Jean-François Parot, L’inconnu du pont Notre-Dame, lu par François d’Aubigny

Gallica, Bibliothèque nationale de France btv1b531505574

Décidément, dit Bourdeau, avec elle on visite toute la ménagerie du roi. (5:47:44)

Chevaux, chiens d’arrêt au flair aiguisé, vieilles taupes, chat aux empreintes significatives et jusqu’à des castors qui ne sont jamais mouillés quelles que soient leurs louches menées, les animaux symboliques ou de pattes et de poils traversent cette enquête par de nombreuses sentes. Ce qui n’est pas sans envelopper d’une certaine tendresse – notamment féline et canine – l’intrépide commissaire aux affaires extraordinaires.

Voix amie dans les ténèbres, François d’Aubigny, aussi gracieux et sémillant auprès d’Aimée que face à des portières mal dégrossies m’a accompagnée au creux de l’oreille en des temps difficiles et perturbants et jusqu’à la réussite de mes projets. Comme un grigri protecteur de tous les dangers, une potion de courage, une parole intimement lovée au creux de mon portable.

 

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Christophe Magny, La voie de la nuit

Plateau du Lévézou, puech Monseigne

La langue navajo compte quatre-vingts mots pour exprimer toutes les nuances de couleur et de texture du grès. (160)

Voilà qui va permettre de renouveler la fameuse répartie sur les inuits et leur cinquantaine de mots pour désigner la neige !

En pays Navajo, les routes sont rectilignes sur des kilomètres, comme une invitation lancinante à la découverte. On pressent qu’elles n’ont de fin qu’au bout du monde. Peut-être leur seule fonction est-elle d’inciter le voyageur à avancer jusqu’à oublier qu’il a un but, s’il a un but. L’asphalte se fait parfois tortueux, il se perd en méandres qui escaladent montagnes et mesas pour mieux ramener le promeneur à la platitude du plateau désertique. (40)

Christophe Magny a un parcours touchant. En quête de sens, se demandant ce qu’il fait sur terre, il tente de s’inspirer de diverses traditions pour nourrir son voyage intérieur. Les voies de guérison navajos, découvertes à Paris lors d’une manifestation culturelle, vont représenter pour lui une expérience vivante et équilibrante, un tissus de liens amicaux et chaleureux – malheureusement momentanés car il a volontairement mis fin à ses jours quelques années plus tard. Savoir que son aspiration spirituelle ne s’est pas épanouie vers l’apaisement de ses abîmes intimes rend la lecture de son livre à la fois triste et intense.

Le but de la méditation et de la prière n’est pas l’expansion de la conscience mais la concentration sur le centre, le récepteur. C’est, me semble-t-il, ce qu’exprime hozhoo pour les Navajos : la nécessité de maintenir cette réceptivité, qui passe par une quête de l’harmonie avec les forces élémentaires. (70)

Immergé dans la beauté du crépuscule, je parviens sans y penser à formuler simplement l’idée de l’énergie et du récepteur : plus on capte la beauté, plus on s’emplit de beauté ; plus on s’emplit de beauté, mieux on capte la beauté. (123)

Avec lui, on pénètre et on s’assoit sous le hogan, au centre. Dans ce pays d’horizon, de lumière et de neige où les paysages se modifient selon l’heure et le temps, les pistes sont incertaines, les chemins sans indications, les conduites nocturnes à faire frissonner. La collision avec une vache ou un cheval est toujours possible. L’égarement encore plus. Se fiant à ses liens fraternels et à ses soutiens, tentant l’immersion à l’aide de ses seules intuitions et capacités à sentir, évacuant la raison, l’auteur s’en sort plutôt bien. Il prend naturellement le pli de parler en termes d’est, de sud, d’ouest et de nord, comme dans les romans de Tony Hillerman. Trouve les lieux de cérémonie. Laisse la beauté l’emplir et accomplit les gestes de bénédiction. Il revient de ses voyages l’âme unie au corps, ayant retrouvé le sentiment de savoir où il se trouve.

