Il n’y avait rien entre elle et ce fantôme omniprésent, rien d’autre que sa lucidité durement gagnée. (108)
J’ai déjà lu toute la série il y a quelques années et j’avais peur de ne pas retrouver mon amour d’antan. Le revivre bonifié a été une agréable surprise. Il est rare de rencontrer un auteur qui donne des troubles psychiques – ici en l’occurrence, des troubles bipolaires – une vue concrète et simplement humaine. Bo Bradley assume les aléas de son cerveau avec lucidité et responsabilité. Habitée par un doute récurent sur la justesse de ses perceptions, elle est obligée de se discipliner par une présence accrue au monde, un constant réajustement face à ceux qui [tiennent] les rênes de la réalité. Défendre son intégrité est une priorité.
Du punch, de l’énergie, un équilibre réussi entre cultures irlandaise et amérindienne… et bien je vais tout relire alors !
Bo se gardait bien de confier que pas une seule fois, son délire n’avait été plus qu’une vérité amplifiée que les gens normaux peuvent nier, atténuer, filtrer pour la ramener à un niveau tolérable.
« Les cyclothymiques perdent la faculté de ne pas savoir », lui avait expliqué le docteur Bittner.
Le monde pourrait être très différent, avait-elle songé une fois, en regardant par la fenêtre de son bureau par un maussade après-midi de février, si tout le monde perdait un peu cette faculté. (122)