Encore un jeune garçon en fuite, encore une usurpation traditionnelle. Si les ingrédients de base rappellent le premier épisode de la trilogie, je trouve celui-ci plus abouti.
La mythologie est beaucoup plus présente et nourrit le noyau de l’intrigue. Les courants qui régissent les interactions entre les êtres, leurs croyances, leurs pratiques spirituelles et les éléments naturels forment une globalité d’une grande justesse. Le paysage fait partie intégrante de l’enquête. Joe Leaphorn parcourt des kilomètres et des kilomètres dans sa voiture – et il faut voir sur quelles routes ! – pour rencontrer des gens. Dans ces contrées où la solitude est un composant naturel de la vie, la parole acquiert une densité particulière.
À toujours vouloir trouver une logique, il a tendance à passer à côté de certaines possibilités. J’ai compris bien avant lui le coup du mot dans la boîte à déjeuner… Mais même si la lectrice a un temps d’avance, Ernesto Cata et George Bowlegs sont des personnages touchants dans leur vulnérabilité adolescente. Et La fin est flamboyante. Plusieurs années ont passé depuis ma première lecture, j’en restais cependant imprégnée.