Jeanette Winterson, Pourquoi être heureux quand on peut être normal

Jeanette Winterson, Pourquoi être heureux quand on peut être normal

L’écriture est bordélique. Jeanette Winterson dévide son fil comme un chat déroule une bobine. Ça s’entortille, ça fait des nœuds, ça repart de façon linéaire, pour un temps, à l’image de la mémoire, dynamique et modulable. L’auteur utilise la fiction comme mode de survie. À l’instar d’Elizabeth Munro, elle mêle fiction et réel, construit une autobiographie où l’imagination a une grande part de liberté. C’est apparemment une technique littéraire à part entière, car Jeanette Winterson l’évoque en rapport avec ses études, citant Virginia Woolf et Steiner.

Je préfère continuer de me lire comme une fiction que comme un fait. (182)

Ce parti pris de départ, qu’elle manipule avec maestria, lui permet d’évoquer cette mère dont les proportions sont approximatives et instables, dont la façon d’emplir l’espace se modifie selon les situations émotionnelles et relationnelles. Il y a aussi des passages superbes sur la folie, autour de la page 200. Elle évoque ses séances de folie avec humanité et amitié.

Un coup de foudre total.

 

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Serge Brussolo, La planète des ouragans

Serge Brussolo, La planète des ouragans

Un bouquin pris au hasard dans les rayons poussiéreux d’Emmaüs qui s’est révélé être de la science-fiction comme je rêvais d’en lire depuis longtemps : habitée par une puissance d’évocation époustouflante.

L’auteur vit ce qu’il écrit. Pas besoin de longues explications ni de mises en place plan-plan. On est d’emblée projeté dans l’écosystème du livre. Une écriture servie par une poésie flamboyante nous met face à l’horreur sacrée de ce qui est.

Serge Brussolo part d’une idée simple : imaginons une planète balayée par des vents meurtriers. Il brode là-dessus un monde apocalyptique, dépeint une humanité déliquescente où les secte religieuses les plus diverses foisonnent dans un délire philosophique aussi dévastateur qu’inventif. Gare à ceux qui chercheraient à préserver leur intégrité ! La lucidité est un danger mortel dans un tel univers. Les êtres qui s’y essaient, cantonnés de galeries claustrophobiques en muséums-cerveaux où la profusion des objets met en déséquilibre les chemins du mental, n’en sortent pas indemnes. Seule la voie de la survie finit par être offerte.

 

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Elizabeth Goudge, L’enfant venue de la mer

Elizabeth Goudge, L’enfant venue de la mer

Le maintien de la vérité est si difficile.

Une littérature que j’ai longtemps tenue pour « du roman de grand-mère à l’eau de rose » avant que je ne finisse par aller au-delà de mes préjugés sur des instances amicales.

Elizabeth Goudge, c’est d’abord une écriture de la grâce et de l’initiation intérieure; une immédiate poésie portée par la liberté des grands espaces et de l’étendue du ciel.

On se retrouve en général dans des histoires d’amour follement romanesques, mais si bien écrites qu’on se laisse enchanter par l’atmosphère; des histoires de princes et de princesses sans mièvrerie.

De prince il s’agit ici effectivement, et plus précisément du futur roi Charles II d’Angleterre. L’aspect historique court tout au long du roman mais en filigrane. Cela ne gène nullement la lecture si on ne s’y intéresse pas. Après quelques recherches je me suis d’ailleurs rendue compte que l’auteur avait beaucoup romancé les faits historiques, et notamment les caractères des protagonistes principaux.

Malgré la magie des débuts, la confrontation de la grâce et de la réalité ne se fera pas sans dégâts…

 

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