L’écriture est bordélique. Jeanette Winterson dévide son fil comme un chat déroule une bobine. Ça s’entortille, ça fait des nœuds, ça repart de façon linéaire, pour un temps, à l’image de la mémoire, dynamique et modulable. L’auteur utilise la fiction comme mode de survie. À l’instar d’Elizabeth Munro, elle mêle fiction et réel, construit une autobiographie où l’imagination a une grande part de liberté. C’est apparemment une technique littéraire à part entière, car Jeanette Winterson l’évoque en rapport avec ses études, citant Virginia Woolf et Steiner.
Je préfère continuer de me lire comme une fiction que comme un fait. (182)
Ce parti pris de départ, qu’elle manipule avec maestria, lui permet d’évoquer cette mère dont les proportions sont approximatives et instables, dont la façon d’emplir l’espace se modifie selon les situations émotionnelles et relationnelles. Il y a aussi des passages superbes sur la folie, autour de la page 200. Elle évoque ses séances de folie avec humanité et amitié.
Un coup de foudre total.