Dana Stabenow, À pierre fendre

Côte méditerranéenne, Vendres-plage

Emporté en vacances à la plage et en bungalow, le contraste climatique s’est avéré très plaisant. Le bush alaskien et ses Aléoutes ont pu prendre vie en toute indépendance dans mon esprit. Le roman est écrit d’une main vigoureuse ce qui, du coup, confère rapidement aux protagonistes une présence charnelle. Par contre, les corps se déplacent parfois sans transition. On croit que quelqu’un est assis sur une chaise et quelques lignes plus loin il est en train d’ouvrir une porte alors qu’il ne s’est jamais levé ! Je visualise également mal comment on peut s’extirper d’un engin de chantier à quatre pattes, puis, toujours dans la même position, traverser un parking tout en tenant une poupée gonflable dotée de proportions stupéfiantes !

La propriété de Mandy Bake (…) paraissait mal tenue en dépit de la couche de neige immaculée qui la recouvrait (45)

La propriété n’avait pas changé en trois jours. Ici non plus, il n’avait pas neigé. (210)

Nonobstant ces maladresses, c’est un polar dont le goût se prolonge en bouche. Pour une fois, le quatrième de couverture dit à peu près vrai. Il y a une parenté en écriture avec le sens du décalage et l’humour nonchalant de Craig Johnson. Avec ceux de Jorn Riel aussi. Concernant la comparaison avec Tony Hillerman, je suis beaucoup plus circonspecte. Copper river n’existe pas, j’ai vérifié sur les cartes. La présence du pays n’est pas très forte, je n’ai pas ressenti le désir de m’y incarner, comme chez l’ami des Navajos. L’intrigue n’est pas fantastiquement complexe ni mystérieuse mais je pourrais revenir vers la série par sympathie pour Kate et Mutt… et pour me rappeler et garder un lien avec mes merveilleuses vacances !

Vendres-plage – Lever du soleil

Vendres-plage – Au lever de soleil

Vendres-plage – La lune au lever du jour

Vendres-plage – Lézard

 

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Alice Munro, La danse des ombres heureuses

Côte méditerranéenne, Vendres-plage

J’ai pris une fois de plus un grand plaisir à entrer dans l’univers d’Alice Munro. Les deux premières nouvelles m’ont particulièrement enveloppée. Le cow-boy des frères Walker se déroule à ras d’enfant navigant à vue dans le flou mystérieux qui entoure la vie des adultes, dans cette campagne des années 30 où jouer au marchand de couleurs s’avère difficile tant la poussière prend le pas sur l’herbe verte. La danse des ombres heureuses est quant à elle un petit bijou de perfection, de ces nouvelles qui donnent toute leur brillance et tout leur sens à ce genre littéraire, en expriment la quintessence et font s’épanouir le coeur ému de la lectrice. Progression du récit, présence des personnages, tonalité d’une époque, chute à la fois saisissante et qui en dit long, tout est parfait.

Alice Munro saisit ce qui a du sens dans le flot de réalité, comme ces bottes exhalant une odeur compliquée de fumier, d’huile de machine, de vase durcie. Elle sait retranscrire ce qui, dans la succession de nos perceptions, va prendre assez d’importance pour habiter notre environnement, intérieur et extérieur, construire notre histoire personnelle et nous donner des directions vers où diriger nos pas. Vision parcellaire, toujours. Nous parcourons l’existence à tâtons. Mais il faut bien, pourtant, avancer hardiment.

Vendres-plage – Lever du soleil

Vendres-plage – Aigrettes

Vendres-plage – Aigrettes

Vendres-plage – Aigrettes

Vendres-plage – Aigrettes

 

Le problème, le seul problème, c’est ma mère. Et c’est elle, bien sûr, que je cherche à cerner; c’est pour l’atteindre que tout ce parcours a été entrepris. A quelle fin ? Pour la délimiter, la décrire, la mettre en lumière, la célébrer, m’en débarrasser : cela n’a pas marché, car elle m’écrase de se proximité, comme elle l’a toujours fait. Elle est lourde, comme toujours, elle est accablante, et pourtant elle est floue, ses contours fondent et coulent. Ce qui signifie qu’elle s’est attachée à moi aussi étroitement que jamais et a refusé de s’écarter : je pourrais continuer, continuer, faisant appel à toutes mes capacités, utilisant les subterfuges que je connais, et il en serait éternellement de même. (140)

 

