Anton Tchekhov, Théâtre complet, tome 1

Lozère, lac de Charpal

Aller voir au théâtre une pièce d’Anton Tchekhov est un de ces fantasmes qui me collent à l’âme sans véritable raison, ou alors pour une raison que je ne connais plus moi-même. Le déclic passe, le fantasme reste incrusté. Il est fort peu probable que je le réalise, du moins dans les temps proches à venir, alors je me suis fait en attendant une petite séance de cinéma intérieur.

Je me fait l’effet de vivre dans un cabinet de curiosité, je regarde et je ne comprends rien. (278)

Ennui, désarroi, désœuvrement, sentiment d’insignifiance, les personnages de ces pièces s’efforcent de meubler le temps et l’espace comme ils peuvent. On se traite d’esturgeon, de troglodyte, on se lance : vous avez moins d’oreille qu’une carpe farcie. Ça ne manque pas d’un humour désabusé, d’un sens décalé du dérisoire.

Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des étoiles au ciel… Il faut savoir pourquoi l’on vit, ou alors tout n’est que balivernes et foutaises. (431)

Quand bien même certains aspirent à la liberté, à un vaste horizon ou à une satisfaction intérieure, Anton Tchekhov ne leur apporte pas de réponse. L’ambiance reste flottante, parfois secouée d’un coup de feu mortel, qui ne répond pas plus au mystère de l’existence que le vacuité de la pensée. Je me suis sentie à mon aise dans ces salons et ces jardins, partageant cette interrogation sur le vivant et son absence de résolution. Pour y pallier, allons-nous décider de boire, aimer, nous supprimer, philosopher ou de franchement et consciemment contempler le vide ?

Lac d’Issarlès – Balbuzard pêcheur

Lac d’Issarlès – Batracien

Lac de Charpal – Morio

 

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