Nicole Lombard, Loin des vendanges

Cirque de Navacelles - Nicole Lombard, Loin des vendanges

Cirque de Navacelles, la Vis

Comment voulez-vous que m’impressionnent les grands de ce monde et leur suite, quand il m’est donné de fréquenter, avec le plus parfait naturel, la cour du roi Arthur ? (123)

Partie en vadrouille au fond du cirque de Navacelles, c’est sur toile de rivière sauvage que j’ai tourné les premières pages de ces vendanges. Emballées par le grand air, elles se sont ensuite refusées à moi en intérieur. Pas moyen de les approcher pour une dégustation sur canapé dans la maison, une connexion tout juste consentie au jardin (où trône tout de même une belle et vieille vigne). J’ai d’ailleurs remarqué à cette occasion que les petits oiseaux et autres chats farouches s’approchaient de la lectrice concentrée comme d’un être inanimé, sursautant tous de concert et s’éparpillant au moindre signe de vie.

Un début rond (comme une barrique), sucré, enrobé, doux comme le raisin, d’une écriture malicieusement désuète et chantournée, presque du roman régional de quatre sous, qui prend ensuite son envol en une constellation d’évocations, plumes au vent. On pourrait les croire un instant en roue libre, mais elles se croisent et s’accoquinent, ouvrant un univers. Si les souvenirs personnels s’égrènent, c’est avec une mémoire plus vaste qu’ils trouvent résonance, celle des jardins, des vignes et des tonnelles. J’ai mis presque un mois à parcourir ces 158 pages écrit gros, goûtant l’atmosphère, faisant durer exprès la dernière goutte d’ivresse au fond du ballon. Je n’ai d’ailleurs même pas songé, durant tout ce temps, à accompagner ma lecture d’un véritable verre de vin, tant le goûteux en était palpable.

Car aussi bien qu’on distingue, en histoire, un temps court et un temps long, il y a une vraie différence entre une ivresse courte et une ivresse longue. Celle-ci étant, bien entendu, la seule qui vaille. Et qui peut s’emparer de vous du fait d’un cru mémorable, d’une histoire d’amour, ou du vin des livres. (122)

La Vis

La Vis

 

Les gens de par ici – et d’autres terroirs aussi – massacrent les paysages à coups de remembrement, de déboisement, d’écobuages et d’épandages, mais parlez-leur d’éoliennes, les voilà tous reconvertis en défenseurs de l’environnement. (116)

 

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