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Peter Dempf, Le mystère Jérôme Bosch, lu par Pierre Fesquet

Statens Museum for Kunst, Copenhague KMS7710

Les maladresses associées de l’auteur et de l’interprète – qui sourit pour clarifier sa voix ce qui donne parfois une tonalité incongrue – font de ce livre audio un objet plutôt sympathique. Je me suis laissée prendre à l’atmosphère de Bois-le-Duc. Le fourmillement frénétique religieux qui agite rues, esprits et cathédrales en ce seizième siècle est plutôt intéressant en début d’écoute. Peter Dempf, en historien fouisseur, s’amuse à manier les théories et suppositions attachées à la personne et à l’oeuvre de Jérôme Bosch. L’incertitude qui les entoure lui permet un certain décalage romanesque, on sent qu’il ne prend pas son propre montage très au sérieux. Malheureusement, plus le récit avançait plus mon pas pour revenir vers lui devenait lourd. Le manque d’un fil conducteur motivant, la mollesse du récit, l’arythmie de l’intrigue, la banalité de l’écriture, l’enjeu brumeux, le peu de fiabilité historique m’ont lassée. Abandon par ennui profond.

 

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Michel Tremblay, La traversée du continent

L’expérience avait bien commencé. La maison enroulée dans une galerie couverte, offrant la sécurité d’une promenade nocturne sans risque d’égarement dans les immenses champs de céréales qui la cerne, m’a ouvert ses portes fort amicalement. Mais tout s’est rapidement gâté. La naïveté a commencé à éclabousser les jolies scènes, puis les tantes à gros traits ont fait leur entrée. Régina l’acariâtre qui joue malgré tout divinement du piano, la terrible et aimante Babette affublée d’un pachydermique mari suicidaire,… et les autres dont je n’ai pas du tout eu envie de faire la connaissance. La courageuse petite fille dont j’ai oublié le prénom découvre à chaque fois la beauté intime de ces êtres insupportables, le vice caché de leur vie qui les a fait tels qu’ils sont aujourd’hui et qui fait qu’on peut les aimer quand même, un peu à la manière de Kirikou, mais en moins subtil et poétique. C’est rond, c’est chaud, c’est surtout accablant de mièvrerie et exaspérant de bons sentiments imbuvables. J’ai passé mon chemin.

 

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Roland Dubillard, Je dirai que je suis tombé

Causse du Larzac, rocs du Lauradou

Si tu veux développer ta patience;
Si tu veux acquérir cette gigantesque patience
De te supporter toi-même assez longtemps
Pour mourir à la fin paisible et détendu;
Si tu veux, en un mot, devenir le tuyau
Qui ne se noue aucunement au passage de l’eau,
La digérant par siècles sans détour,
Et sans cette sorte de nœud
Que font les gorges qui s’étranglent;
Si la patience est un but
Pour toi, ou simplement une vertu précieuse;
Alors, mon fils, il te faut d’abord te pencher
Patiemment sur l’ardu problème du nœud.
(300)

Des clous, des cailloux, des tournevis, des armoires, tout un bric-à-brac en proie au désarroi apparaît au fil des phrases, s’en va, revient; une récurrence de sonorité ? Pour le sens symbolique que Roland Dubillard y attache ? Sa poésie est un chaos. Mais un chaos englobé dans la cohérence d’un univers. On reconnaît sa patte au premier coup d’œil, puis on se perd. On croit momentanément comprendre une idée, une intention, une histoire, las, la phrase qui suit contredit tout. Roland Dubillard déconstruit, éparpille les cubes, les réassemble dans le désordre, mélange objets et crise existentielle, fait des pieds et des mains. Des pieds retords qui partent toujours dans des directions différentes, des mains légères qui s’envolent dans l’air. Il faut se résoudre à ne pas raisonner. Saisir un peu d’absurde grinçant, jouir des jeux de langues, écouter la musique. Il n’est pas sûr qu’il veuille toujours dire quelque chose. Mais on se sent quand même face à quelque chose de familier, même quand on lit : son caverneux du carporel encorné d’histoile. Il y a là-dessous un presque-signifiant, bien que pas tout à fait. L’évanescence des êtres et des objets imprègne peu à peu notre atmosphère mentale. La persistance de la lumière, la disparition du chat qui n’a pas conscience de son absence. La vie pèse lourd chez Roland Dubillard, mais elle coule aussi, fluide, vive et liquide. Ce qui parfois fait naître des fulgurances sous sa plume.

