Jean-Paul Kauffmann, La maison du retour

Peyreleau, la Jonte - Jean-Paul Kauffmann, La maison du retour

Peyreleau, la Jonte

J’aspirais à la paix, à la substance et à la fluidité des choses. (13)

Je trouvais que les bords de Marne manquaient d’oiseaux. Ici ils abondent. Et même si Jean-Paul Kauffmann leur jette parfois un regard paresseux – ce coucou qualifié de lâche et soupçonné de jouer des tours pendables, ce qui est bien le malconnaître – son attention à leur égard est palpable. Il entre en amitié non seulement avec les plumés, mais aussi avec les tilleuls, les pins, les chauve-souris, un crapaud bleu. Écoute les feuilles de platanes se dégager des bourgeons. Je me suis sentie chez moi dans cette attente des jours. J’affectionne comme lui ces plages de liberté où l’on peut s’installer en marge du temps, au cœur de la forêt, loin du monde. De son esprit fin et clair, l’auteur en tire une grande beauté dans l’expression du printemps, des ciels changeants, de l’harmonie entre la restauration de la maison et sa propre remise sur pieds.

Comment, dès lors, ne pas avoir le cœur serré en lisant dans les dernières pages de ce livre sensible publié il y a dix ans :

Je refuse toutefois de faire chorus avec les prophètes de malheur qui expliquent que la situation ne cesse d’empirer. Je ne les ai pas attendus pour me rendre compte que les quatre cavaliers de l’Apocalypse se rapprochent : la domination, la guerre, la pestilence et la mort. Je les ai vus naguère patrouiller non loin de moi. Ils s’avancent de plus en plus près. Ils ne sont plus en reconnaissance mais en terrain conquis. On ne fait guère attention à ces éclaireurs déployés, bannière au vent. Le glaive dans le fourreau bat les flancs des montures. Le chevalier noir tient une balance à la main. Ce qui est inquiétant, c’est qu’ils ont l’air calme et sûr d’eux. Il y a quelque chose d’inexorable dans leur progression. (276)

 

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