« La Vision Limpide », “Le sens profond”

« Les lents mouvements de la Terre semblent se produire dans un autre monde, séparés de la vie par un abîme de temps et d’échelle physique. C’est déjà un sacré défi lancé à notre faculté de compréhension. Mais il y a dans cet abîme une réalité plus insondable encore, c’est le fil qui le traverse, le lien ténu entre la brièveté de la vie et l’incroyable longévité de la pierre. Ce fil est tissé par la fécondité tenace de la vie. Mis bout à bout, les minuscules brins d’hérédité qui relient la mère et l’enfant remontent à des milliards d’années.

Ils s’enroulent année après année, se ramifient parfois en nouveaux fils, parfois se rompent définitivement. Jusqu’ici, la diversification à l’intérieur du fil a marché du même pas que l’extinction, et les puces mortelles qui s’agitent sur les dieux de pierre immortels ont acquis une immortalité contingente bien à elles. Mais chaque toron de la corde est engagé dans une course entre la procréation et la mort. La puissance générative de la vie a été assez grande pour gagner la course année après année depuis des millénaires, mais la victoire finale n’est jamais assurée.

(Hozho, « Déités de l’Arc-en-Ciel » dans la “Voie de l’Eau” peuples Navajo)

Le mandala ne représente qu’un point le long de ce fil. Le reste de l’abîme est enjambé par les ancêtres et les descendants des espèces présentes ici. Aucun de ces êtres vivants ne connaîtra jamais vraiment l’immensité du temps géologique. Il est donc facile d’oublier ou d’ignorer cette immensité et de supposer que notre cadre de vie physique est immuable, “fixé dans la pierre” »

« Un an dans la Vie d’une forêt », David G. Haskell, Éditions Flammarion© 2014

– p. 134/35

Première partie

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Des rapports de la proprioception
avec
“l’esprit-résidant”

Proprioception* et “l’esprit-résidant”** d’un organisme ; organisation et communication de l’un à l’autre.

Les phénomènes organiques et leur nécessaire “vacuité”, leur inséparabilité dans la coémergence ?

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*

Proprioception :

Perception qu’a l’homme de son propre corps, par les sensations kinesthésiques et posturales en relation avec la situation du corps par rapport à l’intensité de l’attraction terrestre.

Kinesthésie :

Sens du mouvement ; forme de sensibilité qui, indépendamment de la vue et du toucher, renseigne d’une manière spécifique sur la position et les déplacements des différentes parties du corps.

**

“l’esprit-résidant” : il est par nature “paisible dans sa stabilité” (voir p. 135 [« L’Espace du Tantra » ; Lama T.Yéshé])

(Lama Thoubten Yéshé)

Conscience de fondation (ou fondamentale) ; fonction remplie : pénétrer la nature universelle de la réalité. Celle-ci est le plus souvent empêchée par le surgissement continuel de multitudes d’états d’esprit grossiers, suscitant l’émergence répétée de projections distordues et de confusion, dans l’expérience d’une vie ordinaire, qui ne communique pas avec l’expérience “du grand silence” intérieur, recueillement. Dans la sérénité qui en résulte, alors seulement se révèle cette conscience originelle fondamentale, “l’esprit-résidant”.

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Le cosmos et les origines de la vie

Au sein du cosmos la vie a ses origines dans un brassage de : calcium – fer – souffre, trois éléments indispensables au développement de la Vie, répartis sur d’immenses distances à travers l’univers.

La Terre est dans « une zone galactique habitable » [zone à faible rayonnement cosmique] qui est favorable au développement de la Vie.

(la nébuleuse Veil)

La vie n’est pas apparu au “hasard”, elle est une donnée de base cosmologique.

— eau et molécules organiques* sont essentielles au développement de la vie telle que nous la connaissons, or il se trouve que certaines météorites portent les deux !

— les astéroïdes sont tous constitués d’éléments essentiels à la vie.

(chondrites – cristaux de sel bleu)

Ainsi, ces astéroïdes peuvent atteindre en l’état intact, la surface de la Terre ; entre 60 et 100 tonnes de météorites parviennent quotidiennement sur la Terre.

Le vivant est composé de cellules séparées par des membranes (longues chaînes carbonées) qui se retrouvent dans l’ADN et l’ARN (L’acide ribonucléique (ARN) est un acide nucléique présent chez pratiquement tous les êtres vivants, et aussi chez certains virus. L’ARN est très proche chimiquement de l’ADN), celles observées dans ces météorites sont de nature comparables.

— Les éléments stables sont constitutifs de la vie, et naissent d’un brassage. Les creusets matriciels réceptifs dans le cosmos sont donc envisageables (exoplanètes ?) … !

* (Une molécule est dite organique si elle est composée essentiellement d’atomes de carbone et d’hydrogène.)

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« Le cosmos et les origines de la vie » ZDF/Autentic Arte © 2020

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Les étapes de la conscience humaine (1)

Le corps humain se compose de 80 éléments différents, principalement : l’oxygène, le carbone, l’hydrogène et l’azote, quatre éléments issus du cosmos.

Ces éléments essentiels à la vie sont répartis de façon relativement homogène dans l’univers.

— La vie organique a une origine :

L.U.C.A. acronyme de Last Universal Common Ancestor.

Ce « Buisson-sphérique » recense l’entièreté du vivant sur la Terre

LUCA (dernier ancêtre commun universel) n’était probablement pas une cellule isolée, beaucoup d’autres devaient exister sur la Terre, sauf que c’est la seule qui ait donné “une descendance” , “descendance” de LUCA qui a éliminé toutes les autres …

L’embranchement des hominidés et l’embryogenèse se structurent dans les eucaryotes, une des trois branches principales du règne du vivant. Une autre branche, sont les bactéries, et enfin les archaea représentant la troisième branche.

— Si l’homme ne représente finalement que l’aboutissement d’une toute petite branche particulière* de l’évolution parmi tant d’autres, il n’empêche qu’il est le seul à pouvoir raconter son déroulement ! Ce qui quand même le démarque singulièrement du reste du vivant, du fait d’une telle opportunité il serait de bon aloi de mettre cela généreusement à profit !

* (Australopithèques et Paranthrope : – 2,5 millions d’années … [ doc. ; enfants de Kromdraai 49mn12s. ; « Kromdraai – à la découverte du premier humain », Ex Nihilo production – © 2021]

[« … des recherches ont permis d’établir un lien direct entre la cuisson de la nourriture, le raccourcissement de nos intestins et l’augmentation de la taille de nos cerveaux. Cuisiner sa viande aurait permis à Homo erectus de la digérer plus vite et d’absorber plus rapidement ses calories. Toute l’énergie que devaient utiliser ses intestins pour transformer une nourriture crue a ainsi profité à son cerveau, dont le nombre de neurones a pu augmenter. En gros, nos cerveaux n’auraient pas autant de neurones si nos ancêtres n’avaient pas eu l’idée de cuire leur nourriture. » (p. 43) — « La Diagonale de la Joie » – Corine Sombrun – éditions Albin Michel © mars 2021]

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« Espèces d’espèces » Ex Nihilo France 5/Arte © 2008

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Les étapes de la conscience humaine (2)

Nous autres Humains, appartenons aux espèces en symétrie bilatérale ou animaux bilatériens (groupe de l’ensemble le plus large des métazoaires : les organismes bilatéraux) qui sont essentiellement conçus pour aller de l’avant essentiellement et originellement (ordre des « cnidaires mobiles ») “motivés” pour s’alimenter….

La complexité des organes (oculaires par exemple) se construit sur des périodes de temps longues (il y a 4 à 500 millions d’années) où se développe le premier modèle d’œil primitif. L’oreille moyenne des mammifères elle, résulte d’une transformation majeure (l’organe de la mâchoire reptilienne [200 millions d’années + ou -] qui c’est muté en organe de l’audition). L’ouïe est un organe précieux chez le mammifère, il donne l’alerte dans le cas de dangers, etc …, organe donc primordial pour cette espèce dont nous faisons partie.

Les gènes qui se développent chez les vertébrés à l’état embryonnaire, sont les mêmes, en outre les programmes génétiques sont recyclés et peuvent avoir des origines très anciennes.

Il existe une grande plasticité des structures organiques dans leur évolution, par exemple chez l’humain, à l’état embryonnaire le sexe est indifférencié, et porte le programme des deux sexes.

L’ovulation cyclique de l’organe reproducteur femelle, n’est apparu que récemment dans notre évolution. Par le passé c’est l’accouplement lui-même qui était déclencheur de cette ovulation, quand les racines du clitoris féminin étaient à l’intérieur du vagin, à la différence des espèces ultérieures dont l’ovulation cyclique n’était plus dépendante de l’accouplement pour se déclencher.

Il existe aussi des “organes vestigiaux”, ce sont des organes qui se perdent dans une évolution donnée, mais peuvent potentiellement remplir encore une fonction.

L’origine de la main humaine remonte à 20 millions d’années … elle est finalement restée largement dans un état “primitif”, ou du moins très ancien, 3 millions d’années.

(Peintures rupestres Cueva de las Manos Patagonie [-13 000 ans.])

A cette période il n’y avait pas vraiment de grandes différences de volume du cerveau entre ces prè-hominiens et les grand singes, c’est le rapport cognitif induit entre cerveau et habileté des mains qui a probablement été déterminant dans son évolution.

Chaque organe sort d’un moule commun à tous les vertébrés. Ceci dit au fil du temps qui passe, ceux-ci ce sont adaptés en permanence au changement de l’environnement.

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« L’histoire secrète de notre corps » – Mona Lisa Production, Arte France/© 2018

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Les étapes de la conscience humaine

et

La chronobiologie de l’homme et ses rythmes

La vie sur la Terre est scandée par la diffusion de l’astre solaire.

(Vendres plage au lever … Hérault)

Le tempo des temps modernes depuis le XIXe siècle nous impose à nous humains, son propre rythme … dans quelle mesure pouvons-nous, nous y adapter ?

La puberté chez l’homme modifie l’horloge interne de son organisme. Le fuseau horaire de l’adolescence est par nature différent des autres tranches d’âges.

Le temps interne de l’organisme humain est synchronisé avec la luminosité du temps externe du corps.

Le manque important de lumière naturelle sur l’organisme humain a un impact négatif plus ou moins marqué selon les personnes.

La vie quotidienne est menée par trois horloges :

La première, l’horloge interne qui décide de tout ce qui se passe dans la journée dans notre corps.

Cette horloge interne suit elle-même le cycle des “heures solaires”, entre clarté et obscurité, ce qui la lie à l’horloge interne.

La troisième horloge (récente dans l’histoire de l’homme – 1884), c’est “l’horloge sociétale”.

Ainsi le temps biologique qui doit être “relancé” chaque jour, est souvent en décalage avec “le temps sociétal” et l’horloge interne se désynchronise, et selon son importance quand il n’y a plus de régularité entre le jour/clarté et la nuit/obscurité, notre organisme est dépassé !

Chronotype et puberté :

Chez l’homme, la puberté est un facteur de perturbation de l’horloge interne ; « apprendre c’est modifier notre esprit par l’usage que nous en faisons …! »

“Dormir n’est pas perdre son temps”, il se passe beaucoup de choses pendant le sommeil qui impliquent les phases de l’état d’éveil actif. Il est important d’avoir un temps de sommeil suffisant pour avoir une qualité en état éveillé (active ou pas d’ailleurs, nous verrons plus loin dans le chapitre de « la méditation »).

Nous nous laissons envahir par tout un tas de choses et d’attitudes qui nous volent “notre temps” ! Le sociétal est trop souvent un dévoreur de “notre temps”, les personnes se porteraient mieux, avec une meilleure santé, en tenant compte de cet aspect de notre équilibre organique. Or nous faisons le contraire, nous nous imposons des contraintes contre-productives aux prétextes d’un chaos menaçant si nous tenions compte des rythmes naturels … !

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« Chronobiologie – L’homme et ses rythmes » MDR-Hanfgarn/UFER Arte © 2012

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Les états de la conscience humaine

Notre véritable 6ème sens

(la proprioception)

La proprioception est en relation avec nos cinq autres sens familiers, sollicitée en permanence pour le maintien de notre équilibre, elle est difficilement perceptible, ce “6e sens” est mystérieux.

Cependant sans cette proprioception nous ne pourrions pas faire grand-chose ! Marcher sans regarder le sol, nous ne pourrions ni courir, ni sauter, sans elle nous n’aurions pas de liberté de mouvements et tout deviendrait très compliqué !

Impossible de se retrouver dans un espace donné sans le voir et s’y voir. Autant nous pouvons imaginer ce que c’est que de perdre la vue, en fermant les yeux, autant il est très délicat de s’imaginer avoir perdu le sens interne de la proprioception.

Sans la proprioception, les yeux fermés, un personne dépourvue de ce “6e sens” est perdue, tout mouvement devient aléatoire, le moindre de nos gestes s’y rattache, sans que nous ayons conscience de la complexité de mise en œuvre pour y parvenir.

Ce “6e sens” de la proprioception est fondamental, les cinq autres sens en sont dépendants. C’est ce tuteur sensoriel qui nous permet d’avoir conscience du ressenti de notre corps dans le temps et l’espace, il induit donc le sens de notre propre corporéité en tant que personne autonome.

(Ainsi l’on peut dire que la proprioception est un facteur pragmatique d’une conscience liée à notre corps)

Un récepteur proprioceptif génère des impulsions électriques.

Dans une posture allongée (plusieurs semaines), la personne n’est plus orientée verticalement avec la gravité, perdant alors coordination entre les informations visuelles et proprioceptives.

La “gravité” semble donc être un repère, une sorte de “fil à plomb” structurant la perception de notre corps dans un “espace-temps” donné. Notre corps par sa position verticale assimilée depuis la plus petite enfance est une sorte de défi à la gravitation naturelle, et pour notre cerveau elle agit comme un axe de référence autour duquel s’articule proprioception, vision et oreille interne.

Sans la proprioception nous “flottons” …, ceci nous empêchant de nous ancrer dans notre environnement. Cela induit que pouvoir toujours nous situer implique la génération du “sens” de l’existence humaine, question qui en fin de compte reste ouverte. “Exister” signifiant “sortir de …, apparaître”, et au-delà du corps discerner les limites de notre être corporel par rapport aux autres et à “notre monde”. Ainsi la proprioception nous permet d’exister parce-qu’elle crée la frontière entre ce que nous sommes et “l’espace-temps” autour de nous.

Il y a une véritable maturation de la personne depuis sa naissance, le schéma corporel met du temps à se mettre en place pour que notre cerveau arrive à intégrer toutes les informations nécessaires à ce schéma, à l’âge adulte.

La pleine maîtrise de notre schéma corporel est très étroitement liée au temps d’acquisition de notre sens proprioceptif qui est optimal autour de 23 ans, c’est à cet âge là que le jeune adulte possède naturellement une représentation mentale élaborée des possibilités de son corps.

La projection mentale en action ; exercice de sa visualisation en fermant les yeux dans une actualisation virtuelle. Ceci permet de créer des automatismes quand tout va trop rapidement en action pour avoir le temps d’y réfléchir. C’est en fait développer un effet “booster” par anticipation d’une situation à venir. Ainsi en “action” la pensée n’est plus focalisée par ce qui doit être exécutée, et laisse un champ libre à ce qui se passe.

(Solveig Dommartin, «  Les Ailes du désir »-Wim Wenders)

Nous pouvons donc avoir accès consciemment à la représentation de l’action. Associant à notre schéma corporel, notre capacité de concentration et notre proprioception nous devenons spécialisés dans la fluidité et la mobilité.

Cette proprioception, partagée également par le monde végétal dans une certaine mesure, est beaucoup plus qu’un sens qui nous permet d’être debout, elle est constitutive de notre existence, de notre interaction avec le monde. Le sens naît-il de l’interaction entre notre corps et ce qui nous entoure donnant à l’action son “sens” ? Elle nous accompagne dans chacun de nos gestes, conscients ou non, nous ne cessons de nous y référer tout en l’ayant en grande méconnaissance ! Ainsi il serait judicieux et profitable, non seulement dans la conscience de nous-même, mais aussi dans l’inter-agir altruiste et sa globalité avec le “vivant”, d’y prêter beaucoup plus d’attention …

« Notre véritable 6ème sens » (la proprioception) – Mona Lisa Production, Arte France/© 2019

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Le cerveau et ses automatismes

Le cerveau humain est un instrument capable d’accomplir à l’insu de la conscience 90 % de l’ensemble de ce qu’une personne fait ! Et ceci que ce soit en état de veille ou de sommeil …

Les automatismes du cerveau et la manipulation de l’attention : ce cerveau humain est caractérisé par tous ses signaux électro-chimiques dans le crâne, qui est une boîte fermée, et pour accéder aux informations il doit passer par les organes des sens, la mémoire et/ou “la connaissance”. A partir de cela se structure une représentation virtuelle de la réalité “objective” qui nous entoure, et de ce point de vue bien que “la réalité extérieure” soit factuelle, nous n’y sommes pas vraiment, mais dans la représentation que nous en avons, en fait nous y sommes reliés par “procuration” … en ce sens c’est un fait que c’est à l’intérieur de notre tête que nous “vivons” en quelque sorte.