je suis celui qui toujours vous reconnaîtra :
Aiguille, mais la plus aiguille
entre toutes les aiguilles;
pomme d’arbre, île d’archipel,
et parmi les oiseaux irréels
le réel oiseau de mes ailes.
(105)

Causse du Larzac – Fritillaire

Causse du Larzac – Lézard vert

Falaises de Saint-Beaulize – Lézard à deux bandes

 

Et je compris qu’heureusement les feuilles
ne me demandaient pas de les assister dans leur crue,
ni les pavés dans leur tendresse et ni les chaises dans leur paille,
et ni les yeux dans leur regard.
Et j’ai senti soudain des kilos de cerises
quitter ma tête et rentrer dans les cerisiers.

Et le souci de mes empreintes
a quitté mes pieds pour le sable.

J’ai passé mon chemin je m’en souviens à peine.

Une musique belle et triste,
pareille à moi parmi les arbres
pendant que je marchais passait
sans le rendre ni beau ni triste
à travers un trombone en cuivre.
(70)

Les choses

Les choses qu’on enlève;
Les choses qu’on arrache…
Et les choses qui viennent
Au moindre signe…

Et celles qui se précipitent
Par désespoir
Dans le gosier rotatif du hachoir…

Choses qui pèsent
Et qui jamais n’arrivent à tomber…

Roues dont les rayons rayent derrière elles
Le marbre précieux de la table et du ciel…
(142)

Le chat

Ce chat, qui n’avait rien gardé de ses gouttières,
Allant sans but, à travers nos jours ordinaires,
Tout à coup disparut, sans qu’on s’en aperçût.
On ne s’en aperçut qu’alors qu’il n’était déjà plus qu’un chat à l’imparfait.
Lui-même avait-il senti qu’il disparaissait,
Et reniflé ses traces derrière lui ?
Ou bien ne se souciait-il que de réapparaître ailleurs ?
Mais alors sans se souvenir d’avoir jamais été que ça :
Cette disparition ? Disparition de rien.
Par une nuit d’ennui, sans aventure,
Sans regret et sans la moindre tentation de se rappeler, dans ses moustaches,
A qui maintenant peut-être il allait se mettre à manquer…
(153)

Si tu veux développer ta patience;
Si tu veux acquérir cette gigantesque patience
De te supporter toi-même assez longtemps
Pour mourir à la fin paisible et détendu;
Si tu veux, en un mot, devenir le tuyau
Qui ne se noue aucunement au passage de l’eau,
La digérant par siècles sans détour,
Et sans cette sorte de nœud
Que font les gorges qui s’étranglent;
Si la patience est un but
Pour toi, ou simplement une vertu précieuse;
Alors, mon fils, il te faut d’abord te pencher
Patiemment sur l’ardu problème du nœud.
(300)

 

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Jean-François Parot, Le prince de Cochinchine, lu par François d’Aubigny

Gallica, Bibliothèque nationale de France btv1b105083216

Un épisode obscur et brouillardeux, de ces stratus nebulosus opacus qui collent jusqu’à l’intérieur des poumons. Evénements, tenants et aboutissants, sont constamment perdus dans le flou, rien n’avance, les extrapolations nébuleuses se perdent en conjectures, les dialogues tournent en rond autour des mêmes questions. Menées souterraines, bourbiers politiques, je me suis perdue dans la masse des fourbes hollandais, des anamites sournois et de la crapaudaille du Duc d’Orléans. Les prémisses de la Révolution et la perte de crédit de la monarchie instillent un climat délétère sur lequel Jean-François Parot appuie avec un peu trop de constance. Seule cette épaule meurtrie au fer rouge a su faire frémir mon coeur de lectrice énamourée et La Paulet me faire sourire par son intermède comique et léger. Sans oublier la petite souris… pour le reste, à l’instar de Noblecourt, j’ai eu l’impression d’être mise à un régime de courge bouillie agrémentée de sauge.

 

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Théïa des Jardins, Pascale Binant – Caïaponia

Vabres l’Abbaye, tombes wisigothiques

J’avoue une certaine perplexité devant ce livret poétique à la couverture souple. Il faut bien avouer, pour commencer, que je m’attendais à recevoir un livre tel qu’on l’entend généralement : un objet avec une couverture rigide offrant plus de vingt-six pages de lecture et d’illustrations. Mais soit, en amie des éditions du Bon Albert, mon intégrité m’incite à garder le coeur ouvert face aux initiatives qui sortent de l’ordinaire. Le mystère entretenu autour de l’auteur du texte, Théïa des Jardins, m’a également un peu agacée. Une posture artificielle qui n’apporte pas grand chose. L’avatar artistique de Pascale Binant ?

