N’aurait-on point le droit d’avertir la police, si le libraire persistait quand même dans son métier d’empoisonneur ? (138)
Moi qui n’avait point goûté la froideur des Trois contes et pas plus l’exubérance de Salammbô, moi qui ne m’acheminait vers cette madame Bovary que par acquis de conscience culturelle, voilà que je me suis éclatée ! Mais vraiment… ! Oh l’écriture ! Oh la justesse psychologique ! Indécision, aigreurs, frustration, vulnérabilité face aux prédateurs, la palette est si riche qu’on y trouve forcément des traits personnels, des caractères connus. La reine des illusions n’a pas pris une ride. Mal affermie dans sa vie, elle se débat avec la réalité, l’esquive, le nie, la détourne avec une énergie dont les flux sont loin d’être taris de nos jours – bien au contraire ! Le réalisme cher à Gustave offre à ses personnages une existence qui pourrait être celle de mes voisins.
Une vie de lectrice recèle ceci de merveilleux qu’on peut multiplier les coups de foudre, tomber amoureuse régulièrement, voire même tous les jours, sans que cela n’entraîne le moindre désagrément, la moindre complication relationnelle. Contrairement à celle de cette pauvre Emma, de l’autre côté des pages…