Notre conscience est limitée à notre cortex cérébral — il suffit de quelques fractions de secondes pour que près de 15 milliards de neurones forment de nouvelles connections, cependant l’énergie consommée à ce stade correspond à une dépense d’énergie d’un sportif de haut niveau — aussi notre cerveau fait son possible pour faire au maximum sans cette conscience.

Le thalamus filtre en jaugeant les informations qui sont suffisamment importantes pour qu’elles soient reliées et partagées avec notre conscience. Ainsi, nous avons dans la mesure où n’y sommes pas vigilants, aussi peu d’influence sur ce que nous sommes que sur ce que nous faisons.

Nous avons dans l’ensemble une conception erronée de “notre volonté”, une attitude stoïque ou l’on “serre les dents” pour aller jusqu’au terme d’un projet donné, et c’est comme cela que l’on échoue la plupart du temps, la solution serait d’appréhender la globalité d’un environnement donné et de moduler et transformer la perception, et focaliser l’attention sur autre chose, pour mieux gérer l’ensemble de la situation et y apporter la pertinence.

Lorsque apparaît un danger nouveau, les données sont transférées vers notre conscience, plus souple dans le traitement mais plus lent. De ce fait il se trouve un décalage, dans la perception consciente, le perçu est déjà au passé… de ce fait c’est le “non-conscient” qui traite en sous-main car il est dans l’immédiateté réactionnelle du danger en question.

Par exemple ce que nous voyons avec les yeux donc, pénètre par nos pupilles sous la forme d’un faisceau lumineux, rétine/cellules codent l’image sous forme d’impulsions électriques via le nerf optique, 50 millisecondes plus tard atteignent le gardien de la conscience (le thalamus) renvoyé dans ce cas (danger) à l’amygdale cérébrale, pivot de la “peur” qui déclenchant l’activité “reflex” (150 millisecondes pour le tout !) en relation dans la mémoire de la banque de données des expériences enregistrées en renvoie vers la forme de vision consciente — pré-évaluation et anticipation du danger en 300 millisecondes — c’est ce mécanisme qui permet la sauvegarde face à la dangerosité.

Dans la perception sensorielle la mémoire est certainement “l’organe” le plus important, nous percevons en fait ce qui est déjà dans notre mémoriel à 99 % !Seul 1 % vient s’ajouter par les organes des sens dans l’expérience.

Ainsi le cerveau, peut en fait “annihiler” une certaine “réalité” objective qui nous entoure et la “transformer” avec puissance et la modeler dans une perspective qui s’accorde avec ce que nous voulons voir, une “conviction” subjective …

Le non-conscient s’occupe du présent et en est le garant, c’est “sa responsabilité”, notre conscience elle est capable de “voyager dans le temps” (se perdre dans le passé, se projeter dans un devenir …), mais en fait qui est le “gardien” pendant ce temps là ? C’est le job de l’inconscient de rester dans le présent et d’être vigilant à ce qui se passe en permanence autour de soi, car “l’immédiat” recèle potentiellement bien des dangers !

Inconsciemment nous généralisons les expériences passées que nous avons eues avec autrui, ce qui n’est évidemment pas vraiment fiable, mais très rapide ! La “raison” et l’objectivité sont court-circuités par la rapidité du processus de “la première impression” … d’où un jugement à “l’emporte-pièce” qui en découle.

— absence et sur-interprétation visuelle

La représentation perceptive que nous avons de notre corps est une construction mentale et globalement “tout ce que nous voyons”. Les sensations corporelles peuvent être de l’ordre de l’illusion dans une assimilation identitaire extérieure !

Dans la hiérarchie des perceptions corporelles le toucher et le sens de l’équilibre sont au premier plan.

Plus notre intérêt personnel grandi sur ce qui nous est donné à voir et plus il est aisé d’être berné ! 90 % de notre communication émotionnelle, elle est non-verbale. Les hormones troublent la perception et créent de la “dépendance”.

Le pouvoir de l’inconscient

« L’intuition humaine » : Le cerveau met en place des automatismes qui lui permettent d’évaluer [banque de donnée mémorielle] dans une fraction de seconde ce qui est sur le point de se passer faisant réagir par anticipation les organes musculaires sollicités. En fait si nous devions vivre pleinement concentrés et en conscience les évènements qui sont de l’ordre de l’imprévisible très souvent, nous serions complètement dépassés par ceux-ci la plupart du temps … !

Le non-conscient a souvent le dessus sur notre réflexion, car “réfléchir” fatigue le cerveau. Il faut comprendre que notre intelligence en conscience (localisée principalement dans la zone frontale du cerveau) ne peut pas gérer plus d’une pensée ou cinq unités d’informations à la fois. Les décisions conscientes (cortex orbitaux frontal) s’appuient également sur une autre forme “d’intelligence”, l’hippocampe qui stocke toutes nos expériences.

Le cortex cérébral reçoit les informations de façon condensée sans pour autant savoir d’où exactement elles viennent, ainsi le conscient a une forte tendance à éluder voire rejeter toutes les influences non-conscientes. Notre cerveau actuel et l’avènement de sa conscience, contiennent le cerveau primaire, cette conscience s’est greffée dessus et a dû composer avec le non-conscient, les choses n’arrivent pas subitement, cela procède par étapes. Ce “cerveau primaire” bien qu’archaïque a encore beaucoup d’influence.

230 millisecondes, c’est le temps que prend notre cerveau pour prendre une décision complexe si nécessaire. Donc bien avant que la réflexion consciente n’intervienne, le non-conscient a déjà pris l’initiative de ce qu’il convient de faire pour soi.

“L’intuition” n’est pas une sorte de “don inné”, mais le fait de l’expérience mémorisée et d’innombrables répétitions. Ce qui a pour effet de dépenser pour le cerveau un minimum d’énergie dans la phase de la “réalisation” factuelle.

Notre “raison” n’a pas beaucoup d’influence sur ce que nous sommes en réalité, et sur ce que nous faisons. La “luminosité” de nos pensées n’est en fait qu’un trait fugace de lumière dans la vastitude océanique de notre esprit !

Il est difficile de s’écarter des habitudes routinières car celles-ci demandent un minimum d’énergie à notre cerveau, et cela nous apparaît évidemment plus aisé.

La créativité est un acte “rebelle” qui ne se préoccupe pas des conventions.

Être “expert” dans un domaine engendre souvent une absence de créativité car paradoxalement c’est en arrêtant le stimulus du cerveau que celui-ci est le plus apte à explorer un champ d’innovations d’un regard neuf ! En voyant les choses telles qu’elles sont, dans leur état propre.

L’ocytocine et le sens du lien à autrui. (également en fonction [glande thyroïde] lors de l’état d’orgasme sexuel/allaitement maternel) L’ocytocine génère l’empathie et le sens de l’oblation, elle engendre le sens de la relation “durable”, quand bien même le conscient ne serrait pas enthousiasmé par cette perspective !

Les choix du non-conscient s’opèrent 7 à 10 seconde avant que le conscient ne s’en mêle … ce qui revient à dire que la plupart du temps quand nous avons l’impression d’avoir “décidé”, en fait tout semble déjà joué en bonne partie.

Bien avant que le langage articulé ne soit employé comme moyen de communication entre les humains, existait “le rire” qui est un élément de rapprochement avec autrui. La plupart du temps “nos idées” ne font que transiter par notre conscience, ce qui est intéressant à ce stade entre non-conscient et conscient c’est de se connaître pour percevoir ce qui se met en place, s’organiser pour engendrer “la bonne décision”, au moment où elle doit intervenir.

Jusqu’à un certain point nous sommes possiblement dans une forme d’auto-suggestion liée à notre pensée quand elle se nourrie d’a priori.

(Nucleus accumbens)

D’une façon générale nous sommes très souvent peu rationnels en matière “d’envies” et des choix qui en découlent, c’est fonction du noyau accumbens entre dopamine et sérotonine on insula (cortex insulaire). C’est en fait notre disposition intérieure du moment qui nous oriente plus ou moins à notre insu. Cet aspect de notre comportement évite de passer des heures à se décider pour telle ou telle chose !

Sur le plan de l’évolution cela n’a pas vraiment un grand intérêt de réfléchir longuement en toute chose, dans le domaine trivial il est plus opportun d’être relativement rapide, pour le reste, un temps de réflexion si cela est envisageable, semble être le mieux, et même, pour des choses importantes, passer une nuit de repos dessus ! Ou du moins dans un autre environnement où le jeu des influences sera différent, ainsi en contextes différents si le choix reste relativement le même, il est sans doute “le bon” !

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«  Le cerveau et ses automatismes  » – Westdeutscher Runfunk, in Co-Produktion mit Arte/© 2011

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Les facteurs sombres”

Le narcissisme pathologique destructeur est un parcours de vie dans le rejet et l’isolement, le sujet se sent concerné et “appelé” à agir pour participer et « accomplir l’histoire » !

La situation du sujet est dans une problématique transgénérationnelle de carences structurelles des affects et de la construction de personnalité, évoluant dans un environnent dysfonctionnel.

Le germe d’une variante génétique dans le corps ne fait pas tout ! Il est quasiment inexistant le cas d’enfant ayant eu une enfance équilibrée en affect et structure de cadre, devenir à l’âge adulte un redoutable criminel. En outre le gène en lui-même ne pose pas vraiment “problème”, ce qui importe est qu’il soit actif ou pas, soit l’étude de l’épigénétique. Ce que l’on peut dire c’est qu’il peut y avoir des “gènes à risques” et en quoi l’environnement peut jouer un rôle déclencheur.

Ainsi il est parfois nécessaire et souhaitable de soustraire de son milieu, à un environnement “toxique”, un jeune sujet adolescent, afin qu’il puisse se construire un nouvel environnement structurant. L’enfance est une période cruciale pour la construction d’une personnalité, là se construisent les fondations d’une existence future. Il faut bien considérer que le “malheur” ne sort jamais de nulle part !

Par le meurtre il peut y avoir un acte de “rassurance” en ce sens qu’il donne un sentiment de réappropriation d’une existence déséquilibrée en errance … dans une non-valeur, l’acte de meurtre annihile la valeur de l’autre et restaure la sienne, dans ce cas de figure.

Il y a à tout le moins statistiquement parlant, un rôle indéniable du devenir ultérieur, dans la petite enfance. À ce stade lorsque l’enfant a un renvoi, un écho d’un être qui est “désiré”, apprécié, cela le stabilise dans la valorisation de son image.

L’accumulation de facteurs à risques vont dans le sens du déclenchement. Quel que soit le cocktail dans ce sens, les facteurs de comportements problématiques en découlent.

L‘exclusion sociale à l’adolescence est une expérience très pénalisante, dans la mesure ou elle ne vient pas être contrebalancée par d’autres éléments valorisants, et ceci s’aggrave dans un environnent familial fragile.

Dans son principe l’énergie qui sous-tend l’agressivité (testostérone) est “structurante”, elle permet de s’affirmer dans un contexte donné, de poser des limites. L’absence totale de cette faculté met en péril la survie dans un ensemble où une hiérarchie de jeu de force est en place. Cela permet l’élaboration de stratégie d’évolution d’une espèce donnée.

Par contre lorsque il y a une offensive agressive qui enfreint les frontières de la vie communautaire, cela provoque la sidération dans la violence désinhibée donnant une satisfaction dans le domaine du désir d’exprimer “un pouvoir” !

On pourrait dire que “le mal”, ensemble de comportements destructeurs, ne se pense pas en tant que tel. “Le mal” se déclamant comme tel est quasi inexistant statistiquement, ceci-ci dit il existe “un facteur sombre” chez l’humain.

Les dispositions sombres d’une personnalité (ou d’un groupe) possèdent un dénominateur commun, et ce dénominateur commun est de toujours considérer son intérêt propre comme étant premier, le plus important, et donc au détriment d’une objectivité altruiste, une vision plus élargie et globale. Le plus souvent, ceci en négligeant des conséquences dommageables, voire en les provoquant dans une certaine perspective.

C’est dans l’égocentrisme excessif et la surestimation, que la situation d’échec réel (ou sentiment d’échec) peut devenir très problématique !

Vient alors le temps de la rancœur, combattre et détruire l’origine de ce qui a été considéré, de façon justifiée ou pas, exagérée certainement, comme humiliant. Il y a dans “le facteur sombre” la démesure de l’orgueil d’un narcissisme exacerbé.

La radicalisation idéologique (qui “simplifie” la complexité d’un monde, ce qui est séduisant !) apporte de la force et de l’importance, fournit un but, une ligne à suivre ; on redevient “acteur de sa vie” avec une identification liée à des “valeurs sacrées” et on intègre une communauté (plus ou moins visible) avec un “retour sur investissement” !

Dans le processus mental lié à une valeur dite “sacrée” la fonction cognitive du raisonnement s’affaiblit notoirement dans le cerveau qui met en veille la capacité du discernement objectif !

Il y a une notion très puissante d’un sentiment de médiocrité profonde, et dans l’absence d’empathie vers le but, la pensée envers les victimes est éludée, l’objectif seul importe.

“Le mal” est peu visible dans la multiplicité de ses nombreux visages, ses “adeptes” tantôt se rassemblent dans l’ombre, tantôt se radicalisent en solitaire ou en un groupe, s’isolant du “monde” avant de réémerger dans la sauvagerie.

Quelles solutions une société démocratique peut mettre en place contre “le mal” ?

Donner aux personnes, en premier lieu dans l’éducation, les moyens d’affronter cette complexité de notre monde et de s’y retrouver, et d’y avoir une place , “sa place” pourrait-on dire. Pour ce faire il est nécessaire de promouvoir la dynamique d’une maturité émotionnelle ! Apprendre à être soi-même avec pugnacité sans se dissoudre dans le tissu social ; il existe des leviers pour interagir à temps face “aux facteurs sombres” de quelques ordres qu’ils soient, pour ce faire il est nécessaire d’intervenir sur le champ d’action le plus tôt possible, car le laisser-aller en l’espèce mène toujours au pire, “les histoires” et l’Histoire humaines en sont jonchées !

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“Les facteurs sombres” – Film/documentaire de Amrei Topçu et Gerrit Jöns-Anders

Intervenants : Dr. Nahlah Saimeh, Dr. Daniel Zagury, Eva Unternährer (psychologue), Prof. Hannelore Ehrenreich, Svenja Taubner (spécialiste prévention psychosociaux), Dr. Anke Köbach, Prof. Benjamin Hilbig, Nafees Hamid (spécialiste de la radicalisation)

«  Les racines du mal  », in Zusammenarbeit mit Arte/© 2020

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Je n’ai pas beaucoup parlé du plaisir. La douleur et le plaisir ne sont pas des jumeaux ou des images en miroir l’un de l’autre, du moins en ce qui concerne leur rôle comme ressort déclencheur des mécanismes de survie. D’une façon ou d’une autre, le plus souvent, ce sont les signaux liés à la douleur qui nous conduisent à nous écarter d’un problème ennuyeux qui se profile, que ce soit sur le moment ou dans un avenir prévisible. Il est difficile d’imaginer que les individus et les sociétés gouvernés par la recherche du plaisir, au moins autant sinon plus que par l’évitement de la douleur, puissent arriver tout simplement à survivre. Certains phénomènes sociaux actuels, découlant d’un contexte culturel de plus en plus hédoniste, tendent à confirmer cette opinion, et les travaux que mes collègues et moi-même sommes en train de mener sur les corrélats neuraux de diverses émotions vont également dans ce sens.

Il semble y avoir bien plus de diversité dans les émotions négatives que positives, et il est clair que le cerveau prend en compte ces deux catégories d’émotions par le biais de systèmes neuraux différents.

« L’erreur de Descartes » – Antonio R. DAMASIO, éd. Odile Jacob © oct. 2010

“Post-Scriptum” p. 358/59

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Comment agir sur nos souvenirs

“La peur” est un élément qui facilite la survie d’une espèce. En fait c’est un signal d’alarme qui nous permet d’adopter le comportement adéquat en cas de danger. Le sentiment de peur lié au danger potentiel reste dans la mémoire à long terme qui n’enregistre que les données reçues comme étant “importantes” ; (enzyme et souvenir traumatique).

Les “souvenirs” ne sont pas rangés dans un seul et même endroit (hippocampe et amygdale et autres systèmes mnésiques). Le souvenir est multiple ; lors du souvenir par exemple d’un accident, il y a d’un côté le factuel et de l’autre l’émotionnel, et les deux zones mémorielles du cerveau sont simplement activées en simultané.

