Tony Hillerman, Porteurs-de-peau

Cirque de Navacelles, la Vis

Cirque de Navacelles, la Vis

Il y avait trop du Navajo traditionaliste en lui pour intervenir dans la vie d’un animal sans avoir une raison de le faire. Mais il était curieux. Un animal comme celui-là, élevé et nourri parmi les hommes blancs saurait-il retrouver assez de ses instincts de chasseur pour survivre dans le monde des Navajos ? (13)

J’ai beaucoup pensé à cet épisode où l’on voit Jim Chee s’occuper avec réticence d’une chatte abandonnée qui a élu domicile à proximité de chez lui quand j’ai moi-même hésité à recueillir un poilu dans la même situation aux abords de ma maison. L’attitude du policier navajo m’avait marquée, cette volonté de rendre à la vie naturelle un animal qui avait connu le confort civilisée. Idée à laquelle il renoncera après, remarquons-le, l’avoir très mal nourrie des restes de sa table…

Nous voilà donc avec le tome qui marque la rencontre entre Jim Chee et Joe Leaphorn. Pour l’occasion, nous avons une description physique bien distincte de chacun d’entre eux.

[Jim Chee] Un visage plutôt long et étroit qui complétait un corps plutôt long et étroit : tout en épaules et sans hanches. Le “Navajo de Tuba City” ainsi que plusieurs anthropologues avaient baptisé ce type particulier. Hérédité athabascane pure. Torse haut et long, pelvis étroit, destiné à faire un vieillard maigre. Leaphorn, quant à lui, tombait dans le type “Réserve-aux-Mille-Parcelles”. Représentatif […] d’un mélange gènes sang avec les Indiens pueblos. (55)

C’est la rencontre de deux fouineurs, deux pisteurs hors pair qui se côtoient sans vraiment s’apprécier. Jim Chee est en constante évolution : sur les plans amoureux (Janet Pete débarque en fanfare), social, personnel. Il réfléchit sur son identité, jongle avec les croyances traditionnelles. Il a pleine conscience que ce sont des croyances tout en sachant leur réalité et leur impact dans la vie des gens aussi bien que dans la sienne propre.

La théologie personnelle de Chee concernant la maladie du fantôme et le chindi qui en était cause avait évolué. C’était, comme tous les maux qui menacent le bonheur humain, une question de représentation mentale. (173)

Joe Leaphorn est plus massif, plus rocailleux, plus sceptique. La maladie de sa femme, Emma, le préoccupe.

Dans ce septième épisode, l’environnement de la série est définitivement posé, solide, circonscrit par les quatre montagnes sacrées. Je retrouve mon attachement à ces polars qui ont enrichi mes paysages intérieurs d’endroits où je n’irai probablement jamais mais qui ont un sens profond au niveau symbolique et se sont ancrés dans mon esprit comme des souvenirs.

Cirque de Navacelles - Lézard vert

Cirque de Navacelles – Lézard vert

 

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