Les illustrations sont plaisantes, lacis de traits dans lesquels on devine parfois un homme, parfois un soleil, mais la plupart du temps rien d’évident. Un chemin de signes qui touche par sa simplicité bavarde, son interaction directe avec la réalité. Un langage minéral des origines avec lequel nous poursuivons un échange à travers ses différentes manifestations de par le monde. Théïa des Jardins s’engage sur la voie de la résonance intérieure en faisant vibrer sensations et intuitions. Elle emprunte le chemin du rêve. Le symbolisme de la délicate boule de boyau animal, soigneusement protégée, recroquevillée et insondable, à la fois peu attirante, décevante et stimulante, parle à mon imagination. On goûte pendant un instant l’essence de toute quête, cette succession de découvertes qui ne dévoilent sur le moment ni l’ampleur de leur importance ni leur nature profonde. Il y aurait eu là une porte à ouvrir sur la transcendance, sur la continuité de cette conscience humaine que nous partageons et qui nous distingue des autres règnes, ce mystère qu’est l’existence, malheureusement Théïa des Jardins passe à côté de cette ouverture et revient à de simples considérations personnelles, banales et sentimentales. Elle parle d’un rêve de vie autant que de mort, mais sans mourir à elle-même. Elle ne fait que suivre des petits cailloux blancs au lieux de les faire exploser dans toutes les directions pour révéler la vacuité essentielle. Dans une quête de connaissance au sens noble du terme, se fondre dans une appartenance tout en restant attaché à notre subjectivité ne suffit pas, seule l’audace de se dépouiller pour expérimenter l’au-delà de l’identité et de l’individu permet une véritable rencontre hors du temps.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

Vabres l’Abbaye – Chez les Wisigoths

Vallée du Dourdou – Tombes wisigothiques

Vallée du Dourdou – Tombes wisigothiques

Vallée du Dourdou – Tombes wisigothiques

Tombes des Wisigoths – Accouplement de lézards des murailles

Vabres l’Abbaye – Lézard vert

Vabres l’Abbaye – Sérapia

 

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Dans la peau des lézards de France – Françoise Serre-Collet

Causse Noir, Roquesaltes

Moi qui regarde parfois d’un œil éteint les lézards des murailles à l’affût à moins d’un mètre de moi en me disant qu’il n’y a plus rien à inventer avec eux au niveau photographique, me voilà bien démentie. Il faut croire que je ne les aime pas aussi intimement que Françoise Serre-Collet. Les portraits qui illustrent cet album sont superbes. Ils sont à la fois esthétiquement beaux, puissants à regarder et en plein dans la réalité de nos amis squamates, les regards transpercent la page. Alors que les ouvrages sur les chats, chiens et autres chevaux abondent, quantité d’êtres vivants restent à la marge et ne bénéficient que de l’intérêt de leurs spécialistes. Quel bonheur, pourtant, que de pouvoir plonger dans un nouveau sujet de curiosité. Ces animaux familiers et communs – pour ce qui concerne du moins les lézards des murailles, certains autres selon les régions et les habitudes de chacun – ont une vie qu’on connaît peu. Qui sait qu’ils bénéficient d’un troisième œil au sommet de leur crâne ? Qu’ils ont une ouïe très fine ? Que le potentiel de séduction des lézards à deux raies est fonction de leur rayonnement ultraviolet ? Ou que les orvets fragiles sont vivipares ? En tout cas, lors de mes prochaines vacances au bord de la Méditerranée, j’ouvrirai l’œil, plusieurs de nos espèces hexagonales ne vivant que par là-bas, comme la si singulière tarente de Maurétanie, et même, j’ouvrirai l’oreille pour saisir le cri du psammodrome algire..