Les pensées liées aux drames qui nous concernent surgissent de façon inopinée, hors d’un processus volontaire.

Le stress post traumatique ; lors de ces évènements, l’afflux considérable d’informations crée une situation d’engorgement et de blocage. Ceci a pour effet un déroulement en boucles mnésiques qui est vécu au présent faute de pouvoir avoir pu être rangé dans un lieu mémoriel au “passé”, c’est le « burn-out ». Il existe une diminution sensible de la taille de l’hippocampe suite à la défaillance de la communication correcte dans le cerveau. L’information traumatique est bloquée.

Les décharges d’adrénaline se manifestent lors des situations de peur et de stress renforçant ainsi la stimulation d’émotions à connotation négative. L’émotion est un process qui renforce le souvenir.

Le trauma pris en charge thérapeutiquement rapidement (dans les heures suivantes) peut être réduit dans son impact néfaste, avant que la consolidation ne se boucle de manière irrémédiable.

Être confronté à un choc émotionnel épouvantable, c’est comparable pour le cerveau à un effet foudroyant. Cependant le souvenir peut être réactivé afin d’éventuellement en modifier le stress de blocage, et d’en faire une “reconsolidation”.

Le contenu du souvenir traumatisant reste le même, le changement c’est le rapport à “l’image” que nous en avons. Le point crucial est que dans ce process, ledit souvenir est enfin à sa place, dans un passé et non plus dans un présent émotionnel claustrophobique factice et obsédant !

Les souvenir “auto-biographiques” se structurent environ à l’âge de trois ans, et ce toujours dans une interaction avec “autre”. C’est la base structurante de notre personne originale en tant que telle. Cette histoire personnelle perdue, nous nous retrouvons “évidés” de ce qui nous constitue.

(Alain Brunet [psychologue clinicien] – Roger Schmidt [neurologue psychiatre])

ACDK5 ; Enzyme du stockage de la peur : les “monstres déchaînés” qui habitent notre mental, et qui y restent ! Comment s’en débarrasser ?

Quand la peur “l’angoisse” détruit notre vie, il est nécessaire qu’intervienne une aide … Ouvrir de nouvelles perspectives entre la psychologie et les neurosciences, afin de dépouiller les souvenirs de leurs caractères parfois trop angoissants et encombrants !

Le traitement médicamenteux traite des symptômes en le cas d’espèce, la problématique intérieure elle reste !

Les souvenirs qui constituent pour une bonne part ce que nous considérons comme “notre identité”, sont stockés avec une appréciation émotionnelle et morale, ce qui détermine pour beaucoup nos actions personnelles et celles du sociétal. L’enjeu est donc de taille, c’est de notre capacité de maturité à aborder ce passé que nous pourrons dans un présent définir un devenir viable et stable.

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«  En finir avec la peur  », in Zusammenarbeit mit Arte/© 2010 ZDF

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Voyage dans l’étoffe de nos pensées

Être présent et “conscient”, c’est ressentir à l’instant donné à vivre ce qui se passe à l’intérieur de notre manifestation corporelle et en son extérieur, si nous n’avons pas le sens de notre “intériorité” il ne peut y avoir à proprement parler une “conscience humaine”.

Nous sommes fait de “matière”, nos cellules, nos chairs, (particules, atomes, molécules) dont l’organisation est extrêmement complexe, et arrivé à un certain niveau de complexité, quelque chose de nouveau est en émergence …

Comment comprendre que cette “matière” produit de “l’esprit” ?

Il s’agit d’emporter à l’intérieur de l’organisme une représentation du “monde extérieur”.

L’esprit/conscience serait ainsi la capacité biologique développée au fil de notre évolution proprement humaine, d’intégrer dans sa perception cognitive le sens de son intériorité dans une représentation de plus en plus sophistiquée d’un monde perçu.

Pour comprendre cet “esprit/conscience” en son origine il est nécessaire d’appréhender le travail de représentation, d’interprétation et de reconstruction exécuté par notre cerveau. Ce que nous “voyons” est en permanence une reconstruction de la “réalité” extérieure indépendamment de celui qui perçoit.

La représentation consciente dans notre cerveau, visuelle en l’occurrence, met 200 millisecondes + 100 et trois étapes pour devenir vraiment “consciente”, soit un peu moins qu’un tiers de seconde, et s’embrase ! Cet “embrasement” et la signature neuronale de la conscience qui nous habite.

La “première conscience” du petit de l’homme reste inconnue en l’état des connaissances.

Ce que l’on sait, c’est que dès cinq mois, le petit d’homme est conscient de ses propres perceptions.

Le petit d’homme est au “cœur du réacteur”, puis les couches de représentations arrivent, l’image de soi, avec sa part des réalités qui nous sont propres et une imprégnation de système de valeurs qui ne sont pas “de nous” mais qui entre dans la conformité des attentes d’un monde qui nous entoure, car le moteur de tout cela, c’est de “retenir l’attention” en vu d’en être apprécié, aimé…

Nous nous racontons des histoires pour entrer dans notre propre histoire et la vivre sans forcément se rendre compte du récit que nous nous adressons en fait … !

Lorsque nous percevons le monde, cette représentation du monde en nous, c’est un récit qui a l’étoffe d’une histoire

On pourrait dire au fond que ce dont il est question, c’est de savoir si il y a une vie “à la première personne” (du singulier, s’entend !).

— test : (l’idée est que lorsque nous sommes conscients, c’est toujours de quelque chose)

Amplitude et vigilance de nos états de conscience :

— chaque endormissement le soir, correspond à “une mort” car en sommeil profond notre conscience de veille disparaît … et ce n’est pas un “pur silence” ou “des ténèbres absolues”, mais tout disparaît … que se passe-t-il dans notre cerveau quand cela ce produit ?

« exister, ne pas exister » ? où est la frange de cette certitude ?

Nous passons d’un état du cerveau riche en échange et communication, à un court monologue lorsque c’est l’état de sommeil profond ; la communication est ennuyeuse, locale, sans aucune richesse d’échange. C’est un cerveau actif, mais qui n’a plus tout son aspect d’échanges d’information complexe. Prendre la dimension de cette complexité c’est prendre la dimension de notre état de conscience. Un cerveau dans le coma est moins complexe qu’un cerveau éveillé en fonction classique. Si nous ne pouvons pas encore donner une “explication de la conscience”, nous pouvons néanmoins en mesurer l’écho de sa complexité …

L’état onirique, est un état de conscience. Il existe donc des états de « rêves lucides » (état onirique en toute connaissance du fait).

Le « rêve lucide » est un terrain privilégié pour déchiffrer la conscience. En fait « la conscience » n’est ni plus ni moins qu’une forme de « rêve » particulier !

Dans le rêve, le cerveau est en activité et produit naturellement la simulation d’une réalité, avec les matériaux qui sont stockés dans ledit cerveau. Percevoir la réalité objective, c’est en fait faire “un rêve vrai”, la conscience est contrainte par la réalité physique, alors que l’état onirique c’est un état de perception débridé, sans autres contraintes que ce qui nous habite. Les “rêves” sont libres des lois régissant le monde de la physique, du sociétal, seul ce qui nous habite à force loi !

Conscience et Royaume des Illusions ! La conscience est-elle « pur esprit » ? Quel rôle tient le corps physique dans la conscience ? Et le sentiment de soi, ne serait-il pas lui aussi une illusion ? Cette conscience de nous-même fait généralement référence à notre corps manifesté palpable, on pourrait dire que « nous habitons notre corps » et plus particulièrement nous résiderions dans notre boîte crânienne !

Mais ce n’est pas si simple, notre rapport au “réel” est fort complexe, car en fait cela tient beaucoup plus à une forme de “création” ! Plus exactement une forme d’expérience structurée par notre cerveau. Ainsi, la conscience et la pensée ne sont pas séparées du corps physique, corps et conscience sont intimement liés.

La conscience n’a aucune influence causale sur les évènements décisionnels qui se passent, elle mémorise éventuellement ou informe. Le “libre arbitre” est une vue de l’esprit qui ne correspond à aucune réalité (aucune décision ne peut être prise en toute indépendance de ce qui constitue les imprégnations de notre cerveau).

Il faut se rendre compte que 90 à 95 % de l’activité de notre cerveau est en fait dans le non-conscient. Ce que nous estimons être nous-même est une structure qui agit à notre insu, ce qui ne veut pas dire que la conscience en tant que telle n’a aucun rôle à jouer sur nos process de cet inconscient. Notre cerveau déborde d’une activité biologique, qui, ce n’est pas banal, se transforme en permanence sous l’effet de sa propre activité ! Plus une informations circule en fréquence dans notre cerveau plus elle grave profondément des sillons nerveux ; ces chemins non-conscients sont le terreau de nos pensées, car la fonction essentielle du cerveau humain sert à produire et faire circuler de la pensée !

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tout cela se fait en fonction d’un tempérament et d’un patrimoine génétique, d’un passé vécu et que finalement la part consciente décisionnelle de « valeurs de Vie », est en définitive peu, ou pas assez convoquée. Ainsi la dimension d’un espace de “liberté” se développe dans la vigilance et l’attention de nos expériences de vie vécues qui, orientées vers une organisation harmonieuse, fluidifient les comportements.

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«  Déchiffrer la conscience  », Scientifilms Arte France/© 2015

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« méditations, contemplation, recueillement, leurs étonnantes vertus »

En fait le corps et “l’esprit” sont dans un permanent échange en réciprocité, ainsi être en recueillement, méditation, contemplation, en bref stopper “l’agitation ordinaire” dont notre quotidien est empli, souvent par des obligations diverses, c’est arrêter ce flux pour se poser. Et ce n’est pas si évident que cela !

Pour se “poser l’esprit” doit se maîtriser en apportant une véritable relation à soi et possiblement nettement améliorer nos instabilités d’humeurs.

L’amygdale (partie du cerveau limbique ou émotionnel, groupe de structures de l’encéphale) ; celle-ci peut augmenter de volume et d’intensité fonctionnelle (suite à des traumas par exemple) mais aussi diminuer dans une discipline méditative.

Une des caractéristiques de troubles dépressifs est la prolongation excessive de l’action de l’amygdale sur l’ensemble d’une personne.

« L’activité méditative » engendre une modification notable (et bénéfique) de certaine parties fonctionnelles du cerveau, lorsqu’elle est bien conduite.

En fait, le recueillement, méditation, ou contemplation, stimulent les process de la neuroplasticité de tout un chacun. Ainsi “ne pas faire”, c’est mettre en action bien autre chose !

Le stress négatif est un énorme problème de la santé des humains au niveau global. La contemplation méditative a une dimension d’apaisement sur l’irritation dû au stress négatif et modère les réactions vers l’excès de l’organisme.

Le stress nocif induit des changement dans le métabolisme ; dans une atmosphère de “menace”, le corps sécrète et libère des hormones dans l’organisme pour dynamiser un surplus d’énergie. L’une d’elle est le cortisol (hormone stéroïde sécrétée par des glandes situées au-dessus des reins [les glandes corticosurrénales], sécrétion sous la dépendance d’une autre hormone, l’adrénocorticotrophine produite par l’hypophyse dans le cerveau).

La surproduction de cortisol produit un affaiblissement général de l’immunitaire favorisant ainsi les réactions inflammatoires.

L’état de pondération contemplatif non seulement modère l’inflation mais surtout augmente très significativement le process de résilience. Ainsi la réponse physiologique au stress toxique est modulée en profondeur et limite les aspects potentiellement délétères.

La douleur est un mécanisme vital à notre survie et notre capacité d’adaptation à l’environnement donné. La complexité de l’interaction entre nos sens et le cerveau est très important.

Le maillage matriciel de la “douleur” est géré par le cerveau et le ressenti est pour beaucoup impliqué par notre disposition d’humeur, le contenu d’expériences déjà vécues et l’anticipation imaginative de craintes. Les projections mentales non proportionnées à la réalité d’une situation ont pour effet d’augmenter considérablement le ressenti douloureux.

Ce qui est paradoxal de prime abord, c’est que “l’activité” contemplative de la méditation affine notoirement la sensibilité mais que par ailleurs le retour à la stabilité est aussi bref que prompt.

La présence d’un volume important de l’insula — terme latin signifiant île — (une partie du cortex cérébral constituant l’un des lobes du cerveau). C’est une région du cortex préfrontal, elle est très développée chez les contemplatifs. En fait ce qui se passe c’est qu’il n’y pas en l’espèce un surajouté émotionnel crispé, d’une pénibilité objective par ailleurs, il y a juste ce qui est.

Le télomère (région d’ADN à l’extrémité d’un chromosome) s’amenuise avec le temps, en fin de course les tissus ne peuvent plus se renouveler, engendrant maladies et en au stade terminal, la mort de l’organisme corporel. Si c’est un processus naturel pour tout un chacun, d’une personne à l’autre il y a des variantes dans le rythme. Ainsi une vie bien gérée émotionnellement permet une dégradation plus progressive.

Corps et esprit forment un tout et l’ensemble des composantes psychologiques, physiologiques, neurologiques, devraient être traitées avec autant de soin et d’attention que notre apparence physique du corps et son hygiène … !

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«  Les étonnantes vertus de la méditation  », PROCIREP Arte France/© 2017

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La Respiration

(une savante mécanique)

Ce qui nous relie tous, les uns et les autres c’est en quelque sorte la respiration, la nature, les humains, sur cette Terre. (Prof. Thomas H. Loew – Psychothérapeute)

(Lilly Winwood, fille de Steve Winwood)
http://www.elmoremagazine.com/wp-content/uploads/2018/03/BM5O6372_0805-M.jpg

Les alvéoles pulmonaires sont constituées de très fines membranes qui représentent 40 fois la surface du corps humain. C’est par ces fines membranes que les échanges d’oxygène avec le sang ont lieu.

Ainsi la balade en forêt, lors des inspirations calmes et profondes, active le système parasympathique (la division du système nerveux responsable du repos et de la régénération), et fait baisser la pression artérielle de même que la fréquence cardiaque.

« macrophage » (cellules phagocytaires chargées de détruire les microbes)

C’est le seul organe interne en constant contact avec l’extérieur et le système immunitaire des poumons relève un défi en permanence.

Fonction cardiaque et circulation sanguine, mais aussi la régulation du stress, le tout réagit à chaque souffle, comme le vent dans la vie de la nature, on s’adapte et tout est replacé à chaque fois dans une disposition quelque peu différente. La respiration est la seule voie d’accès consciente par laquelle on peut influencer ce système.

« La Respiration » (une savante mécanique) 2DF Produktion arte © ZDF 2021

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“La médecine aux frontières de la vie”

Par défaut d’apport d’oxygène* de quelques minutes, les cellules du cerveau commencent rapidement à se nécroser et entament un processus d’auto-destruction.

Ainsi l’état de « mort » n’est ni soudain, ni instantané, c’est un processus dans une frontière mouvante.

La mort cellulaire est une nécessité absolue, pas seulement pour la Vie, mais aussi pour le développement normal de l’organisme. En effet si nous conservions nos cellules au cours de notre vie, nous pèserions des millions de tonnes !

Les mesures clinicométriques de la conscience sont difficiles à réaliser à l’IRM fonctionnelle devant l’impalpable de la conscience humaine !

L’inter-connexion entre lieux et stimuli d’émotions sollicitent la mémoire.

Le cerveau est un organe au fonctionnement également électrique, produisant l’établissement structurant dans la continuité de la vie « au passé » et « présente » et « en devenir ».

Les connexions du cerveau sont semblables à un arbre avec ses branches et racines, d’une densité phénoménale !

Le coma est un état frontière, avec une issue éventuellement ouverte .

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«  Dernier souffle  », National Géographic Television in Zusammenarbeit mit Arte/© 2008

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* Le réflexe d’immersion est déclenché par un séjour dans l’eau, plus elle est froide, plus l’effet est intense.

Des récepteurs au niveau du visage relaient les information au système autonome ; le système nerveux parasympathique apaise l’organisme et abaisse la fréquence cardiaque.

Les facteurs induit par l’hypoxie (apport en oxygène au niveau des tissus de l’organisme)

— Existe-t-il un système de sauvegarde des cellules cardiaques et cérébrales en l’absence d’oxygène ?

Dans le changement de métabolisme du glucose au fructose, qui est un glucide que l’on trouve majoritairement dans les fruits et le miel sous sa forme naturelle.

(« La Respiration » 2DF Produktion arte © ZDF 2021)

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Les phénomènes mentaux véritablement intégrés dans le corps, tels que je les envisage, sont tout à fait capables de donner lieu aux plus hautes opérations, comme celles relevant de l’âme et du niveau spirituel. De mon point de vue, nonobstant tout le respect que l’on doit accorder à la notion d’âme, on peut dire que cette dernière reflète seulement un état particulier et complexe de l’organisme. La chose la plus indispensable, en tant qu’êtres humains, que nous puissions faire, chaque jour dans notre vie, est de nous rappeler et de rappeler aux autres notre complexité, notre fragilité, notre finitude et notre unicité.

