Phrases courtes, personnages vides et impersonnels, saynètes sans substance. La surface de nos comportements sociaux lessivés de leurs fondements fraternels est lisse et glaçante comme une patinoire. On glisse, on dérape. La pulsion est reine, mais toujours justifiée par une bien-pensance caméléon. Un consensus moral et culturel est toujours possible au sein des actes les plus sanglants. Pourvu qu’on respecte les codes établis et tacitement acceptés du moule sociétal… Philippe Claudel trace de sa plume un American psycho à la française où Dieu est à vendre. Le roi sans divertissement, l’humain qui sombre dans l’ennui, se cherche des sensations fortes. J’aime quand ça dérape complètement, quand l’auteur saute à pieds joints dans la fourmilière. Les passages vraiment méchants et certaines phrases en épingle à cheveux sont jouissifs. Mais l’arrière-goût est amer et en-dehors d’un shoot d’irrévérence par-ci, par-là, le livre nous laisse sur une béance. Comme un apéro de cacahuètes qui ne serait pas suivi d’un repas.