En lui confiant mon sentiment persistant de n’être pas parti, je m’interroge : cette évaporation des mois passés n’est-elle pas le signe de mon adhésion à la conception navajo du temps ? Ce qui compte, c’est de se retrouver, pas de mesurer le temps évanoui depuis la dernière rencontre. Puisque nous sommes réunis, nous n’avons jamais été séparés. (172)

Plateau du Lévézou – Puech Monseigne

Plateau du Lévézou – Puech Monseigne

Plateau du Lévézou – Puech Monseigne

Plateau du Lévézou – Puech Monseigne

 

Il ne faut pas se plaindre du temps. Si l’on dit « J’en ai assez qu’il pleuve », on insulte la pluie, puissance considérable.On s’expose à la maladie. Celle-ci survient si l’on manque de respect à un élément, ou un animal, ou quoi que ce soit de respectable. Le rôle du diagnostiqueur est d’identifier la puissance offensée afin que l’homme médecine sache auprès de qui il doit intercéder pour obtenir la guérison. (16)

Elle se poste enfin devant la porte, nous tournant le dos, et se bénit d’une pincée de pollen sur la langue, une sur le front, et une jetée devant elle, vers l’est, pour la Terre-mère. (36)

Depuis mon entrée dans la Réserve, la lenteur dans les gestes, les paroles, l’écoute, les réactions des Navajos ne cesse de me frapper. J’ai pu le constater dès l’adolescence lors de mes premières incursions hors d’Europe : le temps des Blancs ne règne pas partout, le tempo peut décroître jusqu’à la langueur extrême des climats accablants, le rythme passer du binaire simple des Européens – réflexion, action – au ternaire complexe – réflexion, pause, action éventuelle – des cultures lentes, qui savent depuis des millénaires que les choses ne se font ni mieux ni plus vite en courant qu’en marchant, qui ne sont même pas sûres que faire soit une fin en soi. (41)

De l’un des multiples meubles qui peuplent le hogan, Rainbow sort une bourse de daim. Elle en tire une chaîne d’argent au bout de laquelle se balance un objet de turquoise finement sculpté, à l’aspect ancien. C’est un horned toad, un crapaud à cornes, influent animal que créèrent les Êtres sacrés pour les aider à venir à bout d’un peuple de monstres. Elle l’approche de mes lèvres et m’indique comment je dois inspirer, trois fois doucement, une fois profondément la bouche du crapaud devant la mienne. Je me place ainsi sous sa protection, et appartiens désormais à la famille des crapauds à cornes. Si j’en croise un, je dois le saluer, le prendre dans ma main, le caresser. Celui que je porte est Chei, grand-père. Pour invoquer son aide il me suffit de le frotter contre ma poitrine. (45)

J’essaie de mettre en pratique une des bases de la philosophie navajo que m’a enseignée Roger : ce qui est dit est dit, ce qui est fait est fait, l’offenseur comme l’offensé doivent en assumer les conséquences. Il ne sert à rien de s’excuser, encore moins d’avoir des regrets. (65)

Ici se tient la réalité telle que je n’osais la rêver, éclatante de simplicité. Ici on peut être humain, les seuls à porter des masques sont les danseurs de Yeibichei. Jamais je n’ai éprouvé le besoin de jouer un rôle, je me tiens au plus près de moi, à la limite du lit du vent – aucun autre choix n’est offert. (127)

Il me tend une cigarette : « Tu vas souffler la fumée vers la Terre, qui est ta mère. Vers le Ciel, qui est ton père. Vers le Soleil et la Lune, qui sont ton oncle et ta tante. Vers l’est, d’où vient la lumière, pour t’assurer la protection du Peuple-serpent. Vers le sud, d’où vient la chaleur, pour t’assurer la protection du Peuple-éclair. Vers l’ouest, d’où vient l’obscurité, pour t’assurer la protection du Peuple-coyote. Vers le nord, d’où vient le froid, pour t’assurer la protection du Peuple-ours. Tu souffleras la fumée ici – il montre son attaché-case – pour t’assurer la protection de mes instruments. Tu souffleras la fumée sur toi, des pieds à la tête, pour que ces bénédictions t’accompagnent. » (187)