(Vemdalen, Suède)

Et la difficulté, c’est, bien sûr, ceci : faire passer l’esprit de sa position élevée dans “l’éther” à celle d’une localisation matérielle, tout en lui conservant une grande considération ; reconnaître son origine humble et sa vulnérabilité, et cependant continuer à lui attribuer un rôle de direction.

« L’ erreur de Descartes » – Antonio R. DAMASIO, éd. Odile Jacob © oct. 2010

“La Passion Fondant la Raison” p. 339/40

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Seconde partie
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« l’esprit-résidant »

Nous allons essayer de développer et préciser le contenu de cette approche “spirituelle” de Lama Thoubten Yéshé (1)

en nous inspirant directement d’enseignements disponibles en vidéo.

Précédemment, à l’appui de récents travaux scientifiques, en particulier sur les neurosciences, nous avons tenté de mettre dans une perspective non exhaustive, “l’odyssée de notre espèce humaine”.

Pour L. Thoubten Y. tout est affaire de niveaux de communication*, et de nous expliquer :

— « Lorsque nous sommes à un niveau grossier de communication de l’esprit, alors nous communiquons exclusivement au travers de ces niveaux ; nous communiquons aux niveaux des phénomènes les plus bruts. Ce faisant, dans cette approche réductrice, celle-ci nous empêche de pénétrer dans notre réalité la plus profonde.

Ce n’est pas que cette “réalité profonde” se cache, non, cette réalité est bien là, mais l’exclusivisme du regard grossier en voile la compréhension. Méditation, recueillement, contemplation, portent “l’esprit” qui nous anime vers plus de subtilité, de finesse et une perception beaucoup plus holistique et permettant par ailleurs une vision sur les choses plus en détail, comme avec un zoom de caméra qui cible … c’est similaire. Ainsi, cela permettant de mettre en perspective en premier lieu les structures brutes, et en s’en éloignant, s’exercer à une pénétration de plus en plus concrète vers une expérience intérieure signifiante dans un état d’unité puissant, métamorphose indestructible. Auparavant existait bien quelque chose dans la conscience, mais sans vraiment de profondeur, cela restait très périphérique et volatil, notre réalité fondamentale restait dissimulé derrière les flous et autres structures opaques de notre perception étroite, bornée et dans un champs d’expérience très limité pour tout dire.

De ce fait, ayant réalisé une certaine clarté sur le mode de notre fonctionnement, l’emprise de gravitation des champs émotionnels est moins forte, et va s’amenuisant au fil de la constance de l’évolution des aspects subtils de l’esprit. Conscient de ce qui se produit au-delà d’une dualité apparente dans l’interdépendance co-émergente des phénomènes, nous ne sommes plus en mode erroné du “réactionnel” mais bien plutôt “inspiré” et innovant.

Nous ne créons rien de superflu … juste conscient et attentif sans objet de désignation ou qualification, plutôt une écoute, nous pouvons recevoir et apprendre dans une perception ouverte fluide, sans jugement.

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* Lama Yeshe – la nature de l’esprit semblable à un miroir (Grizzly Lodge, Californie – Lama Yeshe Wisdom Archive © 1980)

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Dharma et Karma-Vipaka

ou

l’action et son résultat”

L’Extrême-Orient nourrit parfois des croyances excessives comme considérer que le “karma” régit les évènements, que rien ne peut modifier le cours des choses, en découle une forme d’acceptation fataliste de son existence. Accepter la situation telle qu’elle est, ce n’est pas considérer que tout soit pour autant figé ! La possibilité d’influer sur la situation présente est déterminante dans une perspective d’un devenir toujours aléatoire et en mouvement. Accepter avec fatalisme sa situation c’est adhérer à une philosophie de vie rendant l’esprit obtus, sans ouverture, ce qui est dangereux à terme !

« Nous avons le mot “karma” ; si nous ne comprenons pas le vrai sens de ce mot alors nous croyons en cette philosophie de la pensée étriquée, nous devenons fanatiques. Donc c’est important de comprendre la signification juste de ce mot désignant le “karma” »

Les données à notre naissance sont un fait, mais ce que sera notre propre style de vie lui est tout à fait ouvert !

« … le “karma” ne doit pas être une idée fixe ; le “karma” nous pouvons influer vers un changement d’attitudes …  »

Quand bien même nous serions affligés d’habitudes comportementales les plus toxiques qui soient pour autrui et nous-mêmes, rien n’est inéluctable !

Avec le développement actif de la “sagesse authentique”, dans la détermination sur le long terme les nouvelles options structurantes se mettrons en place.

A ce propos L. Thoubten Y. nous recommande la matinée pour stimuler avec force l’énergie nécessaire à ce genre d’entreprise dans la stabilité …

Ce pourquoi il recommande de ne pas s’égarer dans des fantasmagories de “méditations supérieures”, qui n’auront pour effets que de nous rendre la pluspart du temps incapables de gérer de façon pragmatique notre quotidien ! Nous nourrissant d’illusions à notre sujet et nous prenant pour une personne “spéciale”, un(e) “méditant(e) du mahayana”, pour être finalement une personne qui pratique l’arrogance ! La “sagesse authentique” est tout en profondeur, rien dans l’apparence extérieure ne l’indique, une certaine simplicité d’être peut-être … certes c’est psychologiquement parlant un exercice parfois difficile ! Tout ce que la vie nous offre à vivre est susceptible de rentrer dans le champ de cette transformation intérieure.

Ainsi, être assis sur le coussin de méditation ne signifie pas que l’on fasse rien, de manière passive, mais consiste à développer notre profondeur intérieure, une attention vigilante, consciente et sans tensions ; être une personne faite de simplicité et d’une grande profondeur humaine.

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Shunyata” *

ou

vacuité des choses

Sans la proprioception nous “flottons” … !

« Il y a une réalité absolue, qui englobe tous les phénomènes »

Les sciences modernes affirment que toute matière apparaissant sous diverses formes a une énergie essentielle qui a la qualité d’englober toute matière existante ; une certaine qualité.

Ici le bouddhisme entend sortir l’esprit de la pensée binaire avec son apparente logique du “jour” s’opposant à la “nuit”, le blanc s’opposant au noir etc …, d’un pragmatisme simpliste qui permet de catégoriser les choses et pouvoir agir sur elles dans un découpage qui rend le monde clair et intelligible et qui par voie de conséquences est organisateur de conduites, et insidieusement induit des notions de valeurs et de morales en corollaire.

Si ce dualisme, qui aide l’enfant à structurer sa pensée et qui a sa fonction légitime dans ce cadre, se fige dans une représentation fragmentaire en certitudes, qui alors renforce les convictions, le chemin étriqué qui mène vers la “croyance” puis le fanatisme est ouvert …

Si bien que l’on peut dire que la pensée binaire est une pensée paresseuse menant à la superstition des rapports “in fine” de domination, dans un raisonnement linéaire d’apparence logique, qui fait l’économie de chercher à comprendre en dernière analyse que les convergences de causes produisent un ou des résultats, et que se faisant la violence inutile peut être évitée très souvent …

Ce que l’on peut donc qualifier de vues erronées.

La mise en place d’une discipline spirituelle de méditation, de périodes de recueillement et de contemplation, permet un réel travail sur l’esprit et la conscience, vers une centration dans les profondeurs de ce qui nous anime. Ce faisant les vues erronées se détendent, se dissipent dans l’espace du grand silence intérieur, et nous pouvons faire l’expérience de la réalité authentique, holistique, voire universelle.

Quelle compréhension l’être humain a-t-il de la réalité de son existence ?

Dans ce cadre avoir un maître spirituel omniprésent physiquement parlant n’est pas d’une nécessité absolue ; ceci est largement une question de dispositions personnelles. En fait il est délicat de dire comment les choses peuvent se passer dans ce cadre de figure, les situations sont tellement variées ! Cela dépend largement de notre façon d’appréhender la chose spirituelle si il y a lieu !

Il y a en tout état de cause ce qui est dénommé comme : maître relatif et maître dans l’absolu des choses. Dans le domaine relatif, il/elle est présent dans son inspiration pour orienter la démarche de façon cohérente en maïeuticien(ne) averti, ceci dit, du point de vue de l’aboutissement il s’agit de la sagesse propre de chaque personne en elle-même qui doit éclore. Ce qui nous amène à considérer qu’en dernier ressort il en revient à soi-même de faire la part des choses …

La sensation du “je” et la notion du “moi” ;

Il est important de faire attention à la nuance subtile entre un “je” pragmatique dans son expression conventionnelle, qui existe également dans les stades de l’Éveil, avec toutes sortes de déclinaisons possibles, autant qu’il y a d’êtres humains, colorations sans consistances réelles en soi, et les couches successives de ces caractéristiques que l’on identifierait à une notion de “moi” toute subjective donc.

Nos “qualités”, quelles qu’elles soient dans leurs appréciations, sont modelées par nos expériences et deviennent encombrantes et problématiques dans la mesures où elles sont accompagnées de constructions mentales galopantes vers une large amplification exagérée …


* « Aussi longtemps que je suis avec le refus et le “cela-ne-devrait-pas-être”, je n’ai pas besoin de rechercher l’expérience de çûnyatâ [vacuité] que les tibétains semblent prendre pour le point central de leur enseignement ». Et pourquoi ?
Simplement parce que çûnyatâ ou plutôt çûnyam [vide] c’est l’absence-de-chose, l’absence-de-forme physique ou conceptuelle ; et le refus, le “cela-ne-devrait-pas-être” implique l’existence d’une forme physique ou conceptuelle !! Tant qu’on n’est pas libre de cette illusion des formes physiques ou conceptuelles, le cercle vicieux et illusoire de la stabilité, de l’existence des formes et des entités demeure et avec ceux-ci les jugements de valeurs. La couleur ne peut pas donner une idée de ce qui est sans couleur !! Il suffit de voir ! Il ne peut pas y avoir “deux” ! Les ténèbres et la lumière peuvent-elles exister ensemble !?
A propos, pouvez-vous vous renseigner pour savoir pourquoi les tibétains disent çûnyatâ et non çûnyam ? Pourquoi mettre cet aspect au substantif* ? Si l’on distingue çûnyam et çûnyatâ, alors çûnyam sera quelque “forme” ou “entité” à laquelle tâ est ajouté !! Buddha dit çûnyam, le Vedanta dit brahman, âtman ! Mais oui, il faut être CELA. Y a-t-il une différence entre çûnyam et çûnyatâ ? Buddha dit toujours çûnyam et pourquoi ? [1]
Bénédictions aimantes de Swamiji.
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* substantif : relatif à la substance, qui en a la nature essentielle.
p. 85 « L’Art de Voir » “Lettres à ses disciples”, Swàmi Prajnànpad
Éditions L’Originel © 1988
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[1] « Il y aurait beaucoup à dire pour analyser proprement ce passage. Il est difficile de parler de “les tibétains”, ce qu’ils croient et comment ils voient la vacuité (śūnyatā), parce que cela dépend de l’époque, des écoles, des individus même. śūnya (vide de) est un adjectif, śūnyatā est “l’état vide de”, vide de nature propre. Dans l’optique de la coproduction dépendante et des deux vérités, conventionnelle et ultime, les objets mentaux (dharma) apparaissent, mais sans avoir de nature propre. Ils se produisent de causes et de conditions, et n’ayant pas de nature propre, ils sont dits être “vides (de nature propre)”. Comme ils sont changeants et impermanents, ils ne sont pas réellement produits, ou non-produits. C’est dans cette “vide de nature propre” (śūnyatā) que les objets mentaux apparaissent et disparaissent. Ajouter -tā est risqué car on pourrait facilement réifier(1) “la vacuité”, l’absence de nature propre dans les objets mentaux.
Dans le bouddhisme il y a aussi une absence de nature propre dans l’ātman/le soi, appelé le non-soi (anatta). L’ātman et le Brahman du brahmanisme sont considérés comme une essence, que partagent l’ātman et le Brahman. On pourrait dire que le bouddhisme et le brahmanisme se retrouvent dans l’absence d’une essence dans ce qui est considéré comme “le soi” (skandha etc.). Mais dire que “ce soi” impermanent est en essence l’ātman (élément éternel), que ce dernier partage avec le Brahman, ce n’est pas proprement bouddhiste.
En même temps, le bouddhisme a évolué dans le sens d’un “soi éternel” avec le Yogācāra, le tathāgatagarbha, la pratique de divinités des tantras, etc. Au point où on peut parler d’un Soi, qui est l’élément, l’essence du Bouddha, parfois même appelé Grand Soi. Ce Soi-là, pourrait être compatible avec le Brahman du brahmanisme. Il ne correspond cependant pas à la vacuité telle qu’enseignée dans le madhyamaka, car il est une essence, là où la vacuité signifie justement absence de toute essence. Le bouddhisme est/était une approche apophatique*, le brahmanisme et le bouddhisme tardif sont des approches apophatiques pour certains facteurs, mais positives pour l’essentiel. Du moins, c’est mon point de vue. Je suis plutôt nostalgique du bouddhisme ancien. L’absence d’essence ne permet pas réellement la pratique d’une divinité (sauf comme upāya, mais au fond peu sont ceux qui l’abordent ainsi).
Chez “les tibétains”, on retrouve ce sujet dans l’opposition rangtong-shentong. Il est donc difficile de parler “des tibétains” et de leur conception de “la vacuité”, même si le bouddhisme tibétain est, selon moi, devenu franchement éternaliste.
Les formes physiques et conceptuelles ne sont pas nécessairement des illusions. Si on connaît leur “nature” qui est l’absence de nature propre, elles peuvent être connues comme n’ayant pas d’essence et donc malléables et utilisables de façon efficace. “L’illusion” n’est pas un état figé où rien ne change. Voilà les pensées que m’évoque votre question et ce passage. »
Joy Vriens, Traducteur – 21 mai 2024, correspondance personnelle
http://jvriens.free.fr/infoperso.html
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(1) réduire une chose abstraite, et la rendre statique, figée.
* Philosophie ou théologie apophatique : Synon. de philosophie ou théologie négative :
Le positivisme de la chose tiendrait volontiers pour négatif tout ce qui est non-chose ; et pour la philosophie négative ou apophatique, au contraire, c’est cette mystérieuse non-chose qui est la positivité par excellence, l’ineffable positivité… V. Jankélévitch, « Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien »,1957, p. 68.
ÉTYMOL. ET HIST. : “négatif” dans le syntagme théologie apophatique (N. Berdaieff, Esprit et réalité, pp. 172-173 ds Foulq.-St-Jean 1962 ; la théologie apophatique est la connaissance négative de Dieu (…) la théologie apophatique n’est pas agnostique, mais bien mystique); 1957 « id. (de la philosophie) », supra. Empr. au gr. α ̓ π ο φ α τ ι κ ο ́ ς “négatif”, Aristote, An. pr. 1, 1 ds Bailly.

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Lama Yeshe – Dandenong, Melbourne, Australie

Lama Yeshe Wisdom Archive © juillet 1976

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Comprendre le processus de la mort

le « Chikhai Bardo » ou l’état intervalle de “fin de vie”

Nos expériences accumulées et accompagnées de constructions mentales figées, solidifiées, encombrantes et problématiques durant notre vie, arrivées au terme de celle-ci produisent une réaction engendrant encore plus de confusion.

Quand la tradition parle de “l’élément terre qui se dissout”, il faut avoir à l’esprit qu’il s’agit d’une expression, une image ; ce sont juste des mots. En fait cela signifie que les éléments structurés du corps se détériorent. Les agrégats se détériorant la confusion se développe tout comme lors des états de maladies ou d’accident important, la structure sensorielle se modifie et les modes de satisfactions et d’agréments n’ont plus du tout le même rendu ! Le champ du ressenti est profondément perturbé, voire altéré, pouvant créer des phénomènes de mirages qui sont sans consistances, tout ceci est vécu en interne. De ce vécu se dégage un sentiment de perte dans la relation identitaire à soi qui s’estompe, engendrant de l’appréhension, crispation et peur. En temps ordinaire la relation à notre corporéité nous rassure, son absence nous mène vers la panique. À travers la contemplation, la méditation bien dirigée, nous avons la possibilité de nous “éduquer” vers une intelligence de notre propre fin inéluctable, et de notre évanescence, notre structure organique étant en permanente modification et renouvellement cellulaire incessant, l’approche de la subtile vacuité nous devient plus familière. La dissolution de l’identification, d’ordinaire figée, se fait plus naturellement, et il ne s’agit pas là d’une compréhension cérébrale, ceci est de l’ordre d’un réel processus. Nous sommes habituellement dans la peur de perdre, de perdre quelque chose sur lequel par le jeu de l’éthos nous sommes dans une forme d’addiction aux idées toutes faites, ces certitudes commencent à être ébranlées, mais au final qu’en est-t-il de notre nature profonde ?

