Younghill Kang, Au pays du matin calme

Younghill Kang, Au pays du matin calme

C’est un récit simple au charme décousu. Les anecdotes se succèdent, dépeignant, entre deux citations de poèmes, le paysage d’une Corée rurale hors du temps, telle qu’elle existait avant l’annexion japonaise de 1910. Peinture et poésie, contemplation de la nature, tiennent une place prépondérante dans l’échelle de valeurs de la communauté. Younghill Kang évoque, à travers les souvenirs de son enfance, les déboires des marieurs à la langue agile, une structure sociale où les hommes et les femmes vivent dans des mondes aussi différents que ceux des chiens et des chats, une culture basée sur la vénération du passé. Enfant lucide au milieu de l’illusion générale d’un monde immuable, il perçoit l’imprégnation grandissante de la culture japonaise et la nécessité de se familiariser avec elle. J’ai admiré son courage quand il prend la décision de décevoir sa famille pour suivre sa voie. L’auteur ne s’étend pas plus qu’il ne faut sur les emprisonnements, les tortures, les remous politiques, ce qui laisse le charme du début intact, comme une continuité poétique perdurant au-delà des déchirements.

Mon père et ma grand-mère avaient choisi au marché les soies, cotonnades et toiles pour remplir les tiroirs. (..) Elles furent envoyées à la fiancée pour la confection de son trousseau. Durant cette période consacrée aux préparatifs, certaines jeunes-filles cousaient les vêtements d’une vie entière et n’avaient plus jamais besoin d’en acheter, la mode ne variant pas durant des centaines d’années. (68)

 

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