes-vous là ? crie-t-il. Vieille taupe ! crie-t-il, en essayant de le coincer. Les vieilles taupes de mon enfance montent, malveillantes, à la surface du sol sur lequel j’essaie de tenir debout. (297)