En fait c’est dans l’abstraction de nos fonctionnements gravitationnels journaliers que notre nature authentique a des possibilités de se révéler en toute conscience. Car plus nous nous définissons en à priori, plus nous nous engluons dans une image fictive de nous-même. Hors ce faisant cela induit par voie de conséquences une projection solidifiée, faite de certitudes sur le monde alentour ! Il s’ensuit des vues distordues d’une attente d’un monde qui ne correspond jamais vraiment aux idées auxquelles nous nous sommes attachés et nous définissant, nous évoluons dans la rigidité nous heurtant sur l’inconstance de la vie en soi … Dans cette identification en soi nous ne faisons que nous poser des limites, cette attitude en est la racine.

Quand la tradition nous dit : « L’élément air se dissout dans la conscience », ce sont tout ces vains concepts duels discriminant qui se résorbent et disparaissent permettant une approche plus vaste pour toucher la réalité. En temps normal l’énergie développée dans la proprioception gravitationnelle de notre corps physique nous renvoie une image erronée du mental et de ses constructions qui sont dès lors dans ce cas de figure déconstruites.

Les pratiquant(e)s des yoga-tantra mettent en mouvement ces processus naturels au moment de la mort, en actualisant par avance la maîtrise des flux d’énergies, aux fins d’accéder à l’expérience d’une grande paix intérieure de la vacuité.

Nous avons plus souvent que nous nous pouvons l’imaginer de “belles expérience intérieures” de grande valeur, que nous nous dissimulons à nous-même, nous ne voulons pas les voir ni les connaître ! Négligeant ce que nous sommes dans la qualité de ces expériences précieuses, nous les laissons se désagréger dans du laisser aller, essayant par ailleurs de nous affubler dans des travestissements douteux le plus souvent.

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Lama T. Yéshé – Genève, Suisse (I)

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Les êtres humains ont les qualités

de

l’intuition et de l’intelligence conceptuelle

Toute la problématique de l’être humain réside en grande partie au sein de son “esprit”, qui est d’une certaine manière capable de rendre sa vie chaotique et lamentable, de la rendre confuse, et qui a aussi par la réciprocité la capacité du contraire.

La saisie du mental, dans l’amplification d’une gravitation identitaire figée, est le vrai problème.

(Nous avons déjà dans des travaux précédant* développé ce processus.)

“L’esprit” de l’Homme est bien différent de sa réduction au corps humain et de son cerveau. Cet “esprit” est parfois trop abstrait, et la force gravitationnelle identitaire nuit insidieusement à la perception intuitive, qui est elle innée. Elle se situe hors du champ du mental qui contrôle, cette perception intuitive n’est pas enfermée dans cette servitude, et quelque part, elle est protégée pour garder son dynamisme fonctionnel. La difficulté à la percevoir est fondamentalement et proprement d’ordre de l’humain. L’encombrement des pensées du mental et de l’incessant bruit de fond qui lui est lié crée un voile perturbant faisant obstacle au grand silence intérieur qui seul permet l’expression de la clarté de “l’esprit”. La mort naturelle survenant, ce bruitage qui parasite l’expression de cette clarté, va cesser de lui-même, et disparaître, laissant place à un espace de Grand Silence.

24:06 L. T.-Yéshé : « Toute cette attitude égoïste, de tirer profit des gens, va disparaître dans la paix au moment de la mort. »

Nous avons généralement une perception négative de la mort en ce sens qu’elle nous prive “du vivre”, et cela génère par projection anticipée un sentiment de frustration lié à nos attachements familiers, ce faisant nous nous fermons possiblement “l’esprit” à l’immensité d’une expérience de béatitude dans sa propre paix.

29 : 29 L. T.-Yéshé : « au moment de l’expérience de la mort, l’angoisse, l’émotion, dans sa totalité est coupée nette. Et durant le processus de la mort naturelle, c’est très lent en vérité. » (lent processus de dissolution des divers éléments)

Nous avons habituellement un important sentiment d’appropriation de ce que nous pensons en terme de sensations liées à “la forme” et son/notre ressenti et en quelque sorte sa nécessité ; l’idée émise dans l’approche spirituelle bien conduite, est de se distancier de l’objet des sens, renoncer à leur identification comme partie intégrante de nous-mêmes, pour laisser éclore l’état naturel de “l’esprit”. Laisser librement se manifester les choses telles qu’elles sont et non pas projeter sur elles les idées préconçues que nous pouvons en avoir, être ouvert dans une écoute profonde née dans le silence, hors du brouhaha de l’insatisfaction de nos fixations mentales. Cette “vacuité” de la saisie mentale nous est naturelle en fait, c’est le souci, la projection d’avoir à manquer qui pose problème. C’est de cela dont nous devons arriver à nous libérer. Au lieu de quoi nous sommes la pluspart du temps dans un état d’accumulation addictif grossier ou subtil, mais quoi qu’il en soit, au bout de compte, dans cet ordre de chose nous n’allons rien pouvoir conserver par devers nous lors de l’inévitable, notre fin corporelle.

Lors de notre cessation/dissolution perdure une conscience subtile(?) au-delà de l’état de mort clinique, qui dans la tradition bouddhiste se décline avec “les trois visions”.

38:35 L. T.-Yéshé : « On parle des “visions blanche, rouge, noire et la vision de claire lumière”. Ces quatre “visions” émergent lorsque la respiration cesse totalement. »

Le “méditant” peut possiblement rester dans cet état de béatitude de la claire lumière, et être ainsi en contact avec la réalité spacieuse plutôt que dans l’étroitesse d’un conditionnement. Ceci est une expérience humaine.

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Suite à la conférence, parmi les questions :

43 : 50 — sur la différence confessionnelle, par exemple pour une personne de culture chrétienne qui s’intéresse à la méditation bouddhiste plus particulièrement.

L. T.-Yéshé : « Ce n’est pas un problème »

Si il y a “problème”, c’est de l’ordre du mental, c’est tout, et rien d’autre. Au-delà de l’évidence des différences entre les deux traditions en question qui ne sont que deux habillages culturels d’un même sujet, la spiritualité de l’Homme elle reste une globalité universelle.

« Le bouddhisme parle des problèmes réels de l’être humain, les problèmes de tous les jours. »

On peut dire là encore que nous créons et que nous attirons les difficultés à nous-mêmes.

47 : 55 — L. T.-Yéshé : « De mon point de vue, l’essence du christianisme et l’essence du bouddhisme, vont de pair sans aucune contradiction.

[…] les bouddhistes européens pensent que… : “le bouddhisme a la méditation ; j’aime ça. Les chrétiens eux n’ont pas la méditation”.

C’est une mauvaise compréhension ! […] Leur “égo” se renforce car “ils ont trouvé le bouddhisme”. C’est erroné !

[…] le noyau de l’être humain c’est la conscience, l’esprit humain … »

Les états du sommeil et du rêve sont différents, ce sont des phénomènes qu’il ne faut pas confondre […] lorsque survient la mort, l’état intermédiaire (tib.bardö) vers lequel va la conscience subtile, est approchant de l’état du rêve. Il y a des expériences similaires dans les deux états. […] dans l’état de sommeil, une forme de claire lumière apparaît et il y a manifestation du corps subtil de l’état de rêve. Le “méditant” peut avoir des expériences très signifiantes dans ces états particuliers, plus lumineux et plus nets, et du point de vue du pratiquant l’un et l’autre de ces états ont leur part de “réalité” de la conscience humaine.

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Lama Yeshe – Genève, Suisse(II) – septembre

Lama Yeshe Wisdom Archive © 1983

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*Professeur Henri LABORIT* (travaux sur le comportement humain – https://versautrechose.fr/blog3/2014/03/spiritualite-de-quoi-sagit-il-exactement/)

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Commentaire sur la pratique tantrique

Le tantrisme est une méthodologie habile utilisant la vie comme un champ d’expérience en vue de sa transcendance.

La voie du Tantrayana*, c’est reconnaître que ; pour agir à un niveau relatif nous exprimons notre potentialité effective à la perception, vision de l’état de “bouddhéité” au moyen de supports. Le socle en est une attitude généreuse guidée par un altruisme ouvert aux fins d’engendrer en nous-mêmes l’éclosion de la quintessence de notre humanité.

L’émanation irradiante du « yidam »** a la potentialité d’un appui, d’une aide efficace pour l’ensemble du vivant. Dans ce processus la conscience originelle se métamorphose dans la manifestation pure du yidam.

Nous pouvons dire que la raison en est que nous partageons un même organisme, psyché, consciences et structure moléculaire d’un corps tangible. De ce point de vue, cet aspect de notre manifestation physique ne va pas se transformer en le “yidam”, cela va de soi ! Cependant il va bénéficier de l’évolution de ce qui se passe en terme de modification dans le courant plus subtil de la conscience et psyché, “lung-sem” [tib. ཪླུང་སེམས​། ] (l’indivision souffle-esprit). Ainsi il peut être considéré qu’un des aspect de cette conscience aura les qualités de tel ou tel “yidam”, tout comme au fil des jours qui passent, se manifestent en nous divers états d’être. Ce faisant nous orientons tout cela dans une formulation de don généreux envers tout ce qui concerne la manifestation du vivant. Ce qu’il y a d’inspirant dans notre “humanité partagée” c’est tout l’éventail des aspects et qualités diverses qui la singularisent et se manifestent … dans la sensibilité peut se dégager une forme de “son”, de vibration ondulatoire de qualité.

Le Tantrayana est un protocole rigoureux dans sa fonctionnalité ne relevant en rien de fantasmagories, mais lié profondément en et dans nos vies.

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* sanskrit : devanāgarī – तन्त्र ou « traité/système d’enseignement »

** le terme tibétain yi-dam est dit être la contraction de yid-kyi-dam-tshig, c’est-à-dire « samaya[lien] de l’esprit »[ tib. དམ་ (dam) ཚིག​། (tshig)] — en d’autres mots, l’état d’être lié de façon indéfectible à l’inhérente nature pure et libérée de l’esprit. Yidam est souvent traduit par les termes : “déité de méditation”, ou “déité tutélaire”. Le sanskrit exprime le lien de dévotion, alors que le terme tibétain insiste sur la fermeté du lien psychologique et moral (samaya) avec la déité.

Lama Yeshe – Californie, U.S.A.

Lama Yeshe Wisdom Archive © 1983

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En guise de conclusion à ce développement il nous semble être d’une réelle nécessité d’apporter le témoignage de Lama Thoubten Yéshé dans la façon dont il envisageait de promouvoir dans les cultures occidentales le Tantrayana, cela nous est apparu comme très important et signifiant au regard de ce qu’il en est aujourd’hui en 2022 !

Apporter le Dharma en Occident

Questionnements sur le développement des “centres lamaïstes” et direction sur la façon dont les choses peuvent être entrevues.

L’édification de ces “centres lamaïste” s’est faite sur l’initiative de groupes de personnes très motivées dans la années 70/80 avec l’agrément de maîtres de Lignées.

L’objectif était d’offrir aux personnes qui en exprimaient le souhait, des lieux où ils puissent pratiquer la méditation en toute sérénité, d’où leur utilité dans un protocole de développement dans la continuité sur les générations en devenir. Il semblait nécessaire d’établir une forme de communauté de pratiquant(e)s, du vivre ensemble dans un partage des perspectives du Mahayana au travers d’une vie quotidienne dans un environnement sociétal consumériste difficile et peu favorable, voire hostile !

Il fallait trouver les moyens de reformulations des concepts étriqués individualistes nés autour du mercantilisme exacerbé, prenant appui sur l’indispensable partage fraternel de la condition humaine, fondement de notre propre humanité. Transformer donc cette dynamique vers l’expérience possible de la paix intérieure, d’un esprit en transcendance.

Pour ce faire il était nécessaire que soient donnés les enseignements, instructions claires par des maîtres qualifiés en la tradition.

Question à Lama Thoubten Yéshé :

« Concernant la responsabilité des enseignants dans les centres, comment pensez-vous que les membres de la communauté doivent les considérer, sur la question de la responsabilité du programme en général, les activités générales des centres ? »

“Je pense que c’est un sujet important pour avoir une vision plus large et pour avoir une orientation forte dans l’échange d’idées entre les enseignants, les géshés, les Lamas, Tülkus et autres … et les directeurs spirituels occidentaux.

Donc sans cette connexion forte, sans compréhension de l’autre, il est très difficile de faire des programmes, des présentations, donc tout cela est important. La communication entre les membres de la communauté sur leurs activités et leurs projets futurs, la planification et autres devraient être liés de façon proche avec les enseignants eux-mêmes.

En effet, si les enseignants ou étudiants, les directeurs du planning ne communiquent pas, je pense, qu’il n’y aura pas un bon contacts d’échanges ; donc on ne pourra pas mettre en œuvre la pensée du Mahayana, oui, car c’est conflictuel. S’il y a un conflit, par exemple si vous êtes le directeur, que je suis l’étudiant et qu’un différent conflictuel s’installe entre nous, c’est le désastre ! Comprenez-vous bien ce que je veux dire ?

Le fait d’avoir apporté le Dharma en Occident, c’est quelque chose de vraiment spécial, n’est-ce pas ? Dans cette perspective une part de votre personnalité doit s’effacer, s’oublier et disparaître, et nous devons lier cette démarche à la spécificité de la personnalité occidentale et de cette façon nous mettons en commun cette grande énergie ; alors nous réussirons. ”

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Lama Yeshe – Lama Tsong Khapa Institute, Pomaia – Italie.

Lama Yeshe Wisdom Archive © 25 octobre 1982

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(1) Lama Thoubten Yéshé (1935-1984) fut un maître de méditation exceptionnel qui conseilla de nombreux ermites tibétains notamment autour de Dharamsala en Inde. En 1971, il consacra le monastère de Kopan dans la vallée de Kathamandou et commença à enseigner à un nombre toujours croissant d’Occidentaux attirés par son incroyable personnalité. Il révéla non seulement l’essence du bouddhisme tibétain, mais également la dimension universelle de la pratique spirituelle, la puissance de l’esprit par delà les dogmes. Maître à la renommée internationale, il créa la Fondation pour la Préservation de la Tradition du Mahayana (FPMT) qui regroupe aujourd’hui des centres d’études, des centres de soins, des maisons d’éditions, etc., dans plus de quarante pays.

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«  Tulku s » du Tibet …

“Autobiographie d’un lama réincarné en Occident” Elijah Ary – éditions Philippe Rey © 17/01/2019

https://www.babelio.com/livres/Ary-Tulkou–Autobiographie-dun-lama-reincarne-en-Occ/1104872/critiques/2905558

Samten G. Karmay

Religion et politique tibétaines – September 2008

http://camisard.hautetfort.com/archive/2008/09/13/religion-tibetaine-et-politique-de-samten-karmay.html

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Troisième partie

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« La fraternité doit sans cesse se régénérer

car elle est sans cesse menacée par la rivalité. »

Edgar Morin

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Réflexions

Patrick Lemoine nous brosse un factuel de notre condition humaine … :

« La conscience de notre propre mort est étroitement liée à notre capacité à anticiper ; l’incertitude du moment de notre mort, qui peut survenir à tout moment, est très douloureuse.

Voilà la base des ingrédients qui font de l’homme un animal anxieux, une proie désignée de toutes les drogues, tous les alcools, toutes les conduites à risque, tous les sports extrêmes. En d’autres termes, l’homme essaie par tous les moyens (normaux ou pathologiques) d’oublier sa condition ou de penser à autre chose.

Au contraire, rares sont les animaux capables de conceptualiser la mort. Les éléphants probablement, les chimpanzés sans doute aussi, mais anticipent-ils la mort de leurs proches, ou la leur ? La conscience du futur existe chez l’animal mais il est fort probable que la conscience de sa propre disparition soit le véritable propre de l’homme. De ce fait je propose de rebaptiser l’Homo sapiens en Homo anxius. »

(p. 92 « Rêves, Transes » Robert Laffont © 2020)

Ainsi nous avons tenté d’établir des passerelles entre des disciplines d’une approche mettant en parallèle des travaux scientifiques récents et l’héritage de connaissances traditionnelles, afin d’essayer de dégager ce qui aujourd’hui pourrait donner un horizon viable à une quête spirituelle ouverte à l’humanité de demain.

Afin d’éclaircir un peu le propos qui est l’objet de ces réflexions, nous allons nous appuyer sur trois ouvrages, deux parus il y a peu, et un troisième qui date un peu plus.

Le pourquoi de ces choix est essentiellement, outre la qualité des auteurs, lié à des perspectives réellement révolutionnaires quant à la façon dont notre humanité peut se penser en terme de “vision” dans son avenir proche et plus lointain par voie de conséquences.

