Kobayashi Issa, En village de miséreux

The Rijksmuseum, Amsterdam RP-T-1978-15 - Kobayashi Issa, En village de miséreux

The Rijksmuseum, Amsterdam RP-T-1978-15

Cette année encore
va être une gêne au monde
ma cabane en herbes
(67)

Fortement interpellée par un haïku publié dans L’oiseau hennissant, la revue du Bon Albert, je suis partie faire connaissance plus avant avec le poète en sa cabane de miséreux. Touchant Issa. Désargenté, mélancolique, mal-aimé. Il a froid, il a faim. Mais il rit. De ses infortunes. Des courants d’air dans sa bouche. Et il s’émeut. Des pattes suppliantes de la mouche. De la progression du colimaçon sur le mont Fuji. Affine sa perception de la délicatesse. Trompant sa solitude par une fraternité tendre, ironique ou agacée avec les êtres sensibles de son entourage : puces, moineaux, poux, moustiques et mouche. Ainsi qu’avec, toujours présent, le sire des moustaches, dont il envie les amours.

D’un flot de pissat
te vais montrer une cascade
grenouille qui coasse
(101)

Irrévérencieux, cocasse, moqueur, inclassable comme les autres poètes et artistes dans la rigoureuse hiérarchie sociale qu’imposaient les autorités de son époque, ce parasite improductif était fort peu apprécié de ses contemporains, mais cultivait une intégrité rare. Sa droiture, son dépouillement et son humilité le rendent infiniment sympathique. En l’espace d’un livre – où notes et introduction de Jean Chollet sont fort instructives – on a l’impression de lui serrer la main comme à un compatriote.

Les puissants et gens sérieux traitent de désœuvrés les gens comme moi, mais qu’y puis-je ? (236)

La clé de ma hutte
ayant confié à un pin
contemple la lune
(177)

 

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