 

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Andreï Makine, L’archipel d’une autre vie, lu par Lazare Herson-Macarel

Brooklyn Museum, New York 2007.32.69

Le titre est très beau et fait voleter l’imagination avant même d’avoir entamé le livre. Qui ne rêve d’une nouvelle perspective de vie ? Alors un archipel de possibilités tout entier… À l’écoute des images me sont venues de Dersou Ouzala, de Sa majesté des mouches, de Dix petits nègres et enfin des deux petits vieux de Ravage. Autant dire que j’ai passé mon temps dans les références sans ressentir l’identité propre de ce roman. Je discerne bien ce qu’à voulu faire Andreï Makine mais la taïga n’a pas frémi pour moi, je reste sur l’impression d’un écrit fabriqué à partir d’idées séduisantes qui n’ont pas pris vie. Le ton vibrant et le lyrisme que Lazare Herzon-Macarel instille à sa lecture n’ont pas arrangé les choses. L’un dans l’autre, composition et interprétation se prennent trop au sérieux pour atteindre à la transcendance que suggérait le sujet.

 

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Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale

Causse Noir, Roquesaltes

Ici m’a frappée la langue comme à l’abordage de Madame Bovary : elle est pareillement moderne, on ne ressent pas de distance malgré l’inconcordance de notre temps avec celui de Gustave Flaubert. Je me suis trouvée mêlée à la lumière des fêtes de l’Alhambra ou aux costumes des bals de Rose Annette sans aucun effort, emportée par les mots. Les détails apportés dans la description des lieux m’en ont fait percevoir l’atmosphère naturellement, comme si je vivais encore dans ces mêmes mobiliers. Et si je n’ai pas tout compris des affaires de l’époque, les discussions qu’elles suscitent m’ont parues aussi pleines de vie que si elles se déroulaient aujourd’hui au bar du coin, une transposition facile. Les notes de Pierre-Marc de Biasi, dans l’édition de poche, sont mille fois précieuse pour éclairer les points obscurs et renforcer ce sentiment.

Le cabotin avait une mine vulgaire, faite comme les décors de théâtre pour être contemplée à distance […] (206)

La moquerie délicieuse que Gustave Flaubert met parfois dans ses portraits m’enchante. Les illusions du jeune Frédéric, ne sachant pas quel large fonds d’indifférence le monde possède, bientôt suivies de leur effondrement sont d’une justesse et d’une finesse que j’ai amplement goûtées. L’arrivée du chaos a quelque peu essoufflé mon intérêt. Le roman m’a paru long sur la fin. L’embourbement général, les difficultés d’existence qui s’accumulent pour tous les personnages, le délabrement inéluctable qui ronge chaque vie et tous ces sentiments forts, beaux, enthousiasmants qui n’ont finalement que peu d’incidences sur les réalités et le grand chambardement politique, m’ont mis le moral à zéro – l’histoire se répète.

[…] et, en haine du milieu factice où il avait tant souffert, il souhaita la fraîcheur de l’herbe […] (612)

Causse Noir – Roquesaltes

Causse Noir – Roquesaltes

Causse Noir – Circaète

 

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John Grisham, Le cas Fitzerald, lu par François Tavares

Te papa Tongarewa, Museum of New Zealand, Wellington GH023143

John Grisham a mis tellement de littérature dans le thème de son intrigue qu’elle ne pouvait que faire vibrer mon champ émotionnel. Addictif par son atmosphère, ce livre audio s’écoute tout seul. Le suspens n’est pas formidable, mais les personnages sont assez hauts en couleur pour qu’on s’amuse. L’alternance entre des séquences rapides aux moments du cambriolage et de la transaction finale, et un rythme langoureux sur l’île de Camino, reste en harmonie avec le lectorat visé, qui n’est pas forcément féru d’histoires de gangsters. En amoureuse des livres et des librairies, j’ai déniché dans cette écoute tous les ingrédients nécessaires à un cinéma intérieur vibrant et riche d’images.