C’est pour le plus ancien, en terme de date d’édition :

«  L’ erreur de Descartes  » – Antonio R. DAMASIO, éd. Odile Jacob © oct. 2010,

pour ses travaux sur “l’hypothèse des marqueurs somatiques”,

https://www.babelio.com/livres/Damasio-Lerreur-de-Descartes–La-raison-des-emotions/38598/critiques/2772680

puis :

«  Des âmes et des saisons  » –Psycho-Écologie, Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob © 2021,

https://www.babelio.com/livres/Cyrulnik-Des-ames-et-des-saisons/1293636/critiques/2813716

pour son approche globale de la condition humaine dans son environnement,

et :

« La Diagonale de la Joie » – Corine Sombrun – éditions Albin Michel © mars 2021,

https://www.babelio.com/livres/Sombrun-La-diagonale-de-la-joie/1304168/critiques/2828285

Dont le Dr Patrick Lemoine nous dit :

«… j’ai donc eu la chance de l’entendre… et d’être fasciné !

Corine Sombrun est une chamane. Une udgan pour être précis. On ne fait pas plus exotique… même si elle est aussi parfaitement occidentale, dans son look comme dans sa tête. Avant de la rencontrer j’étais — et je reste d’ailleurs — d’une méfiance extrême vis-à-vis de ce genre de personnages quand il est sorti de son contexte culturel, car j’ai toujours peur des dérives, notamment pécuniaires. Pourtant, j’ai tout de suite compris que j’avais affaire à une personne rayonnante, droite, honnête et, surtout, rigoureuse dans son approche de la culture chamanique. »

(p. 222 « Rêves, Transes », “et autres états modifiés de conscience” Dr Patrick Lemoine – éditions Robert Laffont © janvier 2020)

ceci pour l’innovation d’un champ de recherche scientifique où tout est à découvrir sur la nature d’une “intelligence perceptive ”, très souvent embourbée dans des traditions plus ou moins sclérosées et donnant parfois dans de la superstition de surface, ou un charlatanisme mercantile assez douteux, voir parfois misérable.

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Dans la thèse de « l’Erreur de Descartes » d’A. R. Damasio*, sont réconciliées la réflexion et la perception, dans la relation intime et complexe entre la pensée consciente d’elle-même et la non-pensée d’une intelligence perceptive qui se dispense du raisonnement analytique. (D. p. III)

« La logique peut être sujette à caution lorsqu’elle se nourrit dans la paresse d’une pensée binaire de l’évidence ! Le jour s’oppose à la nuit, la droite à la gauche, le corps à l’esprit et le masculin au féminin etc …

La pensée dualiste qui permet à l’enfant d’évoluer dans un cadre structurant, rassurant et donnant une vision simple du monde, si elle n’évolue pas en termes de causalité linéaires vers la complexité de systèmes et de perceptions élaborées, elle se développe dans un fixisme fragmentant, sclérose les certitudes vers du jugement moral” ; le haut est supérieur au bas, le devant est plus noble que le derrière, le dedans plus intelligent que le dehors etc … Cette paresse intellectuelle à l’évidence abusive, se complaît dans le psittacisme conformiste, ce qui n’est pas le fait de l’inconfort des réflexions en termes de systèmes … » (B. p. 8/9 et 40/41)

« Lorsque l’émotion est laissée totalement à l’écart du raisonnement, comme cela arrive dans certains troubles neurologiques, la raison se fourvoie encore plus que lorsque l’émotion nous joue des mauvais tours dans le processus de prise de décision. » (D. p. IV)

« À partir de cette constatation, j’ai pensé que l’expression et la perception des émotions faisaient sans doute partie intégrante des mécanismes de la faculté de raisonnement. » (D. p. 8)

Ainsi nous pouvons dès lors avancer que la forme “d’intelligence” de notre espèce ne se réduit pas à ses fonctions mentales aussi performantes soient-elles, la chose est beaucoup plus subtile.

« Citant Jacques Martinerie, sur le fonctionnement cérébral et les rythmes bêta et gamma à travers différentes analyses, y est établi une comparaison avec les rythmes d’ouverture de conscience enregistrés sur les grands méditants, un état où n’existent plus le doute ou l’autocensure.

[…] Elle confirme les résultats d’Edmonton et prouve bien que cette forme de transe modifie le fonctionnement cérébral. Je dois terminer l’analyse, mais il semble y avoir une élévation globale des rythmes bêta et gamma à travers les différents contrôles des resting states(1).

Ce qui serait comparable aux rythmes d’ouverture de conscience enregistrés sur les grands méditants ?

Tout à fait. » (S. p. 136)

(1)(méthode d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle)

*(pour plus commodité dans les références de pages, nous mettrons D. pour Damasio ; C. pour Cyrulnik et S. pour Sombrun, des ouvrages dont il question.)

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Nous pouvons donc considérer que notre manière d’interpréter les choses et son mode usuel de cognition ne valent que pour la perspective utilitaire, pragmatique et finalement ayant ses limites contraignantes, négligeant d’autres ressources perceptives, de possibilités à découvrir en soi.

Sous cet angle Patrick Lemoine nous précise :

« Les résultats sont clairs, l’état de transe chamanique implique une double bascule :

une bascule d’un mode normal dominant gauche, et donc analytique, à un mode dominant droit, de perception de soi ; – une bascule d’un mode normal dominant antérieur préfrontal à un mode postérieur, et donc sensorimoteur.

Autrement dit, au lieu d’être un humain qui raisonne, on devient une créature qui ressent.

Cette conclusion a eu des conséquences dans le domaine de la psychobiologie, de la conscience de soi mais aussi dans le domaine des processus de dissociation, de psychose et d’états modifiés de conscience. Ces résultats peuvent être vus comme la base théorique du pont à jeter entre les techniques de soin occidentales et les techniques utilisées par les tradithérapeutes. Cette découverte, selon moi majeure, c’est bien à Corine qu’on la doit. »

(p. 222/23 « Rêves, Transes » Robert Laffont © 2020)

Ainsi ici ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est de savoir si il existe l’éventualité d’un champ de conscience dont le siège ne serait pas réduit aux fonctionnalités du mental, mais élargi en quelque chose à la fois de plus global, plus décentré et précis que la fonction de contrôle centralisé du cerveau, vers un champ perceptif lié à l’épigénétique.

Dans cette perspective s’ouvre un vaste horizon, celui qui nous constitue depuis l’origine (voir précédemment ; L.U.C.A. [Last Universal Common Ancestor – Les étapes de la conscience humaine]).

Une communication directe est-elle possible avec ce qui la constitue ?

« Tout se met à parler autour de nous. Une information arrive sans qu’on sache comment, un geste nous montre la direction à suivre, ce que nous savons sans savoir que nous le savons. Une autre intelligence est à l’œuvre, dont nous avons l’impression d’être le témoin. Elle est commune à tous, à tout le vivant. L’intelligence de la vie ? » (S. p. 164)

«  Nous pensons que notre corps nous appartient, mais il est colonisé par des milliards de bactéries et de virus, me dit Marc Henry. Et comme un seul gène sur cent dans notre génome provient de notre propre ADN, on peut dire que 99 % des gènes de notre corps ne sont pas des gènes humains.

Ce sont des gènes de ces bactéries et de ces virus ?

Qui constituent aussi le génome de tout le vivant.

Ainsi nous aurions en nous un génome commun à tout le vivant ?

Nous formons si l’on peut dire un « assemblage bio-politique d’espèces multiples ».

Cela veut dire que notre ADN est en partie commun avec celui du loup, de l’abeille, du brin d’herbe ou du chêne ?

Oui.

Cela pourrait expliquer que pendant la transe…

Il n’est pas impossible que, par le biais des processus d’épigénétique qui sont connus pour être réversibles, les caractéristiques de ces gènes puissent s’exprimer pour nous faire vivre temporairement un autre état. ». (S. p. 250/51)

« Ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que ce que nous percevons du monde, ce que nous en “voyons”, n’est pas le Monde, mais un modèle de ce Monde crée par notre cerveau »

https://www.youtube.com/watch?v=Ym0kIECFi0U&t=22s

« J’avais déjà vécu le phénomène de “dissolution” pendant une transe, avec l’impression de devenir rien, de me fondre dans le tout et d’en ressentir la puissance. L’une des plus fortes expériences de ma vie. Mais là… Une présence dans un halo blanc. D’une telle beauté que j’ai immédiatement pensé à ce que les religions appellent Dieu, Divinité. Tout aurait pu s’arrêter à une vision d’image pieuse, si ne s’était imposé un immense sentiment de foi. D’amour ? Je ne sais pas. Réduire ce que je ressentais à un mot n’est pas possible. (S. p. 255/56)

la “réincarnation” : la résonance d’une fréquence qui perdure comme un écho dans un autre corps(2) ?

Avec mon approche des sciences dures, la “présence”, la manifestation d’un être dans sa multiplicité d’états est encore une terra incognita. Mais pour un chercheur, c’est une source potentielle de motivation pour tenter d’établir des cohérences nouvelles. Je ne peux pas être trop surpris que la séparabilité entre phénomènes ne soit jamais totale. Pour autant, la façon dont ces couplages “faibles” se font, leur diversité, leur détectabilité, leur reproductibilité restent encore aujourd’hui à la limite de ce qu’il nous est possible de postuler. Peut-être que dans un avenir pas forcément lointain, cette respiration du monde, où on apprend à se distinguer du « reste du monde » tout en se construisant en symbiose forte avec lui, se révélera dans le domaine d’une physique des résonances dont nous capturerons progressivement les composantes. Se trouver exposé à de tels phénomènes, comme l’état de transe, pourra être une chance formidable de découverte, ou au contraire l’occasion de se perdre dans des myriades d’illusions de nos perceptions. Cette physique des résonances devra donc justement pouvoir un jour nous éclairer là-dessus. Elle décrira des grands systèmes contenant des sous-ensembles en couplages très forts, de type quantique, et d’autres en couplages plus faibles, de type classique. Mais tous sont couplés, interdépendants. La dynamique de ces résonances fonctionne dans mon imaginaire comme une partition où les harmoniques des résonances fondamentales, ensemble, génèrent un timbre donnant naissance à l’identification d’un nouvel instrument dans l’orchestre symphonique du monde. »

(S. p. 281)

https://trancescience.org/fr/evenements-a-venir-et-passes/

(2)“La biodynamique”

A l’instar de toute structure mécanique, le corps humain possède des fréquences de résonance qui entraînent une réponse mécanique maximale. La réponse humaine aux vibrations ne peut pas s’expliquer seulement en termes de fréquence de résonance unique ; il existe de nombreuses résonances dans le corps et les fréquences de résonance varient d’une personne à l’autre et en fonction de la posture. Deux réponses mécaniques du corps sont souvent utilisées pour décrire la manière dont les vibrations provoquent un mouvement du corps : la transmissibilité et l’impédance.

La transmissibilité indique la fraction des vibrations transmises, par exemple, du siège à la tête. La transmissibilité du corps dépend fortement de la fréquence et de l’axe des vibrations, ainsi que de la posture du corps. Des vibrations verticales du siège provoquent des vibrations de la tête suivant plusieurs axes. Dans le cas d’un mouvement vertical de la tête, la transmissibilité tend à être la plus forte dans la plage de 3 à 10 Hz environ.

L’impédance mécanique du corps caractérise la force nécessaire pour provoquer un mouvement du corps à chaque fréquence. Bien que l’impédance dépende de la masse du corps, l’impédance verticale du corps humain présente généralement une résonance à 5 Hz environ. L’impédance mécanique du corps humain, y compris cette résonance, influence fortement la manière dont les vibrations sont transmises par les sièges. Pour finir : tous les systèmes, montages, pièces mécaniques sont soumis au phénomène de résonance. Les systèmes abstraits sont également soumis à des résonances : on peut, à titre d’exemple, citer la dynamique des populations. Dans le domaine du génie civil, on peut observer ce phénomène principalement dans les passerelles piétonnes soumises à des marches militaires, par exemple, ou, de façon plus générale, dans les constructions soumises à un séisme.

La cymatique” : permet de visualiser le son par la mise en vibration d’un corps, comme le sable ou l’eau. En vibrant, celui-ci se déplace en fonction de la fréquence des oscillations, dessinant les mouvements qu’il subit.

John Stuart Reid, chercheur en physique acoustique : Le son est au cœur de toute matière, tout vibre dans l’univers.

« Da Vinci Code » doc. Arte – © ZDF 2012 (44mn)

« J’appris beaucoup de lui [G. Gurdjieff] sur les tapis, qui représentaient, me disait-il, une des formes les plus archaïques de l’art. Il parlait des anciennes coutumes relatives à leur fabrication, toujours en vigueur en certaines localités de l’Asie. Tout un village travaille sur le même tapis ; tous, jeunes et vieux, se rassemblent, pour les longues veillées d’hiver, dans une grande maison où ils se répartissent en groupes, assis ou debout, selon un ordre préalablement connu et fixé par la tradition. Chaque groupe commence alors son travail. Les uns retirent de la laine les petites pierres ou les éclats de bois. D’autres l’assouplissent avec des bâtons. Un troisième groupe la peigne. Un quatrième la file. Un cinquième la teint. Un sixième, ou peut-être le vingt-sixième, tisse le véritable tapis. Hommes, femmes, enfants, tous ont leur propre travail traditionnel. Et, d’un bout à l’autre, le travail s’accompagne de musique et de chants. Les fileuses, tout en maniant leurs fuseaux, exécutent une danse spéciale, et, dans leur diversité, les gestes de tous font comme un seul et même mouvement, sur un seul et même rythme. En outre, chaque localité a son air de musique propre, ses propres chants, ses propres danses, associés depuis un temps immémorial à la fabrication des tapis.

Et, tandis qu’il me parlait, cette pensée traversa mon esprit que peut-être le dessin et le coloris des tapis n’étaient pas sans correspondance avec la musique, qu’ils étaient son expression dans la ligne et la couleur ; que les tapis pouvaient bien être des enregistrements de cette musique, les partitions qui permettaient la reproduction des airs. Il n’y avait pour moi rien d’étrange dans cette idée parce qu’il m’arrivait souvent de “voir” la musique sous la forme de dessins coloriés et complexes. »

p. 73-74, « Fragments d’un enseignement inconnu », Ouspendsky – Éditions J‘AI-LU © 2021

Les Fractales” : structures similaires à toutes les échelles.

(Broderie au point de croix [47 cm x 31] ,

Sandrine Grillet – © 2013, « La Vague » d’Hokusai)

L’auto-similarité des fractales ; plus on avance dans la vision de détails (zoom) plus on a la sensation d’être rendu là où on était avant … !

Les “fractales” en biologie se reproduisent sans cesse dans les schémas de l’évolution.

Ces schémas par exemple, correspondent aux rythmes cardiaques normal dans une architecture “fractale” similaire à une structure rocheuse de montagne ! Le mouvement brownien.

Quand on se tient en équilibre, que fait-on en réalité ? Nous faisons quelque chose de pas vraiment conscient mais efficace (c’est la proprioception). Toute ces oscillations sont-elles en structure de schémas fractales ? Oui, nous découvrons que les processus physiologiques sont d’architectures fractales.

– 43: 00 Système sanguin, respiratoire, rénaux, neurologiques, sont de toute évidence des structures fractales.

– 48: 00 L’aspect d’une forêt peut sembler aléatoire et chaotique, mais en fait elle est structurée en fractales. Par exemple, l’étude d’un seul arbre dans une forêt donnée, permet de connaître la quantité absorbé de CO2 de la forêt en son entier !

Ainsi les fractales participent de la compréhension de la complexité qui régit la Nature.

à la recherche de la dimension cachée”

© 2008 WGBH Educational Foundation and The Catticus Corporation

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Si dans les concept symboliques de :

« Pacha-mama » – peuples de l’Altiplano, ou dans les peuples amérindiens du Nord :

«  Mitakuyé Oyasin » Lakota du Dakota (Je fais partie de la grande famille du vivant)

ou encore dans “L’Espace du Tantra” tibétain tel que la sadhana de Milarépa :

« Avec tous les êtres emplissant l’espace, qui “furent nos mères successives”* […]

… voire dans la tradition chrétienne, la relation au culte marital lui-même prenant source jusqu’au Paléolithique, nous développons cette perspective, alors nous pouvons “entendre” cela, oui, et ce dans un sens d’une appartenance commune respectueuse et globale, de la gratitude en dehors de tout sentimentalisme dans l’ordre naturel du monde et son fonctionnement qui est ce qu’il est !