Causse Noir – Roquesaltes

Causse Noir – Roquesaltes

 

Une fausse croyance associe les lézards aux dinosaures. Elle vient de l’étymologie du mot « dinosaure » (du grec sauria, « lézards », et dino « terribles »), une appellation donnée en 1842 par le paléontologue Richard Owen. Les dinosaures font partie des archosauriens (du grec archos, « ancien », et sauros, « lézards »), qui regroupent actuellement les crocodiles et les oiseaux. Aujourd’hui, on n’appelle plus les lézards des sauriens mais des lépidosauriens (du grec lepido, « écailles », et sauros, « lézards »). (11)

L’hiver, sous nos latitudes, les lézards entrent en latence hivernale (hivernage), ils se cachent dans des terriers, des cavités, seuls ou en groupes. Ces lieux d’hivernage sont appelés « hibernaculum ». (14)

Beaucoup de propriétaires de chats se demandent s’il est dangereux pour leur animal de compagnie de manger des lézards. Certains pensent qu’il va maigrir, avoir la diarrhée, des vers, ou s’empoisonner avec un produit toxique que le lézard aurait sur la peau… Malheureusement, les lézards sont comestibles et non toxiques. L’ingestion d’un lézard par un chat est préjudiciable au lézard et non au chat. (116)

 

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40 promenades botaniques pour ne plus jamais confondre narcisses et jonquilles – Marie-Jeanne et Alain Génevé

Cirque de Navacelle, dolmen de la Prunarède

Un chemin creux est une voie de passage délimitée par deux talus arborés. Au fil des années, les agriculteurs ont déposé, le long de ces voies de circulation, les pierres et les mottes de terre qui encombraient leurs champs. La végétation s’y est ensuite installée progressivement. (40)

A chaque page se dévoile un bout de sentier, un coin de prairie, un horizon de montagne. On traverse les milieux en écartant les herbes, scrutant les arbrisseaux, caressant les fleurs du regard. Ce guide a le charme d’une balade champêtre. Il observe ses sujets en tête-à-tête, à leur hauteur de plantes, en leur nudité photographique. Pas de recherche esthétique dans les portraits, seule la juste identification inspire les auteurs. Il me faut tout de même noter que certaines légendes sont inversées, ce qui peut ajouter un goûteux artisanal à l’ouvrage mais reste tout de même embêtant quand on a décidé de lui faire confiance.

Que de plantes connues de vue, ou qu’on croit reconnaître, dont il faudrait vérifier la forme des feuilles, familières certainement, mais qui se fondent dans une mémoire visuelle où l’on a jamais fait le tri. Le monde mystérieux des arbustes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux, surtout, interpelle – amélanchier, alisier, troène – et celui des graminées dans lesquelles on s’est souvent roulés – ray-grass, fléole des prés, dactyle aggloméré, brize, brome stérile. Nommer pour mieux habiter le monde, avec plus d’acuité.

L’orchis blanche me fait rêver… encore une quête – à l’instar de celle du sabot de Vénus – qui va couler dans mes veines jusqu’à l’orée de ma disparition ou de son inopinée réalisation…

Dolmen de la Prunarède – Flambé

Dolmen de la Prunarède – Flambé

Dolmen de la Prunarède – Narcisse d’Asso

Dolmen de la Prunarède – Paon de nuit

 

L’eau sert de véhicule à de nombreuses plantes. Les fruits de l’aulne glutineux (Alnus glutinosa) ressemblent à de petits cônes de pins compacts. Entre les écailles ligneuses se logent des graines ailées qui resteront en place tout l’hiver. Au printemps suivant, une partie des graines se retrouvent à la surface de l’eau. Elles flottent sans problème sur les vaguelettes et peuvent naviguer sur de grandes distances avant de se fixer sur les berges. (226)

 

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Atlas des nuages – Julie Guillem

Causse Noir, Roquesaltes

Je ne pensais pas trouver, dans un livre jeunesse, une information aussi porteuse. Mon très sérieux Nuages et autres phénomènes célestes de Hans Hackel me laisse parfois songeuse et les pages aériennes de cet atlas sont venues avec profit alléger mes questionnements. Les ouvertures célestes en pleines pages, douces et cotonneuses (peut-être un peu trop cotonneuses par rapport à la réalité, comme ces cumulus humilis sans forme définie), sont entrecoupées de schémas d’identification à la fois essentiels et complets. On y est, on nage la brasse dans la troposphère. Reste que la perception des distances, en situation réelle, est toujours problématique : nuage bas, moyen ou haut ? C’est entre ces strates que le doute s’insinue. Mais je progresse…

Roquesaltes – Circaète Jean-le-Blanc

Causse Noir – Roquesaltes

Roquesaltes – Vautour fauve

 

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