 

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Un bon sol pour mon jardin – Brunhilde Bross-Burkhardt

Causse du Larzac, canalettes

Le poids des excréments de lombrics a été mesuré en divers sites d’exploitation. Pour la terre de jardins, il s’élevait à 100 quintaux par hectare et par an. (63)

Contrairement à son sujet, le ton est aride, comme un cours de fac, les photos sont prises au naturel. Il n’y a ici aucune tentative de séduction excessive et colorée comme dans de nombreux livres consacrés au jardinage. La plupart des chapitres sont fouillés, les informations sont précises et chiffrées. Texture, structure et organismes du sol sont particulièrement bien décrits. Les chapitres sur le paillage et les engrais verts sont riches et solides. C’est la première fois que je vois un auteur émettre des réticences à propos de la paille utilisée comme couverture du sol autour des légumes. Comme souvent, je regrette que mes chères amies les limaces ne soit considérées que comme des nuisibles et des ravageuses à éliminer. Leur contribution positive à l’écosystème du potager est pourtant bel et bien avérée. J’ai déjà parcouru plusieurs ouvrages sur le sujet alors je n’ai plus l’enthousiasme de la découverte. Il me semble qu’il offre un bon compromis entre Révolution au potager de Guylaine Goulfier – chaleureux, vivant, entraînant – et Les clés d’un sol vivant de Blaise Leclerc – sec et militant. Me manque toujours un chapitre visuel et précis sur l’enracinement des légumes et fleurs – profondeur, horizontalité ou verticalité, compatibilités. J’aimerai voir la vie des plantes du potager par en-dessous. Et la vie des maladies dans le sol par la même occasion. Au vu du titre, je m’attendais à une vue plus plongeante, on reste finalement beaucoup à la surface.

Causse du Larzac

Causse du Larzac – Canalettes

Causse du Larzac – Canalettes

Causse du Larzac – Canalettes

 

L’air absorbe le dioxyde de carbone (…) provenant de la respiration des organismes du sol et des racines ainsi que de la décomposition des matières organiques. Cet air contient donc bien plus de CO2 que l’air atmosphérique. Ce pourcentage ne doit toutefois pas être trop important, car les plantes cultivées ont besoin d’un air contenant au 15% d’oxygène. C’est pourquoi il est nécessaire d’ameublir le sol, pour que l’air riche en oxygène de l’atmosphère puisse se répandre dans les pores. (37)

 

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Les arbres amoureux – Stéphane Hette, Frédéric Hendoux

Causse Noir, Roquesaltes

Avec ses pétales saumonés soudés en deux lèvres ouvertes sur le long tube de la corolle, son parfum suave et sa floraison estivale, le chèvrefeuille des bois ne laisse guère planer de doute sur son mode de pollinisation : les insectes. Mais ce dandy des bois ne reçoit pas n’importe quelle gent ailés. Il réserve son cru à qui montrera une trompe digne de ce nom, suffisamment longue pour accéder au nectar caché au fond du tube profond et étroit. (131)

Cela ne saute pas aux yeux de prime abord, mais cet album est porté par un souffle érotique espiègle et pénétrant. Pistils et étamines dressés dans l’attente d’une fécondation, stigmates écarlates du noisetier aussi sensuels que la pieuvre de Hokusai, chatons suintant une petite goutte visqueuse trahissant la maturité de l’ovule et nous voilà dans tous nos états, l’esprit et le corps bouleversés d’émois. Les photos sont suggestives à souhait avec leurs couleurs éclatantes et leurs détails intimes. Les textes prennent la liberté de nous affoler délicatement les sens – tout en restant sobrement sérieux et concentrés sur leur sujet.