« Ce que vous aurez délié sur Terre » La disparition d’une mère, Véronique Loiseleur/Desjardins – Les Éditions Plon © 2013

“le coin des Citations”

http://camisard.hautetfort.com/media/01/02/1480267140.pdf

https://www.babelio.com/livres/Desjardins-Ce-que-vous-aurez-delie-sur-terre/781096/critiques/3693803

* Il est à noter que Lama Thoubten Yéshé précise tout de même l’idée de la chose dans le cadre de la tradition du Vajrayana, qui généralement est très mal interprétée et comprise :

« Je vous le dis, les êtres, nos mères, sur cette Terre sont vraiment stupides*.
[…]
C’est très drôle. L’esprit humain est tellement bizarre…, et très stupide*, si vous vérifiez bien. »

p. 45  « Ego, attachement et libération », Lama Thoubten Yéshé – éditions Vajra Yogini © 2008

* nous devons entendre cela comme une “opacité émotionnelle/mentale” très réactionnelle, et non une clarté d’actions inspirées. Il ne s’agit pas là, à proprement parler des facultés humaines, de sentiments et intellectuelles en tant que telles, bien évidemment !  

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Nous voyons se dégager dans ce qui vient d’être énoncé d’une part notre dynamique de résonances et d’autre part dans “notre assemblage bio-ADN d’espèces multiples” » le biais de processus d’épigénétique qui sont connus pour être réversibles, les caractéristiques de ces gènes qui peuvent s’exprimer pour nous faire vivre temporairement un autre état.

Dans les mises en conditions de notre organisme corporel à travers des pratiques spirituelles et techniques ayant fait déjà dans les traditions diverses “leurs preuves”, la réalité d’une intelligence perceptive semble bien accessible, “palpable”.

Ainsi l’être humain porterait bien en lui une structure qui convenablement orientée pourrait ouvrir l’accès à une “connaissance” qui n’emploierait pas les processus cognitifs et mentaux classiques, mais une ressource intarissable, disponible, qui est en suspension dans une “présence”, une “immanence” hors des champs de la dualité ?

« Il ne s’agit pas de nier que les émotions puissent perturber les processus du raisonnement dans certaines circonstances. Depuis des temps immémoriaux, on sait bien qu’elles le peuvent, et de récentes recherches ont bien montré comment les émotions pouvaient influencer de façon désastreuse le raisonnement. Il est donc d’autant plus surprenant et c’est là une découverte que l’incapacité d’exprimer et ressentir des émotions soit susceptible d’avoir des conséquences tout aussi graves, dans la mesure où elle peut handicaper la mise en œuvre de cette raison qui nous caractérise tout particulièrement en tant qu’êtres humains et nous permet de prendre des décisions en accord avec nos projets personnels, les conventions sociales et les principes moraux.

Il ne s’agit pas non plus de dire que, lorsque les émotions interviennent de façon positive, elles décident pour nous ; ni de dire que nous ne sommes pas des êtres rationnels. Je suggère seulement que, par certains côtés, la capacité d’exprimer et ressentir des émotions est indispensable à la mise en œuvre des comportements rationnels. Et lorsqu’elle intervient, elle a pour rôle de nous indiquer la bonne direction, de nous placer au bon endroit dans l’espace où se joue la prise de décision, en un endroit où nous pouvons mettre en œuvre correctement les principes de la logique. » (D. p. 9 )

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« Et les perceptions d’émotions ne sont ni fugitives ni insaisissables. Contrairement à l’opinion traditionnelle, je pense qu’elles ont une valeur cognitive, tout autant que les autres percepts. Elles découlent, d’ailleurs, d’un agencement physiologique des plus curieux, puisque celui-ci a mis le cerveau dans l’obligation “d’écouter” le corps.

Les perceptions d’émotions nous donnent un aperçu instantané sur l’organisme en pleine activité biologique ; elles captent le reflet de la vie elle-même, en train de s’accomplir. S’il n’était pas possible de percevoir les états du corps programmés pour être douloureux ou agréables, il n’y aurait ni souffrance ni félicité, ni désir ni satisfaction ni tragédie, ni bonheur, dans la vie humaine. » (D. p. 13)

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Cela peut sembler surprenant, mais le psychisme n’existe que par et pour un organisme intégré ; notre fonctionnement mental ne serait pas ce qu’il est s’il n’y avait pas eu cette interaction du corps et du cerveau pendant l’évolution, si elle ne s’était pas poursuivie durant le développement individuel et ne continuait pas à chaque instant de notre vie. Le psychisme a dû en premier lieu se rapporter au corps, faute de quoi il n’aurait pu être. À partir de la référence fondamentale fournie en permanence par le corps, l’esprit peut ensuite se rapporter à beaucoup d’autres choses, réelles et imaginaires. »

(D. p. 14)

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Qu’est ce que nous pouvons donc entendre par “esprit” ?

Ici nous voyons bien qu’il y a “esprit” là où se manifeste un support tangible. Dans l’exemple de la cymatique nous constatons que la vibration d’un son, non visible, impalpable, si il rencontre le support adéquat, se manifestent des structures géométriques fractales pré-existantes, en quelque sorte dans la vibration du son lui-même. Dans l’univers tout vibre ; se pourrait-il que la symphonie de cet univers, sa structure même, soit en définitive l’Esprit en toute chose, chacune ayant sa résonance propre ? Dans quelle mesure cet “Esprit” peut-il rencontrer les conditions de son expression dans “l’esprit” de l’Humain ? Quelle serait la nature de ces manifestations inintelligibles pour l’Homme ?

« Quand je parle de “l’esprit”, ce n’est pas juste à “mon esprit, mon affaire perso” que je fais référence. Quand je parle de “l’esprit”, je parle de l’esprit de tous les êtres vivants de l’univers. » Lama Thoubten Yéshé (« Faites de votre esprit un océan » – Votre esprit est votre religion, p. 13, éditions Vajra Yogini © 2014)

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Roberte Hamayon, dans « Fondements et pratiques d’une forme religieuse d’hier et d’aujourd’hui »* stipule : “l’évidence que l’humanité a commencé par vivre de chasse” et “le caractère structurel du lien entre chamanisme et chasse rend plausible l’idée de l’universalité du chamanisme. Il rend compte de la présence d’éléments chamaniques dans toutes sortes de sociétés” (p. 68)

« Enfants de la nature »

Les humains, une espèce parmi d’autres dans la forêt

En forêt, les humains sont une espèce parmi d’autres. Leurs huttes, couvertes selon les saisons de peaux fourrées ou de plaques d’écorce, tiennent pour eux le rôle que tiennent nids, tanières et terriers pour d’autres espèces. Comme les espèces animales qu’ils y voient vivre, les peuples chasseurs sibériens se sentent partie prenante de la chaîne alimentaire qui permet à toutes d’y vivre. Ils en ont généralement une grande conscience” (p. 73/74)

« Une conception animiste du monde naturel »

L’évidence de la chaîne alimentaire est le fondement empirique de la démarche qui conduit les humains à établir des relations avec les espèces gibier pour pouvoir vivre de chasse.

Ce qui rend possible d’établir de telles relations est la conception animiste inhérente au chamanisme. Selon cette conception, le corps animal est “animé” par une composante spirituelle individuelle ou “âme” semblable à celle qui anime le corps humain. Les âmes animales sont pensées homologues des âmes humaines en nature et en fonction, et spécifiques de chaque espèce. La notion d’être animé couvre à la fois celle « d’avoir une âme » et celle « d’être en vie ». Mais l’âme est conçue à la fois comme nécessaire à la vie du corps et survivant à sa mort.” (p. 74/75)

Nous avons donc ici dans ces études d’anthropologie de sciences religieuses, l’énoncé clair que dès les fondements de l’humanité, la notion “spirituelle” de l’Humain dans son appartenance à une dimension beaucoup plus vaste que sa manifestation individuée, était intrinsèquement présente à son espèce.

Que cette notion “spirituelle” de l’Humain est une donnée originelle non séparable de sa nature essentielle et de son fondement, quelles que puissent en prendre les formes au cours des temps et des évènements ; la spiritualité est de l’ordre de l’Humanité, les religions en sont des relais eux d’ordres culturels, il faut bien en cerner toute la réalité.

Dés lors, quels pourraient être les chemins et accessoirement les critères qui rendrait cet aspect de notre humanité intelligible ?

En outre dans quelle mesure cela ne reviendrait-il pas à chaque personne aujourd’hui de faire l’effort de cette profonde compréhension de sa nature d’intelligence proprement humaine exempte du dualisme cartésien, dont Antonio R. DAMASIO a démontré la perspective erronée.

Quel pourraient en être les méthodologies et “outils” dans notre monde contemporain en proie à ses difficultés propres qui donnent le vertige ! Pour autant des “matériaux” sont plus ou moins disponibles, encore faut-il avoir une idée aussi claire que possible de la chose, car dans ce domaine les charlatans ne manquent pas, non plus que les abus de confiance institutionnels. Ce pourquoi les travaux des neurosciences sont à suivre au plus près nous semble-t-il !

En outre il ne serait probablement pas superflu d’introduire dans l’éducation publique laïque** du parcours scolaire de la jeunesse une discipline introduisant à la fois dans l’historique de ces matières, un esprit “critique” et informé de ce qu’il en est aujourd’hui, avec éventuellement des plateformes ouvertes aux intervenants des sujets abordés. Ainsi notre jeunesse pourrait-elle se faire une plus juste idée de ce dont il retourne, et faire des choix en connaissance de cause, ce qui éviterait probablement bien des malentendus et égarements fâcheux !

« N’allez pas penser que cette démarche — examiner la nature de son esprit, chercher à la connaître — soit juste un trait culturel oriental ; ce serait une conception erronée. Je parle de quelque chose qui VOUS concerne. Comment peut-on dissocier le corps, ou l’image de soi, de l’esprit ? C’est impossible. Vous croyez que vous êtes une personne indépendante, libre de voyager à travers le monde, de profiter de tout. Mais vous n’êtes pas libre du tout, quoi que vous en pensiez. Je ne dis pas que vous êtes sous le contrôle de quelqu’un d’autre. C’est votre propre esprit incontrôlé, votre propre attachement qui vous tyrannise. Si vous découvrez comment vous vous opprimez vous-mêmes, votre esprit incontrôlé disparaîtra. Connaître votre esprit est la solution à tous vos problèmes.

[…]

Si vous n’avez pas la moindre idée de votre propre fonctionnement psychologique, vous pouvez ignorer ce qui se passe dans votre esprit jusqu’au moment où vous craquez et devenez complètement fou. Les gens deviennent fous par manque de sagesse intérieure, par incapacité à examiner leur propre esprit. Ils n’arrivent pas à comprendre ce qui se passe en eux, ils ne savent pas comment se parler à eux-mêmes. Alors ils sont constamment préoccupés par tous ces objets extérieurs, tandis qu’à l’intérieur, leur esprit se dégrade, ce qui finalement les amène à la dépression. Ils ignorent leur monde intérieur ; leur esprit est totalement immergé dans l’ignorance, au lieu d’être en alerte et occupé à s’analyser soi-même. Examinez vos propres attitudes mentales. Devenez votre propre thérapeute.

Vous êtes intelligents ; vous savez bien que les objets matériels seuls ne peuvent pas vous apporter satisfaction. Pour autant, il n’est pas nécessaire de vous engager dans une aventure d’ordre religieux ou émotionnel pour vous adonner à l’examen de votre esprit. Certains le croient cependant. Ils s’imaginent que cette sorte d’auto-analyse est quelque chose de religieux ou de spirituel. Non, il n’est pas nécessaire de vous positionner vous-mêmes en tant qu’adepte de telle ou telle religion ou philosophie, de vous ranger dans une catégorie religieuse. Mais si vous voulez être heureux, ce qui est absolument nécessaire, c’est de vérifier comment vous conduisez votre vie. Votre esprit, c’est là votre religion. »

p. 14/15 Lama Thoubten Yéshé (« Faites de votre esprit un océan » – Votre esprit est votre religion, p. 13, éditions Vajra Yogini © 2014)

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*« Le Chamanisme » – “Fondements et pratiques d’une forme religieuse d’hier et aujourd’hui”, Roberte Hamayon, Éditeur : EYROLLES © 07/05/2015

https://www.babelio.com/livres/Hamayon-Le-chamanisme–Fondements-et-pratiques-dune-form/719630/critiques/2870809

** Le “privé” devrait être lui aussi soumis à un programme au minimum sur l’historique des religions et traditions, ainsi que des avancées scientifiques dans ce domaine.

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Dans « Rêves, Transes » (p. 240), Dr Patrick Lemoine énonce une position assez abrupte :

« Selon moi, les concepts de dieu, de religion, de paradis et d’anges ne proviendraient donc que de notre capacité à fabriquer des endomorphines, des endo-cannabinoïdes, de l’endo-cocaïne, de l’endo-LSD et probablement des tas d’autres endos, lors de notre entrée en agonie. Karl Marx ne s’en doutait pas, mais, d’un point de vue neuroscientifique, il avait drôlement raison de dire en son temps que « la religion est l’opium du peuple », sacrée prémonition neurobiologique.

Cette hypothèse est assez décevante pour celles et ceux qui redoutent l’absence de vie après la mort. Et loin de moi l’idée de laisser sans espoir ceux qui en ont besoin mais, si le poids de la religion pouvait être affaibli, je ne peux pas m’empêcher de penser que cela réduirait considérablement le nombre de guerres… »

Dans « Tsaloung »*, (p. 23) l’auteur exprime le fait que :

« En réalité, l’esprit existe indépendamment du corps et la nature des deux est absolument distincte. »

Ce qui reprend une conception assez “cartésienne”, à savoir que l’esprit serait une substance essentiellement distincte du corps, dont la pensée est l’attribut principal et dont les diverses pensées sont des modes.

Poursuivant plus avant page 24 ;

« Les sages bouddhistes affirment que la fonction claire et limpide de notre continuum psychique existe donc indépendamment du corps et que le processus de leur apparition résulte d’une interconnexion extraordinaire. »

et p. 25

« Le sentiment d’un “je” qui migre du bardö(1) vers la naissance est extrêmement subtil. »

Nous avons quelques perplexités devant un énoncé faisant appel à “l’extraordinaire”, “l’extrêmement subtil” et le “sentiment d’un « je » désincarné”, qui chez le petit de l’Homme est sans aucune consistance avant ses dix-huit mois(2)… !

Sans aller dans le point de vue assez tranché de P. Lemoine, il faut bien reconnaître que là dans cet énoncé, la notion de “lung-sem” (l’indivision souffle-esprit) et l’esprit des “énergies” (ici le “flux du karma/vipaka” en tant que force gravitationnelle), le courant de la pensée conceptuelle, ainsi que les courants d’énergies dans le corps, “énergies” dans la conscience dualiste, énergie mentale d’un être classique, est très opaque dans son descriptif, pour ne pas dire du charabia de la plus belle eau !

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* “Les techniques tibétaines de contrôle des canaux et souffles subtils”

Lama Kunga Kunchok — éditions Yogi Ling © 2011

(1) État intermédiaire entre deux vies consécutives(?)… dans la tradition du bouddhisme tibétain.

(2) Les souvenir “auto-biographiques” se structurent environs à l’âge de trois ans, et ce toujours dans une interaction avec “autre”. C’est la base structurante de notre personne originale en tant que telle. Cette histoire personnelle perdue, nous nous retrouvons “évidé” de ce qui nous constitue.

(Alain Brunet [psychologue clinicien] – Roger Schmidt [neurologue psychiatre])

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En forme “d’épilogue” à ces diverses réflexions, nous nous appuierons sur l’idée, hélas restée pour l’heure unique dans son épanouissement, « d’Auroville » en Inde*, dont la vocation originelle était d’être une invitation innovante à reproduire en d’autres lieux de la Terre avec ses particularités géographiques et ethniques, mais dont l’inspiration eut été la même.

Il est évident que ce choix n’est pas de notre part “apologie” du lieu où probablement bien des choses sont à parfaire, mais c’est l’idée en elle-même et sa tentative de mise en “vivre” qui nous intéresse, cette “aube” d’une Humanité toujours possible, et cela également en soi.

Auroville ou Aurore, en Inde

(Habiter le monde, ou une “utopie” réalisée)

Crée en 1968 en un endroit désertique elle représente ce que cette génération d’après guerre aura produit de plus original et peut être de meilleur ; cité dite “utopique” car dérangeante d’un point de vue conformiste de l’état conflictuel voir belliqueux(1) de l’humanité en général, mais cependant réalisée et toujours très vivante dans l’actualité.

Fondée autour d’une perspective de recherche en l’unité spirituelle de l’Homme, elle s’affranchit du religiosisme culturel en accointance avec le politique, pour valoriser et favoriser dans les meilleures conditions possibles la quête spirituelle intérieure des personnes dans une osmose avec son environnement tel qu’il se trouve là où il vit en opérant les métamorphoses induites par une telle orientation de vie.

La structuration “matérielle” est en association avec la spiritualité, liant les matériaux à travers son évolution dans la perspective de “sublimer” l’intériorité de l’existence de êtres qui y participent.

