Elle se retourna et parcourut du regard les passagers derrière elle : une femme accompagnée d’un petit enfant; deux religieuses en tout point identiques qui lisaient des romans de Tony Hillerman (…) (164)
Le clin d’œil est fort amusant. Référence que la critique s’est empressée de citer. Nous n’avons pourtant point ici la magie des paysages qui enchante les récits du pays navajo. Et pas de bulletins météo. Seul le canyon del Espiritu impose sa présence et s’inscrit irrésistiblement dans notre géographie littéraire. Par ailleurs, là où Tony Hillerman brodait finement entre croyances et rationalisme, sans jamais prendre parti, James D. Doss matérialise allègrement sorcières et fantômes !
Si j’aime cette série c’est pour Daisy Perika, la vieille chamane, si fragile physiquement, qui fait pourtant face aux esprits les plus rebutants, mais souvent en ragognant. Pour le pitukupf, si déconcertant, dont je ne connais pas d’équivalent dans d’autres traditions. Pour Coyote, vieille connaissance. Et pour l’humour décontracté typiquement américain de ses enquêteurs. Le reste, entre western, énigme qui permet assez vite de connaître l’identité du meurtrier si on la saisit au vol, romantisme langoureux, s’avale sans rechigner en guise d’accompagnement.