N’est-il pas étonnant qu’un organisme mobile et doté d’un cerveau soit ainsi manipulé par un autre organisme, immobile et dépourvu de méninges ? (10)

Avec la sève qui déboule de toutes parts en ce mois de mars, c’est une lecture qui donne envie de se rouler dans le pollen, de se couvrir de pétales, de se laisser embobiner par les organismes dépourvus de cerveau, de faire l’amour avec le printemps.

Causse Noir – Roquesaltes

Roquesaltes – Grand corbeau

Roquesaltes – Anémone pulsatille

 

Si l’on regarde avec attention ce rôle des animaux dans la sexualité végétale, représentée par les fleurs et les fruits, ceux qui savent mettre de côté leurs préjugés zoocentriques comprendront que la plante manipule l’animal. En effet, celui-ci n’a en tête que deux idées majeures, manger et copuler. Aussi est-il facile, exploitant ces deux tendances, de la gouverner par le ventre – ou le bas-ventre. (8)

 

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Gabriel Tallent, My Absolute Darling, lu par Marie Bouvet

Gallica, Bibliothèque nationale de France btv1b8577566w

Marie Bouvet se glisse dans la violence du roman d’une voix douce et intense. Elle interprète la première scène d’inceste – fondatrice et saisissante – avec sensualité, en faisant ressortir les aspects du plaisir. Elle en fait une pièce centrale sans cacher l’ambivalence des sentiments, ce qui frappe le cœur du lecteur par son authenticité. C’est aussi ce qui donne sa force au roman. Aucun jugement n’est émis sur les actes de … On suit l’évolution mentale de Turtle au plus près. La faille permanente, le moindre trébuchement qui peut être fatal. La peinture psychologique est puissante et juste. Et la fin ne fait pas concessions, ne cherche pas à nous rassurer et à nous prendre dans ses bras pour nous dire que la vie est belle et que les choses s’arrangent toujours. Les blessures restent vives dans la chair et le potager ne fonctionne pas malgré tous nos efforts… trouver la paix nécessite un long chemin intérieur à parcourir.

 

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Agatha Christie, Le second coup de gong

Gallica, Bibliothèque nationale de France btv1b70030121

J’ai vraiment l’impression d’avoir perdu mon temps. Le fantastique, chez Agatha Christie, ne casse vraiment pas des briques. L’histoire du chien est une berquinade affligeante. La dernière nouvelle rampe aussi bas que les mauvais mélos de boulevard. Quant au reste des intrigues plus ou moins policières, elles sont sans grand intérêt. Le tout donne l’impression de brouillons de mise en train ou de nécessités de faire rentrer de l’argent et de la notoriété vite emballées.

 

 

 

 

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David Lagercrantz, Millenium 5, La fille qui rendait coup pour coup, lu par Pierre Tissot

Te papa Tongarewa, Museum of New Zealand, Wellington 1992-0035-2278/122

Le fond est limoneux, David Lagercrantz jette l’ancre et déroule son histoire autour. Dans les premiers temps, Lisbeth et Mikael sont fidèles à leur nouvelle essence. Les personnages secondaires ont du cran et de la présence. Le tambour bat un rythme entraînant sans solos inutiles malgré un thème peu original. Le plaisir commence à se gâter autour de la mort de Léo. Le texte et le lecteur – on s’était habitué à Emmanuel Dekoninck, le changement est un peu perturbant – se liguent pour faire basculer l’histoire dans la dissonance. Daniel paraît complètement balourd en la circonstance, son ton est enfantin, larmoyant et moutonnier, la perfidie de Rachel Grets est caricaturale. La tonalité doucereuse et lénifiante de l’interprétation, à laquelle je m’étais habituée, irrite. David Lagercrantz commence à saler le café quand Plague se résout à collaborer avec la police. Il y jette une pleine poignée de poivre moulu avec le discours de Lisbeth sur la défense des opprimés – le fin fond du ridicule – et achève de gâcher son roman avec l’ouverture finale, maladroite et bâclée sur le troisième tome (sans oublier, dans la même veine commerciale, la pub pour Ikéa qui traîne dans les pages). Un dernier tiers imbuvable.

 

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