C’est une démarche personnelle qui s’offre en quelque sorte dans une dimension au profit de l’ensemble. Le « Matrimandir » est l’énergie d’Unité, le Cœur rayonnant ;

c’est un lieu ouvert de recueillement, de contemplation silencieuse, il n’y ni a “religion” ni clergé, absence de “rituels” et de cultes et donc ce n’est pas à proprement parler un “temple”, c’est une “vacuité riche” de présence, un endroit privilégié pour se rencontrer, y méditer, s’orienter vers son intériorité.

Un vivre ensemble ne signifie pas un nivellement, des goût, des besoins, etc. l’idée maîtresse est la simplicité, l’essentialité qui n’exclue nullement la beauté, de l’harmonie.

La remise en question du droit de propriété exclusif est ici pour restaurer le fondement de l’habitat et de son sens, être un lieu d’accueil et d’hospitalité, et ce hors du champ d’investissement en rentabilité, pour privilégier notamment l’aspect de créativité. Il y a aussi l’idée que les choses sont temporaires, ne durent qu’une période … donc éviter la saisie d’attachement à l’excès.

Il y est aussi question de mieux se connaître à travers les rencontres et ce que l’on en accepte.

Les dynamiques de projets divers sont toujours en mouvement, c’est une vie qui n’est pas fondée sur du dogme mais des expérimentations faisant la preuve de leurs viabilités, vivre en soi tout en étant relié au autres, dans un horizon partagé d’une sagesse et bienveillance commune porteuse de paix vivifiante.

« Habiter le monde », Inde, Auroville — “La cité utopique”, Film Fred Cebron © Arte France – Cinétévé – 2017

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* Sri Aurobindo (Ghose) « L’aventure de la conscience » – Buchet Chastel, (p. 177)

« Je vécus jour et nuit dans ce Nirvana avant qu’il ne commence à admettre autre chose en lui ou à se modifier tant soit peu… puis il commença à disparaître dans une Supraconscience plus grande, en haut… L’aspect illusoire du monde cédait la place à un autre aspect où l’illusion n’était plus qu’un petit phénomène de surface, avec une immense réalité divine par derrière, une suprême Réalité divine au-dessus et une intense Réalité divine au cœur de toutes les choses qui, tout d’abord, m’étaient apparues comme des formes vides ou des ombres cinématographiques. »

« L’homme est un être de transition ; il n’est pas ultime. Car, dans l’homme et bien au-dessus de lui, s’élèvent les degrés radieux qui mènent à une “suprahumanité divine”. C’est là que résident notre destinée et la clef qui nous libérera de notre existence mondaine, pleine de promesses, mais inquiète et limitée… […] Ce passage est inévitable parce qu’il est à la fois l’intention de l’Esprit intérieur et la logique du processus naturel. »

« La vie sans mort » – Luc Venet, Robert Lafont, (p.25)

« Autrefois le corps était considéré par les chercheurs spirituels comme un obstacle, quelque chose qui devait être vaincu, rejeté, et non comme un instrument de la perfection spirituelle et le terrain même du changement spirituel. »

« … c’est seulement en développant un corps, ou du moins un fonctionnement de l’instrument physique capable de recevoir et de servir une illumination plus haute encore qu’il pourra s’élever au-dessus de lui-même et réaliser, non seulement dans sa pensée et dans son être intérieur mais dans la vie, une humanité parfaitement divine ».

« La vie sans mort » – Luc Venet, Robert Lafont, (p.30-31)

« Toutes les méthodes groupées sous le nom commun de “yoga” sont des procédés psychologiques spéciaux fondés sur une vérité établie de la Nature et qui font apparaître, à partir de fonctions normales, des pouvoirs et des résultats qui étaient toujours là, latents, mais que les mouvements ordinaires de la Nature ne manifestent pas facilement ni souvent ».

« La Synthèse des yogas », Buchet Chastel, tome I, (p.5)

« La vie, la vie seule est le champ de notre yoga, et non quelque au-delà lointain, silencieux et extatique»

https://fr.wikipedia.org/wiki/Auroville

 

(1)https://www.babelio.com/livres/Lehorff-Par-les-armes/1043202/critiques/1663428

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Auroville

(Histoire d’une utopie*)

Avec la “contre-culture de 68”, il était déjà perçu la nécessité d’une évolution dans la nature humaine quant à l’orientation de sens de sa destinée, et que les évènements allaient l’y contraindre. L’on pourrait dire que ce projet d’Auroville est le ferment de cette conscience humaine en devenir, et qu’il serait souhaitable que l’idée fasse son chemin vers ces innovations, adaptation aux bouleversements des défis de toutes sortes qui assaillent l’humanité et son milieu de vie.

Pris dans ce sens, la mise en œuvre d’Auroville à accomplir dans le travail qui chaque jour est une sorte de “challenge”, prend et donne le sens d’une forme d’autodiscipline si l’on veut aboutir à quelque chose, avec la satisfaction de son accomplissement.

Cette expérience-là n’est pas structurée par la saisie mentale mais sur un perçu, une perception qui vient de l’inspiration intérieure dans la maîtrise des savoirs et des techniques. C’est un vécu expérimenté, pas une abstraction élaborée.

Dans l’objectif de l’éducation en particulier vers l’enfant, ce qui est avant tout recherché ce ne sont pas tant des “cerveaux brillants”, mais bien plutôt “des âmes vivantes” ! (citation reproduite de “la Mère”, proche de Sri Aurobindo). Nous pourrions dire « un accomplissement de soi » en quelque sorte, dans la “symphonie” du vivant ; la tradition Lakota l’exprime très bien dans « Mitakuyé Oyasin » .

(Jashaun St John)

En fait, ce qui est en vue c’est non seulement l’aspect “spirituel” mais aussi une “connaissance de et en soi” ; la psyché de la personne contient « la vérité de son être », cet “être de spiritualité” étant approché, révélé, tout ce qui est de l’ordre des “problématiques” du mental, tout cela va s’effacer progressivement derrière ce pourquoi nous sommes là présent en cette vie, ce que nous devons y faire, ce qui doit s’y manifester naturellement et simplement comme une évidence, lorsque bien évidemment ce lien contact est réellement établi.

Dans le mental est le doute, qui en est une des caractéristiques de son cheminement habituel, alors que “l’être de spiritualité” en nous, une fois approché conduit progressivement dans l’établissement de l’absence du “doute”, le mental de la raison cartésienne et son dualisme s’éloignant peu à peu comme un brouillard qui se dissipe(1).

Le dualisme du mental qui cherche à comprendre la nature d’être de la “spiritualité” se heurte à un mur invisible, car, ce comprendre-là est dans la “saisie” d’appropriation de savoir de la nature limitée à son individualité, il ne s’ouvre pas au “connaître” de l’être en soi qui lui va au-delà de la nature de l’individué.

Il s’agit d’une expérience vécue qui porte vers la métamorphose de la perception qui ne porte plus vers la force gravitationnelle d’énergies émotionnelles identitaires, mais vers un espace ouvert fluide, attentif. Il y a ébrasement des points de frictions qui s’atténuent, la luminosité se manifeste plus aisément.

L’émergence d’Auroville en “68” portait quelque chose de “prophétique” en renvoi de la ressemblance à l’époque actuelle, une dynamique du respect et de l’environnement naturel, une prise de conscience sur la nécessité de revenir à une existence plus simple, dans un investissement de vie plus soucieux du lieu où l’on vit, le refus des gâchis de toutes sortes. Revenir à plus de sobriété et valoriser la discrétion, l’authenticité au service d’une fraternité limitant les rivalités toujours rôdant et porteuses de conflits au détriment d’une bienveillance porteuse de Paix.

Auroville, Histoire d’une utopie © Coproduction LCPAN -INA – décembre 2021

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* “Histoire d’une utopie” est ici à considérer sous deux aspects, l’un condescendant du point de vue du “matérialisme cartésien” d’Occident recouvrant un domaine de l’irréalisable ; l’autre, d’ouvrage qui conceptualise une société “idéale” à construire ; mais en fait il s’agit ici de bien autre chose, la remise en question de l’orientation de nos sociétés qui peu ou prou véhiculent l’idéologie de “guerres structurantes”, et ce dans l’expérimentation d’une autre vision de l’Humanité, plus sereine et vers des orientations plus réfléchies, plus tournées vers l’intériorité des êtres.

Nous en avons des réalités, tel que par exemple dans les Îles des Princes près d’Istanbul, et en particulier à l’île de Burgazadas où les Halévys (communauté musulmane) vit en harmonie et en échanges fraternels avec les chrétiens et le judaïsme des lieux ; d’ailleurs leur “cemevi” (maison ou lieu du rassemblement à la prière mixte comme à l’époque du prophète Mahomet) n’est pas sans rappeler à certains égards le symbolisme du « Matrimandir » toute proportion gardée …

Et il sévit aujourd’hui “l’infection nationaliste” du fondamentalisme hindouiste de Narendra Modī Premier ministre de l’Inde depuis 2014 : https://www.lejdd.fr/International/en-inde-auroville-la-cite-ideale-se-voit-confisquee-par-la-droite-hindoue-4127053

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(1)

Que peut nous dire Gilles Farcet trente ans plus tard après la parution de : « La voie et ses pièges », d’Arnaud Desjardins et Véronique Loiseleur* ?

Cet ouvrage est un regard lucide, pertinent, sur un sujet très délicat, car galvaudé jusqu’à l’outrance ; le “cheminement spirituel” dans un monde séculier, et énonce dans son sous-titre « Un chemin spirituel pourquoi ? Comment et dans quel but », ce à quoi les questionnements vont avoir des réponses spécifiques.

Ici est bien posé et différencié ce qui est de l’ordre du “travail sur soi” dans un engagement de toute une vie et ce qui relève à proprement parler de la “croyance religieuse”**, les deux peuvent s’entrecroiser, mais pas nécessairement et en tout cas ils ne sont pas à mettre comme trop souvent dans un amalgame préjudiciable donnant lieu au “brouillard” dont il est question, actuellement fort épais, dont même les boussoles semblent avoir perdu le pôle magnétique !

En outre ce livre fait office d’une “cartographie” précise et précieuse pour toute personne qui souhaite s’engager dans cette aventure (pas “qu’intérieure”) de nos jours et en nos contrées ! Car en effet il y règne la confusion des genres, qui font les “choux gras” de toute une faune douteuse, parfois redoutable, y compris dans nombre d’institutions ayant pignon sur rue … d’où les fourvoiements et télescopages dommageables et fréquents hélas !

L’auteur nous donne dans une lecture exempte de fards, en toute clarté dans un écrit naturel, des éléments d’une grande profondeur qui sont parfois susceptibles de “déranger” et de mettre dans “l’inconfort” ne nous y trompons pas, le sujet traité n’étant pas du tout anodin ! Il y est question d’une dynamique de dénuement, de quête vers notre essentiel passant par un dépouillement de tout ce qui encombre la clarté de l’esprit, de son horizon et de sa perspective.

Le paragraphe « La relation au maître après sa mort » m’a particulièrement touché. Le développement qui suit, l’analyse de l’emprise dissimulée d’un fort besoin de reconnaissance, voire refoulé, masquant une pseudo équanimité est bien cernée, c’est la “peinture piège” imageant nombre de ces milieux de business spirituels.

Le chapitre consacré aux processus de crispations du mental liés à notre construction de “personnalité” précise bien qu’il s’agit ici d’éroder, d’user, laminer cette tendance, cette habitude erronée, et ce avec toute la sollicitude que cela requiert, faute de quoi il n’est plus question de “travail” mais de “boucherie psychologique” (p. 192/93)

Tout ceci n’est donc pas sans risque, il importe donc, et G. Farcet insiste tout au long de ce livre, sur l’indispensable sens des responsabilités, et la maturité compassionnelle qui doivent impérativement être présents tout au long du chemin.

Et ceci conduit à un développement très clair dans le chapitre suivant consacré à la nature du sangha très bien explicitée dans son articulation autour de cette empoignade.

Possible épilogue ; « Si vous cherchez l’éveil, allez voir ailleurs ; et au fait, grandissez un peu »…

La “réalisation” ou “libération” au sens traditionnel du terme est sans doute la plus haute possibilité de l’être humain ; mais c’est tout autre chose que “l’éveil” dont il est tant question. L’éveil est un non-événement qui n’advient à personne et nulle part.

(p. 245)

Amusé, j’ai pu constater que Gilles Farcet est lui aussi un utilisateur intense des guillemets dans l’écrit, ce qui me conforte dans cette forme de style !

* https://www.babelio.com/livres/Desjardins-La-Voie-et-ses-pieges/128135/critiques/743493

** https://www.babelio.com/livres/Cyrulnik-Psychotherapie-de-Dieu/982135/critiques/1494008

Si je devais m’en tenir à une phrase et une seule, je dirais ceci : La voie a pour objet de faire émerger un sujet responsable et aimant capable de participer selon sa vocation propre à la guérison plutôt qu’à la maladie du monde.

J’ajouterais qu’il existe des degrés de maturation intérieure : depuis l’émergence d’un sujet digne de ce nom jusqu’à ce que diverses traditions considèrent comme l’ultime libération. On notera que je définis l’objet de la voie du point de vue de la relation et non d’un état de conscience particulier. La qualité de relation procède en effet du degré de conscience, et le plus sublime des états de conscience est vain s’il ne se traduit pas en qualité de relation. Cela dit, un ermite — vocation exceptionnelle — peut, de par sa qualité de communion silencieuse, être davantage en relation qu’un attaché de presse…

p. 17

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La voie et les voies

La voie n’est pas une religion, en cela qu’elle transcende les religions et traditions spirituelles. Elle est présente à l’origine de toute religion ou tradition spirituelle dont elle est le cœur caché et, avec le temps, oublié, mais aucune religion ou tradition n’en détient le monopole. Elle s’y manifeste sous différentes formes.

Je parle ici de “la voie”, on pourrait bien entendu parler aussi “des voies”. Chaque voie spécifique est une déclinaison, une manifestation de “la voie”, un possible chemin vers un but qui transcende toutes les voies.

[…]

De même que toute forme de musique participe de la musique, toute voie spécifique participe de “La voie ”, de l’immémoriale aspiration de l’être humain à se relier, à se connaître lui-même en tant que partie du Tout.

p. 18

citations

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RECHERCHE DU SENS DE SA VIE

« En nous, grâce à une activité inséparable de nous, mais qui n’est pas que de nous comme les actions qui sont à notre disposition, émerge du Monde de la matière et de la vie, un réel qui n’est pas totalement assujetti aux lois que les sciences peuvent préciser. Ce réel est propre à chacun, et en tous il s’efforce de naître et de grandir.

Par sa nature il relève de “l’universel”, qui est d’un ordre radicalement autre que le “général” atteint par les sciences.

L’approche du sens de sa vie permet d’accéder à une communion réelle avec autrui.

Ce réel, au plus secret de ce qu’on a vécu, au plus intime de ce qu’on est, dont le pressentiment rend présent à soi, est le lieu où peut s’exercer la communion avec autrui : nous nous y retrouvons tous en dépit de nos différences, et même de nos oppositions, si chacun sait s’atteindre en soi et s’y maintenir avec quelque stabilité. »

p. 24/25 « Devenir Soi » “… et rechercher le sens de sa propre Vie”

Marcel Légaut – Éditions du CERF © 2001 (édition originale – 1980 Aubier)

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« Le Gardeur de Troupeaux »*

 



Gueules de loups/mufliers sauvages

(Vers le Pas de l’Escalette, flanc sud du Causse du Larzac)

Lorsque viendra le printemps, si je suis déjà mort, les fleurs fleuriront de la même manière et les arbres ne seront pas moins verts qu’au printemps passé. La réalité n’a pas besoin de moi.

Jonquilles aux sources de la Dourbie (Mt Aïgoual en Cévennes)



J’éprouve une joie énorme à la pensée que ma mort n’a aucune importance.

Si je savais que demain je dois mourir et que le printemps est pour après-demain, je serais content de ce qu’il soit pour après-demain. Si c’est là son temps, quand viendrait-il sinon en son temps ?

Cascades de l’Hérault (Mt Aïgoual)



J’aime que tout soit réel et que tout soit précis ; et je l’aime parce qu’il en serait ainsi, même si je ne l’aimais pas. C’est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content, parce que tout est réel et que tout est précis.

Soucis d’eau (« Mère l’Aïgue » Mt Lozère)

On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil. On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour. Je n’ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai plus avoir de préférences. Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.

iris autochtones, Causse du Larzac vers le Roc du Mérigou



Fernando Pessoa

(extrait, Gallimard)

mains au « Roc du Mérigou » – Causse du Larzac

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* Le gardeur de troupeaux est l’œuvre majeure d’Alberto Caeiro, le maître naturaliste des hétéronymes inventés par Fernando Pessoa. Berger imaginaire qui mène le troupeau de ses idées, homme sans grande éducation, ce n’est pas un intellectuel raffiné. Sa poésie est simple et directe, il est le poète des sens, du monde et de la nature, pas de la pensée.

Merci à Sandrine Grillet pour ses relectures attentives et inspirées !

 

 

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